Ce sadique de D’Amato a dit qu’il rappellerait ce soir. C’est ce que j’aurais fait aussi, rien demander, pas de rançon, juste laisser supposer les pires horreurs. Mais nous, on ne va pas attendre que l’autre dingue daigne se manifester. Faut réagir dans l’heure et si possible le coincer avant la fin de la nuit. On peut être sûrs que Joey n’a pas parcouru des kilomètres avec Karen dans son coffre et qu’il a une planque dans le coin. Il a opéré seul, parce que personne ne serait assez fou pour le suivre dans une vengeance personnelle contre un agent fédéral. Mais là où il a besoin d’un coup de main, c’est pour s’aménager une porte de sortie quelle que soit l’issue de ce kidnapping, et seul un gars comme Rick Bondek de Miami peut la lui dénicher.
— Qui ? demande Tom comme s’il se réveillait d’un coup.
Évidemment que ça ne lui dit rien, Rick Bondek est inconnu des services de police, c’est même pour ça qu’il est surtout connu des services de LCN, un type pas connecté du tout, non traçable, jamais fiché. Un petit passeur de cocaïne qui travaille pour son propre compte en plus de son job au service des immatriculations fluviales de Miami. À l’époque, avec sa femme, il avait mis au point une combine qu’il gardait pour lui. Jamais plus de deux kilos à la fois. Mais il lui était impossible de revendre sur place et il s’était donc associé avec Joey qui écoulait par ses réseaux à New York. Joey D’Amato me l’avait présenté une fois pour passer un des nôtres en Colombie et lui trouver sur place de nouveaux contacts. Ça nous avait coûté un max, mais ça avait marché.
— C’était une des cartouches que je vous réservais pour l’année prochaine, Tom, il faisait partie des petits veinards que j’allais vous livrer sur un plateau.
Le temps d’appeler le Bureau, Tom est redevenu le capitaine Quintiliani. Il a demandé une vérification de routine et en moins que rien ils ont localisé Rick et Martha Bondek sur South Beach, avec la liste de leurs trente derniers coups de fil reçus. L’un d’eux venait d’un petit motel situé sur la route de Woodville, à vingt miles de Tallahassee.
— Guidez-moi, je préfère prendre le volant, j’ai dit à Tom.