Philippe se domine – pas pour longtemps –, la ville d’Acre résiste, Philippe et Richard s’opposent violemment, se calment, recommencent leurs querelles, et cela dure trois mois, jusqu’au 13 juillet 1191 où la ville tombe enfin aux mains des croisés. Mais qui est le vainqueur dans l’esprit de tous ? C’est Richard ! Et qui passe pour le poltron de service, celui qui n’a que mollement participé aux assauts ? C’est Philippe ! Bien, puisque c’est comme ça, il s’en va, Philippe ! Et pour quelle raison ? Parce qu’il a été prévenu qu’un de ses fils est très malade, il souffre de la suette qui est une forme de fièvre typhoïde. En réalité, Philippe a d’autres idées derrière la tête… Il arrive à Paris le 27 décembre.
Le roi Philippe Auguste rapporte une triste nouvelle dans son royaume : Philippe d’Alsace, le comte de Flandres, est mort sous les remparts de Saint-Jean-d’Acre le 1er
juillet ! Triste nouvelle, certes, mais qui finalement arrange ses affaires et le détermine dans une politique qu’il ne va cesser de pratiquer. En effet, il va récupérer au plus vite, à son profit, les terres de Philippe d’Alsace – l’héritage flamand. De plus, de nombreux ducs, comtes et princes étant morts en Terre Sainte, il va profiter de cette vacance des responsables souvent turbulents ou menaçants pour asseoir son autorité et commencer une centralisation qui ne cessera plus.Richard en fait trop ! Richard en a trop fait. Lors du siège de Saint-Jean d’Acre, il n’a pas supporté que Léopold, le duc d’Autriche, tente de lui ravir la vedette, en se vantant d’exploits plus imaginaires que réels ! Richard, en colère, s’est même saisi de la bannière du duc, et l’a jetée dans le fossé. Humiliation suprême pour Léopold qui va attendre son heure pour se venger. Ce qui arrive le 20 décembre 1192, lors du retour de Richard qui met le pied sur les terres de Léopold pour rentrer en Angleterre. Immédiatement, le duc le kidnappe et le fait emprisonner d’abord dans un cul de basse fosse, comme un vulgaire bandit, puis il le fait transférer sur les terres de l’empereur Henri VI qui installe le prisonnier dans une haute tour.
Philippe Auguste s’en frotte les mains ! Il s’empresse de conquérir la Normandie, propriété de Richard. De plus, il conseille à Henri VI – fils de l’empereur germanique Frédéric Barberousse qui s’est noyé en Turquie – de garder son prisonnier indéfiniment ! Mais Henri VI a déjà fixé une rançon énorme pour qui pourrait la payer et obtenir la libération de Richard. Et qui donc va réussir à rassembler cette rançon ? Aliénor la mère aimante et passionnée ! Oui, Aliénor, encore là, qui emporte elle-même les 100 000 marcs d’argent à Mayence. Et le 2 février 1194, Richard sort de sa prison.
Baillis et sénéchaux
Philippe Auguste est un organisateur exceptionnel. Il décide de s’adjoindre des hommes de grande qualité dont la rigueur dans la gestion et dans l’application de ses décisions sera irréprochable. Ces hommes qu’il envoie à travers le royaume sont appelés des