Читаем Napoléon. L'empereur des rois полностью

Il ne veut pas lever la tête. Elle ne dit rien. Voilà plus de sept mois qu'ils ne se sont vus. Pourquoi n'est-elle pas venue comme il le lui avait demandé ? Quelle habileté est-ce encore là ? Pense-t-elle qu'il est impatient ?

Il se redresse. Elle pleure silencieusement.

- Ah, vous voilà, madame. Vous faites bien, car j'allais partir pour Saint-Cloud.

Elle balbutie, elle s'excuse. Ce n'est pas cela qu'il veut ! Il veut qu'elle comprenne le moment où ils en sont arrivés de leur vie. Qu'elle lui rende la tâche facile. Qu'elle accepte !

Il l'embrasse. Il ne ressent rien que de la gêne.

Il déteste cette situation. Il ne peut lui parler alors qu'il doit le faire. Il ne supporte pas qu'elle paraisse devant lui avec ce visage gris, ces yeux remplis de larmes, ce regard de bête traquée.

Les jours suivants, il quitte le château dès qu'il le peut.

Il chasse avec une sorte de rage dans cet automne rayonnant de l'Île-de-France. Il chasse à courre dans la forêt de Fontainebleau, dans les bois de Boulogne ou de Versailles, autour de Melun et de Vincennes.

Quand il rentre au château de Fontainebleau et qu'il aperçoit Joséphine tenant son cercle dans son salon, il ne lui jette qu'un coup d'œil. Tant qu'il ne lui aura pas parlé, tant qu'elle n'aura pas accepté, il ne pourra la côtoyer. Pourquoi ne l'aide-t-elle pas ? Pourquoi n'a-t-elle pas la dignité de se soumettre à cette loi du destin qui fait qu'il a besoin d'un « ventre » fécond, d'un jeune ventre, d'une femme issue d'une famille qui soit à la hauteur de ce qu'il est devenu ?

Il convoque Champagny, le ministre des Relations extérieures.

Il doit exiger de l'ambassadeur auprès du tsar qu'il rappelle à celui-ci leur rencontre d'Erfurt, où il fut question de divorce et où Alexandre évoqua la possibilité d'un mariage avec la plus jeune de ses sœurs, Anne. Dites à Caulaincourt que « l'Empereur, pressé par toute la France, se dispose au divorce ». Qu'on sache à quoi s'en tenir et quelles sont les intentions de notre bel allié du Nord !

Mais quelle confiance peut-on avoir en Alexandre ? Le conseiller d'ambassade de l'Autriche à Paris, le chevalier Floret, laisse au contraire entendre que Metternich et l'empereur François Ier sont disposés à « céder » à Napoléon l'archiduchesse Marie-Louise, une jeune fille de dix-huit ans.

Une Habsbourg ! Il imagine. Une Autrichienne, comme le fut Marie-Antoinette ! Il se souvient des journées révolutionnaires dont il fut le témoin en juin, en août 1792, de ces cris qu'il a encore en tête et qu'il entendait dans le jardin des Tuileries. « À mort l'Autrichienne ! »

Il va et vient dans son cabinet de travail. Uœne Autrichienne, comme Marie-Antoinette. Mais il n'est pas Louis XVI.

Si le tsar se dérobait, ce qu'il craint, ce qu'il pressent, l'Autriche pourrait alors devenir l'alliée nécessaire.

Cette Marie-Louise a dix-huit ans. Elle est la petite-fille de Charles Quint et de Louis XIV.

Je suis devenu moi. J'ai droit à elle si je le veux.

Il reçoit aux Tuileries les rois de Bavière, de Saxe, du Wurtemberg, et Murat, roi de Naples, et Jérôme, roi de Westphalie, et Louis, roi de Hollande.

Il préside, autour de l'arc de triomphe du Carrousel, les parades de la nouvelle Grande Armée. Et il entend les acclamations de la foule. « Vive l'Empereur ! Vive le vainqueur de Wagram ! Vive la paix de Vienne ! »

Il tient du bout des doigts la main de Joséphine, car il doit parfois paraître à ses côtés. Il ne peut la regarder. Elle cherche encore à l'émouvoir.

Mais je ne suis que fidèle à mon destin.

Il préfère, plutôt que de s'asseoir près d'elle, se promener dans la calèche de Pauline, princesse Borghèse, sœur confidente, depuis toujours favorable au divorce, sœur complice qui s'éloigne quand apparaît l'une de ses dames d'honneur, une petite Piémontaise effrontée, blonde et gaie, et qui ne baisse pas les yeux.

Cette nuit il rejoindra Christine, la Piémontaise. Demain il parlera à Joséphine.

Je suis l'Empereur des rois. Personne ne peut s'opposer à mon destin.

C'est le jeudi 30 novembre 1809. Il dîne seul avec Joséphine. Il ne parle pas. Il ne peut pas. Lorsqu'il lève la tête, il n'aperçoit que le grand chapeau qu'elle porte pour cacher ses yeux rougis et son visage marqué.

Il ne peut avaler une bouchée. Il fait tinter le cristal des verres avec son couteau. Il se lève, dit : « Quel temps fait-il ? » puis passe dans le salon voisin.

Quand un page apporte le café, Joséphine fait un geste pour remplir la tasse de l'Empereur. Il la devance, se sert lui-même. D'un signe, il ordonne qu'on les laisse, qu'on ferme la porte.

Déjà elle sanglote, se tord les bras.

- Ne cherchez pas à m'émouvoir, dit-il d'un ton brusque en lui tournant le dos. Je vous aime toujours, mais la politique n'a pas de cœur, elle n'a que de la tête.

Il lui fait face.

- Voulez-vous de gré ou de force ? Je suis résolu.

Elle paraît frappée de stupeur.

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