Читаем Napoléon. L'empereur des rois полностью

Il vit avec elle dans une douceur paisible. Elle ne sort pas de sa chambre, n'assiste pas aux parades, garde souvent les volets clos. Mais elle est là, la nuit, jeune source d'énergie, elle est assise près de lui silencieuse pendant qu'il écrit et annote.

Parfois il lui lit quelques phrases d'une instruction qu'il rédige, mais il ne s'agit que d'affaires lointaines pour elle, un règlement sur la formation intellectuelle et morale des jeunes filles pensionnaires de la Légion d'honneur, ou bien la création d'une classe d'histoire au Collège de France, ou encore le texte d'un arrêté différenciant les quatre grands théâtres de Paris : Comédie-Française, Odéon, Opéra, Opéra-Comique.

Il la regarde. Il veut, dit-il, qu'elle vienne à Paris. Elle découvrira sa ville, la France. Il est l'Empereur. Il a le pouvoir de tout décider.

Elle le fixe longuement, puis elle baisse la tête. Elle est humble, tendre. Une femme qui l'apaise.

Les autres femmes, sa mère même, ses sœurs, et naturellement Joséphine, il doit les morigéner, les flatter, se moquer d'elles parfois. Elles sont pendues à ses basques ou bien elles le harcèlent, elles l'obligent à les tancer.

« Madame, doit-il écrire à sa mère, tant que vous serez à Paris, il est convenable que vous dîniez tous les dimanches chez l'Impératrice, où est le dîner de famille. Ma famille est une famille politique. Moi absent, l'Impératrice en est toujours le chef... »

Il doit défendre Joséphine contre sa mère mais lui rappeler qu'elle est l'Impératrice, qu'elle a donc un devoir de réserve.

« Je désire que tu ne dînes jamais qu'avec des personnes qui ont dîné avec moi ; que ta liste soit la même pour tes cercles ; que tu n'admettes jamais à la Malmaison, dans ton intimité, des ambassadeurs et des étrangers ; si tu faisais différemment, tu me déplairais. Enfin, ne te laisse pas trop circonvenir par des personnes que je ne connais pas et qui ne viendraient pas chez toi si j'y étais. »

Il doit toujours être aux aguets. Veiller à tout.

Marie seule est ma paix.

Joséphine est jalouse d'elle ? Il suffit de se moquer : « Ta petite tête créole se monte et s'afflige, tu deviens toute diablesse... »

Que peut-elle faire de plus ?

C'est à moi de décider de son sort. Comme je décide de tout.

Je dois décider pour le maréchal Lefebvre qui piétine devant Dantzig. Lefebvre est impétueux, courageux, mais il faut lui adjoindre des généraux du génie, Lariboisière, Chasseloup-Laubat, capables d'ouvrir des brèches dans les fortifications.

Il faut l'encourager : « C'est lorsque l'on veut fortement vaincre que l'on fait passer sa vigueur dans les âmes. » Il faut le conseiller : « Chassez de chez vous à coups de pied au cul tous les petits critiqueurs. » Il faut aussi le retenir.

Napoléon se souvient du siège de Saint-Jean-d'Acre, des assauts inutiles, de ce carnage vain. Et le cimetière d'Eylau est devant ses yeux, si proche.

« Réservez le courage de vos grenadiers pour le moment où la science dira qu'on peut l'employer utilement, écrit Napoléon. Et en attendant, sachez avoir de la patience... Quelques jours perdus ne méritent pas quelque mille hommes dont il est possible d'économiser la vie ? »

La vie ?

Il y pense sans cesse, lorsqu'il est seul avec Marie, lorsqu'il se promène dans le jardin ou bien au cours de ses longues chevauchées dans la forêt, ou encore quand il reçoit avec faste l'ambassadeur de Perse Mirza Riza Khan et qu'il donne en son honneur une grande parade. Les hommes, les cavaliers, leurs tenues remises à neuf, leurs jeunes chevaux piaffant, défilent devant l'ambassadeur, les maréchaux et Napoléon.

Toutes ces vies en mouvement, et dix-huit mille cavaliers encore dont le martèlement des sabots fait trembler la terre, qui galopent devant lui, dans la plaine d'Elbing.

Combien de ces vies resteront après quelques jours de bataille, dans ce printemps de 1807 où va se dérouler l'affrontement décisif, puisque Russes et Prussiens ont conforté leur alliance à Bartenstein, le 26 avril, et que ce sont donc les armes qui trancheront ?

Dantzig, heureusement, est tombée, et avec elle la forteresse de Weichselmunde, livrant ses entrepôts, ses réserves de vin, ses milliers de fusils anglais.

Napoléon, à la nouvelle de la chute de la ville, fait aussitôt atteler les six chevaux de sa berline. Il veut aller à Dantzig, féliciter le maréchal Lefebvre.

Il le rencontre sur la route, à l'abbaye d'Oliva.

C'est l'un des moments heureux de la vie, quant on peut féliciter, gratifier.

- Bonjour, monsieur le duc, dit l'Empereur, asseyez-vous auprès de moi. Aimez-vous le chocolat de Dantzig ?

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