Читаем Napoléon. L'empereur des rois полностью

Je connais la cruauté, la bassesse, la lâcheté de ces regards. Joséphine cache sous son voile ses paupières gonflées et ses yeux rougis. Et ils se repaissent tous de sa souffrance.

Sa tristesse et son désespoir me sont insupportables. C'est comme s'ils étaient le prix de ma victoire. Quand je la vois, la douleur m'étreint. Les larmes viennent à mes yeux. Faut-il toujours que quelqu'un meure pour que je triomphe ?

Il pense au corps pantelant du maréchal Lannes sur le champ de bataille d'Essling. Il regarde Joséphine. Elle est comme un soldat qui fait face.

Elle est assise près de lui dans la grande salle des Victoires à l'Hôtel de Ville, lors du banquet donné en l'honneur des rois. Elle est dans la loge du Corps législatif, quand, le mardi 5 décembre, il monte à la tribune.

Il commence à parler. Les mots l'entraînent. Il ne la voit plus.

« Français, vous avez la force et l'énergie de l'Hercule des Anciens ! dit-il. Trois mois ont vu naître et terminer cette quatrième guerre punique... Lorsque je me montrerai au-delà des Pyrénées, le léopard épouvanté cherchera l'océan pour éviter la honte, la défaite et la mort. Le triomphe de mes armées sera le triomphe du génie du bien sur celui du mal ; de la modération, de l'ordre, de la morale sur la guerre civile, l'anarchie et les passions malfaisantes. »

On l'acclame.

Il prend la main de Joséphine. Après l'éclat du triomphe, c'est la douleur du blessé. Elle rentre à la Malmaison. Il chuchote :

- Je désire te savoir gaie. Je viendrai te voir dans la semaine.

Elle n'est plus là et il souffre déjà de son absence. Elle était dans sa vie depuis si longtemps.

Il travaille pour la chasser de son esprit. Il doit, maintenant que le divorce est décidé, que l'avenir lui apportera un fils...

Il s'interrompt. Marie Walewska lui a écrit de son château de Walewice. Sa grossesse se poursuit. L'enfant naîtra au printemps, en avril ou en mai. Elle le sent déjà, dit-elle. Elle est sûre que ce sera un garçon.

... Un fils.

Quand enfin il aura un fils légitime, il faudra que l'Empire qu'il lui lègue soit d'un seul tenant.

« Je veux manger la Hollande, dit-il, qu'elle soit française. Paris sera la capitale spirituelle de l'Empire, la capitale de mon fils à naître. Rome sera la deuxième ville de l'Empire, ville française, et mon fils sera roi de Rome. Toutes les institutions de l'Église, ses archives, seront à Paris. Et le pape, dépouillé de ses pouvoirs temporels. »

Il voit ce grand Empire s'étendant de la Hollande à la Catalogne. « Je serai sous peu en Espagne », dit-il à Berthier. Mais ce n'est pas pour Joseph qu'il combattra, c'est pour lui, pour ce fils qui devra aussi régner au nord de l'Èbre, comme il régnera à Rome. Et autour de l'Empire viendront, comme un immense glacis, s'agglomérer les États de la Confédération du Rhin, les royaumes de Naples et d'Espagne, et, plus à l'est, le grand-duché de Varsovie.

Les heures passent. Il marche dans son cabinet de travail, propose des décrets de rattachement de Rome à la France, écrit aux généraux commandant en Espagne.

Il lui fallait ce fils pour qu'enfin tous les efforts qu'il a accomplis, les victoires qu'il a remportées, s'ajoutent et changent les destinées de l'Europe.

Ce fils sera, avec lui, grâce à lui, la pierre angulaire d'un empire d'Occident.

Après moi, tout dépendra de ce qu'il sera, lui, cet enfant dont je ne connais pas encore celle qui deviendra sa mère. Mais ce sera lui qui couronnera ce roman qu'est ma vie. Je prendrai ma place dans une longue chaîne dont je suis le maillon ultime avant lui, mon fils à naître.

Je pense à la longue suite de rois et d'empereurs qui l'ont précédé.

« Je me tiens solidaire de tous, dit-il, de Clovis au Comité de salut public. »

Et je ne veux pas que cette chaîne soit brisée après moi. Je divorce pour pouvoir la prolonger.

Il est nerveux, exalté. Ces songes l'habitent. Il ne peut pas finir cette nuit seul.

Que Constant aille chercher, chez la princesse Borghèse, cette dame d'honneur piémontaise blonde et gaie, petite et grasse, Mme Christine de Mathis.

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