Après avoir ravagé la Bretagne révoltée, Louis Ier
le Pieux se dit qu’il lui faut aussi doter son petit Charles – c’est Judith qui le lui souffle. Il lui donne donc plusieurs États appartenant à Lothaire qui se fâche. Louis lui supprime ses diplômes impériaux ! Mais bientôt, ce sont Pépin, roi d’Aquitaine, et Louis le Germanique qui se lient à Lothaire afin de déshériter Charles. Louis manœuvre habilement et parvient à faire s’unir, en étendant leurs possessions, deux de ses fils – Pépin et Louis le Germanique – contre le troisième, Lothaire. En 831, donc, nouveau partage de l’Empire. Pépin et Louis ne sont pas contents, ce qui leur avait été promis ne leur revient pas. Vexé, Louis Ier donne alors tout au petit Charles et fait emprisonner Pépin. Pépin s’évade. Il rejoint Louis et Lothaire. On sent que tout cela va mal finir.Tout cela finit mal, en effet : le 24 juin 833, deux armées se font face entre Colmar et Bâle, celle de Louis Ier
et, en face, celle de ses fils ! Le 30 juin, après de nombreuses tractations, Louis le Pieux est mis en accusation publique : on lui reproche d’avoir, par ses hésitations, son indécision, transformé l’empire de son père en « sujet de tristesse et de dérision ». Il est immédiatement destitué. Transféré comme un prisonnier au monastère de Saint-Médard à Soissons, il doit remettre sur l’autel son épée, se déshabiller et revêtir l’habit de pénitent !Lothaire retrouve ses diplômes impériaux, il triomphe : il se voit déjà empereur comme son père et son grand-père ! Pas pour longtemps : en 834, Pépin et Louis le Germanique se disent que, finalement, le retour de leur père serait la meilleure solution. Lothaire les a devancés : il est allé chercher, dans le monastère de Saint-Médard, papa Louis Ier
. Mais il se fait attaquer par ses frères qui le lui prennent et le rétablissent dans sa fonction. Lothaire est envoyé en Italie. Quatre années passent, les passions s’apaisent, et Pépin meurt, le 13 décembre 838. Charles, le chouchou de Louis le Pieux – et de sa mère Judith – est de mieux en mieux loti par son père.En 839, l’Empire est encore divisé : Lothaire, revenu d’Italie sur la proposition de son père, hérite de tout l’Est, Charles de tout l’Ouest. Louis le Germanique ne conserve que la Bavière. Pas content, Louis le Germanique ! Il réunit son armée et tente de reprendre par la force ce qui lui a été enlevé. On s’achemine vers une guerre des Louis, mais elle n’aura pas lieu : Louis Ier
le Pieux, le débonnaire, rend son dernier soupir le 22 juin 840, en envoyant à son fils Lothaire un message où il lui demande de laisser à Charles la part qu’il lui a réservée.Vous l’ignoriez peut-être : la langue française, celle dont vous vous servez quotidiennement en espérant qu’elle ne vous trahisse jamais, est née d’une promesse de fidélité… Et l’année suivante, son berceau trouvait son nom définitif : la France !
Évidemment, Lothaire refuse de céder à Charles (Charles II, le Chauve) ce qu’il considère sa propriété depuis le partage de 817. Louis le Germanique revendique l’héritage de 831. Charles veut entrer en possession des terres que son père lui a confiées et que Lothaire veut garder. Quelle famille ! Face aux refus répétés de Lothaire, Louis le germanique et Charles décident de s’allier, et c’est reparti pour une guerre ! Le 24 juin 841, Louis et Charles battent Lothaire à Fontenay-en Puisaye près d’Auxerre. La bataille fait 50 000 morts ! Lothaire contre-attaque, harcèle ses frères qui vont prendre une décision : se prêter un serment de fidélité et d’assistance mutuelle.