Étonnant, le château de Saumur : de loin, on le dirait en suspension dans l’air, ou du moins, pris dans une sorte de lévitation qui l’absout de toutes les pesanteurs terrestres. Construit, détruit, reconstruit, détruit de nouveau, l’édifice a tourné les pages turbulentes de son histoire jusqu’à la fin du XIVe
siècle où le duc d’Anjou lui donne son assise actuelle. Tel il fut dessiné dans les riches heures du duc de Berry, tel vous pouvez l’admirer aujourd’hui. Il eut même l’allure d’un vrai château de conte de fées au début du XVe siècle : ses toits étaient recouverts d’or ! Il est fortifié au XVIe siècle par Duplessy-Mornay, juriste et diplomate surnommé le « pape des huguenots ».Le château devient ensuite la résidence des gouverneurs de Saumur sous Louis XIV et Louis XV. Depuis, il a servi de prison et de caserne. Aujourd’hui, il abrite deux musées : celui des Arts décoratifs, et celui du cheval, musées hélas fermés depuis la nuit du 20 au 21 avril 2001, lorsque s’est effondré le rempart nord. Ils seront de nouveau ouverts en 2006 ou 2007, et vous pourrez alors emprunter l’escalier à double révolution situé dans la tour nord, datant du XIVe
siècle, et qui vous conduira près des toits d’où vous découvrirez un paysage à couper le souffle. Notez déjà cela dans votre agenda…Feuilletez Tintin, la bande dessinée qui met en scène le reporter en pantalon de golf imaginé par Georges Rémi, dit Hergé (R.G., ses initiales) ; voyez-vous le château de Moulinsart ? Eh bien, c’est Cheverny sans ailes ! Hergé s’est en effet inspiré du château de Cheverny afin de constituer à l’un de ses personnages, le capitaine Haddock, un héritage qui lui vient de son ancêtre récompensé par Louis XIV ! Le nom, Moulinsart, vient de l’inversion des syllabes d’un village du Brabant wallon : Sart-Moulin. Le château de Cheverny, situé à quinze kilomètres de Blois, dans le Loir-et-Cher, a été bâti entre 1624 et 1634 par le comte Hurault dont la famille est établie à Cheverny, sans discontinuer, depuis 1338 !
Il est construit en pierre de Bourré dont la propriété est de blanchir avec le temps, ses toits sont en ardoise. La Grande Mademoiselle, cousine de Louis XIV, l’appelait « le Palais enchanté ». À l’époque où il fut construit, on s’efforçait de montrer que la guerre était loin, et qu’on avait confiance en la paix en ne construisant pas de remparts ! Cette pure merveille dont l’intérieur vous éblouira – sculptures, marbres, lambris polychromes, dorures, meubles somptueux, tableaux rares – comporte une exposition permanente des aventures de Tintin : « Les secrets de Moulinsart ». Elle est présentée dans l’ancienne forge du château.
Le château de Blois est une encyclopédie de l’histoire en quatre tomes… Bâti sur un promontoire au-dessus de la Loire, dans le Loir-et-Cher, il est d’abord habité par les comtes de Blois dont le dernier vend à Louis d’Orléans tous ses domaines. Celui-ci est assassiné à Paris sur l’ordre de Jean sans Peur. Sa veuve, Valentine Visconti, vient se retirer dans la propriété de son feu mari où elle meurt deux ans plus tard, ayant logé son chagrin dans cette devise d’amertume gravée sur les murs : « Rien ne m’est plus, plus ne m’est rien. » Charles d’Orléans, revenu en France en 1440, après avoir été prisonnier en Angleterre, y tient sa cour où il reçoit Villon, et s’y remarie avec Marie de Clèves – elle a quatorze ans, il en a cinquante !
Louis XII, leur fils, successeur de Charles VIII dans le cœur des Français et dans celui d’Anne de Bretagne, choisit Blois pour résidence royale. Louis et Anne en profitent pour transformer le château, l’agrandir et l’embellir. Puis, François Ier
y séjourne ; il y fait construire la façade des Loges, en 1515, et son escalier. En 1588, Henri de Guise qui espérait devenir roi de France y est assassiné sur l’ordre du… roi de France Henri III (qui sera assassiné l’année suivante !). Marie de Médicis, mère de Louis XIII qui l’y avait fait enfermer, s’en évade par une échelle le 22 février 1619, malgré un terrible vertige ! Gaston d’Orléans, membre actif de la Fronde contre Mazarin, y meurt en 1660.Chapitre 28
Les dix grands inventeurs français