Les années passent. La belle Aliénor ne trouve pas le bonheur auprès d’un époux toujours en quête d’aventures guerrières, et d’autres aventures… Pourtant, elle lui donne huit enfants dont deux garçons qui deviendront Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre. Un jour, Aliénor apprend ce dont elle se doutait : Henri la trompe avec la belle Rosemonde – qui meurt mystérieusement empoisonnée. Aliénor se retire à Poitiers où elle s’entoure de poètes, dont Bernard de Ventadour. Elle pousse ses fils à se révolter contre leur père, mais celui-ci la fait enlever et l’enferme de longues années dans l’abbaye de Winchester. Elle n’en est libérée qu’en 1189, à la mort d’Henri II, par son fils Richard Cœur de Lion. En 1200, elle se retire de la vie et des affaires. À l’abbaye de Fontevraud, un soir de mars 1204, la nuit semble s’installer pour l’éternité. Dans les couloirs on marche à pas feutrés. On se répète sans y croire : Aliénor d’Aquitaine vient de mourir. Cela fait 800 ans. Huit cents ans qu’elle vit dans nos mémoires.
La genèse des genêts
Plantagenêt ! Quel drôle de nom. La dynastie anglaise des Plantagenêts tient sa dénomination de Geoffroi d’Anjou, père d’Henri II, qui avait l’habitude de piquer dans son chapeau, une branche de genêt. Et qui était Heni II Plantagenêt ? C’était l’arrière-petit-fils de Guillaume le Conquérant. Tout simplement !
La France au début du règne de Philippe Auguste
Il s’est bien fait attendre, Philippe Auguste ! Son père Louis VII, avec Aliénor d’Aquitaine, n’avait eu que des filles ; avec sa deuxième épouse aussi ! Il a fallu attendre le deuxième enfant de sa troisième femme pour que naisse enfin un garçon. Et quel garçon ! Sous le nom de Philippe II – que son biographe transformera plus tard en Philippe Auguste. Philippe II va régner quarante-trois ans, remporter des victoires déterminantes, participer à des croisades, celle par exemple où il doit se battre aux côtés du fils d’Aliénor d’Aquitaine et d’Henri II Plantagenêt, Richard Cœur de Lion.
La troisième croisade (1189 - 1192) est celle de la contre-offensive musulmane, avec Saladin. Dans un premier temps, c’est un désastre pour Guy de Lusignan, le Français devenu roi de Jérusalem. Ayant lancé ses troupes vers Tibériade, il est encerclé et fait prisonnier avec tous ses combattants. Le 2 octobre 1187, Jérusalem est reprise par Saladin. La nouvelle se répand en Europe : une nouvelle armée de croisés est levée, conduite par Philippe Auguste, Richard Cœur de Lion et l’empereur germanique Frédéric III, dit Barberousse.
La mort de l’empereur germanique
L’empereur germanique Frédéric Barberousse s’est joint à la troisième croisade. À la tête de son armée qui doit rejoindre celle de Philippe et Richard, il gagne le sud de l’Asie Mineure – la Turquie –, fait halte en Cilicie. Le 10 juin 1190, par une chaleur torride, il décide de se baigner dans un torrent glacé, et s’y noie. Son armée désemparée se disperse. Il ne reste donc que Richard et Philippe, qui ont choisi de se rendre en Terre Sainte par la mer.
L’entente n’est pas bonne entre les deux rois. Aussitôt qu’ils se rencontrent, ils se querellent violemment. Pourquoi ? Parce que deux ans plus tôt, Philippe Auguste avait apporté son soutien à Richard Cœur de Lion dans sa lutte contre son propre père, Henri II Plantagenêt. Mais, immédiatement après avoir été couronné roi d’Angleterre, Richard s’était retourné contre la France. Aussi, pour éviter sans doute d’en venir aux mains – ce qui, pour deux rois, fait désordre – ils décident de faire bateau à part. Philippe Auguste embarque à Gênes, Richard Cœur de Lion à Marseille. Ils se retrouvent, pour se quereller de plus belle, en Sicile.