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Et pourtant le soleil ne cache pas le Dismal Swamp de Virginie, ni la campagne maudite de Rome, ni l’immense Sahara, ni les millions de milles de déserts et de douleurs du monde. Le soleil ne dissimule pas l’Océan qui est le côté sombre de cette terre dont il couvre les deux tiers, Aussi l’homme mortel qui a en lui plus de joie que de souffrance ne peut pas être vrai, ou il est insincère ou il n’a pas atteint sa plénitude. Il en va de même des livres. Le plus vrai d’entre les hommes fut l’Homme de Douleurs, le plus vrai de tous les livres est celui de Salomon et l’Ecclésiaste est l’acier le plus beau et le mieux trempé de la souffrance. Tout est vanité. Tout! Ce monde obstiné n’a pas encore conquis la sagesse de Salomon, le non-chrétien. Mais celui qui esquive les hôpitaux et les prisons, celui qui se hâte à travers les cimetières et préfère parler opéras qu’enfer, taxe Cowper, Young, Pascal, Rousseau de pauvres diables de malades et passe sa vie insouciante à jurer par l’éphémère sagesse de Rabelais et par sa gaillardise, celui-là n’est pas digne de s’asseoir sur les pierres tombales et d’ouvrir la terre végétale humide et verte des abîmes de l’admirable Salomon.


Mais Salomon lui-même dit: «Celui qui abandonne les chemins de la droiture, sa route conduit chez les trépassés» et cela signifie qu’il sera un mort dans la vie. Dès lors ne t’abandonne pas au feu, de crainte qu’il ne te détourne et ne te prive momentanément de vie, comme il le fit pour moi. Il est une sagesse qui est souffrance; mais il est une souffrance qui est folie. Un aigle de Catskill peut aussi bien plonger dans les gorges ténébreuses de certaines âmes que devenir invisible lorsqu’il en rejaillit à nouveau dans la lumière de l’espace. Et quand bien même il volerait à jamais dans ces gorges, il n’est pas de gorges qu’à l’altitude, de sorte que cet aigle des sommets volera toujours plus haut que les oiseaux des plaines, si haut qu’ils planent.

CHAPITRE XCVII La lampe

Si quittant les fourneaux du Péquod, vous étiez descendu au gaillard d’avant, où dormait la bordée libre de quart, vous auriez pu un instant vous croire dans la chapelle de quelque saint roi ou conseiller. Ils gisaient là, entre les parois de chêne de leurs caveaux triangulaires, le ciseau du silence sculptant chaque visage, le feu d’une vingtaine de lampes sur leurs yeux clos.


À bord des navires marchands, l’huile est pour le matelot plus précieuse que le lait des reines. Se vêtir dans l’obscurité, manger dans l’obscurité et trébucher jusqu’à sa paillasse dans l’obscurité, tel est son lot habituel. Mais le baleinier vit dans la lumière comme il cherche l’aliment de la lumière. Il fait de sa couchette une lampe d’Aladin où s’étendre de sorte que, dans la plus profonde nuit, les fonds du navire sont toujours illuminés.


Voyez avec quelle entière liberté le baleinier apporte sa poignée de lampes – souvent rien de plus que de vieilles bouteilles et fioles – au rafraîchisseur de cuivre des fourneaux et les y remplit comme un pichet de bière à la cuve. L’huile qu’il brûle est aussi la plus pure, non traitée, à son état vierge, liquide inconnu des lampes solaires, lunaires ou astrales, à terre. Elle est douce comme le premier beurre de l’herbe d’avril. Il part chasser son huile pour être sûr de sa pureté et de son authenticité, comme le voyageur poursuit dans la prairie le gibier de son souper.

CHAPITRE XCVIII Arrimage et nettoyage

Nous avons déjà raconté comment le grand léviathan est signalé à distance de la pointe des mâts, comment il est poursuivi sur les landes marines et mis à mort dans les vallées des profondeurs, comment il est remorqué au flanc du navire, puis déjointé, et comment (selon le principe qui accordait au bourreau de jadis les vêtements que portait le condamné au moment de sa mort) son grand pardessus feutré devient propriété de son exécuteur, comment, en temps voulu, il est voué aux chaudières et comment, tels Shadrak, Méshak et Abed Nego, ses os, son huile, son spermaceti traversent indemnes le feu. Il reste maintenant à terminer ces descriptions par un chapitre racontant, chantant si possible, le pittoresque transvasement de l’huile dans les barriques et leur arrimage dans la cale où le léviathan retourne à ses profondeur natales, glissant à nouveau sous la surface de la mer comme autrefois, mais hélas pour ne plus jamais remonter ni souffler.


Pendant qu’elle est encore chaude, l’huile, telle un punch brûlant, est mise en fûts de six barils et, pendant que peut-être le navire roule et tangue sur la mer nocturne, les barriques énormes font des tête-à-queue et parfois détalent dangereusement sur le pont glissant comme autant d’éboulements, jusqu’à ce qu’enfin des mains immobilisent leur course, et que sur les cercles retentissent autant de marteaux qu’il s’en trouve, car pour l’instant tout matelot est tonnelier.


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