Читаем Mon traître полностью

L’enfant de chœur est monté dans la voiture du curé. Nous avons redescendu Falls Road à pied, sous le vent. A la maison, deux jeunes filles avaient préparé les toasts et le thé. Nous avons bu le thé, mangé les toasts. Jack a tiré la table, pour qu’elle reprenne sa place au milieu du salon. Sheila m’a demandé quand je repartais.

— Demain après-midi, j’ai répondu.

Jack a épingle un easter Lily sur ma veste. Il y avait une soirée au Thomas Ashe. Il m’a dit que je pouvais l’accompagner. Je me suis assis par terre. Je n’étais pas triste. C’est comme si tout cela avait eu lieu bien avant. Tyrone était mort depuis des années. Lorsque je l’ai connu, il était mort. C’est un mort qui m’a appris à pisser. Il était mort lorsque nous ramassions du bois. C’était un mort debout, un mort déjà. Je me suis dit que nous venions simplement de le mettre en terre. Que nous avions déplacé un corps froid, de la vie à Tailleurs. Je n’étais pas triste de lui. Je n’étais pas triste de nous. J’étais triste de moi. Triste de n’avoir rien vu, rien entendu, rien senti. J’étais triste de ma somnolence, triste de mon affection, triste de mes cet titudes. J’étais triste de chacun de mes gestes pour lui J’étais triste aussi pour Sheila et pour Jack. Et trilti pour l’Irlande, triste pour mon grand homme a i i il rond. Triste de la pluie qui s’est mise à tomber, triste des brumes sur les collines, triste du soir qui tombait en voiles gris. Aussi, j’étais en colère. En colère de ce qu’il nous avait fait. En colère parce qu’il nous obligeait à être là, les uns contre les autres avec le froid au ventre et la stupeur. J’étais en colère parce qu’il faisait couler nos larmes. Parce qu’il nous avait trompés, malmenés, abîmés. J’étais en deuil. Il me faudrait maintenant vivre avec un silence de moi, et un silence de lui.

Dans le hall du club républicain, après la porte grillagée et les caméras de surveillance, un homme était attablé devant un cahier noir. Lorsque nous sommes entrés, il s’est levé. Il a serré la main de Jack en lui demandant si ça allait. Jack a dit oui. Il a inscrit son nom et le mien dans la colonne des visiteurs.

— Et la cérémonie ? a demandé le républicain.

— Familiale, a répondu Jack.

Nous sommes arrivés dans la salle. Il était plus de 21 heures. C’était plein. La table ronde, près de la porte, était occupée par des femmes en robe de printemps qui buvaient un rhum noyé de Cola. J’ai souri. Un instant, j’y ai revu Jim, Cathy et moi. Il riait par-dessus les rires, elle finissait les verres des autres, et moi je tremblais au bonheur d’être là. Jack m’a demandé d’attendre contre le mur. Il a creusé son sillon jusqu’au bar, s’excusant, bras tendus pour fendre le nombre. Il a commandé une Guinness pour moi, une Harp pour lui. Il est revenu en observant les tables. Tout au fond, près de la scène, cinq hommes, serrés devant leurs bières. Je connaissais l’un d’eux. Il s’appelait Mike O’Doyle. Tyrone me l’avait présenté un jour de Pâques, au début de mon voyage irlandais. O’Doyle nous a vus. Il a levé le bras. Jack a répondu. O’Doyle lui a fait signe de venir à la table. Jack a hésité. Je l’ai vu mordre sa lèvre. Il m’a regardé. Il avait l’air soucieux. Il m’a quand même demandé de le suivre. A notre approche, d’un mot, O’Doyle a fait se lever deux gars qui buvaient avec lui. Ils ont pris leurs bières et sont allés s’asseoir à une autre table. Mike s’est soulevé. Il a serré la main de Jack et a pris la mienne.

— On se connaît, Tony, a dit Mike O’Doyle en souriant.

J’ai hoché la tête. Il m’a fait prendre place, entre un type au nez cassé et un gars très mince, visage lacéré. Jack n’était pas à l’aise. Il parlait avec l’ancien prisonnier au nez cassé. Je regardais ma bière et tous les ronds mouillés qui tachaient la table.

— Nous sommes sincèrement désolés pour ton père, a dit O’Doyle.

Jack a levé les yeux.

« Nous n’avons aucun lien avec la mort de M. Meehan », avait indiqué l’IRA le jour même de l’assassinat de Tyrone.

— Comment va Sheila ?

— Elle n’a pas encore réalisé.

— Et toi, ça va aller ?

— Nous allons être obligés de vendre la maison.

Mike O’Doyle a eu une moue pensive. Les deux autres gars ne disaient rien.

— Qui a pu faire ça ? j’ai demandé.

O’Doyle m’a regardé en souriant. Il a haussé les épaules en portant son verre à ses lèvres.

— Tout le monde peut tirer une cartouche de chasse sur un homme désarmé.

— C’est qui, tout le monde ?

— Tony ! a murmuré Jack.

— Laisse Meehan, il a raison de demander, a répondu O’Doyle.

Le républicain m’a observé encore. Je ne baissais pas les yeux. Il a regardé ses deux amis, la salle qui dansait sur un air de disco. Il a demandé à Nez cassé d’aller chercher des bières. Il parlait bas.

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