— Tu veux savoir quoi, Tony ?
Rien, je lui réponds. Mais quel con ! Je ne veux rien savoir. Je fais comme. Je me drape. Je fais le malin. Rien, c’est ton secret, Tyrone Meehan. Je te respecte, malgré tous et malgré tout cela. Savoir, moi ? Mais tu n’y penses pas Tyrone Meehan ! Je ne suis pas de cette race. Savoir quoi ? Pourquoi tu as fait ça ? Moi, savoir ça ? Certainement pas ? Peu m’importe. C’est fait. Cela aurait très bien pu m’arriver aussi. Nous avons tous un petit Gypo Nolan dans le cul, Tyrone Meehan. Si je suis venu, c’est pour savoir ce que tu pensais vraiment de moi pendant toutes ces années. De moi, Tyrone Meehan. Est-ce que j’étais vraiment ton ami ? Dis-moi ? Tu m’aimais ? Tu ne m’as pas trahi, moi ? Rassure-moi, Tyrone. Trahir ta femme, ton fils, ton pays, ton honneur, ta liberté oui, mais pas moi, dis ! Tyrone Meehan ! Tu n’es pas mon traître, n’est-ce pas ? Dis-moi qu’il nous reste au moins ça ? Dis-le-moi, Tyrone Meehan !
Au
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Dans le film, Gypo Nolan le mouchard s’est échappé. Un homme de TIRA le retrouve. Il a un chapeau mou, un imperméable sanglé. Il tient un Lùger en main. Son regard dit la mort. Il tire quatre fois.
Gráinne O’Doyle
Je savais. Une douleur à la poitrine au lever, et aussi dans les épaules. Le 6 avril 2007, mon téléphone a sonné vers onze heures. Une voix que je connaissais, à la fois métallique et grave. Je n’avais pas revu le père Byrne depuis la cathédrale Saint-Pierre. Au téléphone, il m’a appelé Antoine. Il aimait bien ce prénom. Il m’a expliqué que saint Antoine était le patron des prisonniers, des naufragés et que Meehan était tout cela à la fois.
— Tyrone est mort, Antoine.