Читаем Napoléon. L'empereur des rois полностью

« Je conçois tout le chagrin que doit te causer la mort de ce pauvre Napoléon ; tu peux comprendre la peine que j'éprouve, écrit-il à Joséphine. Je voudrais être près de toi, pour que tu fusses modérée et sage dans ta douleur. Tu as eu le bonheur de ne jamais perdre d'enfants ; mais c'est une des conditions et des peines attachées à notre misère humaine. Que j'apprenne que tu as été raisonnable et que tu te portes bien ! Voudrais-tu accroître ma peine ?

« Adieu, mon amie.

« Napoléon »

Misère humaine.

Il galope dans la forêt. Il répète : « Ce pauvre petit Napoléon. » Que peut-on faire ? Il dit : « C'était son destin. » Il l'écrit, puis se rebelle.

« Depuis vingt ans, il s'est manifesté une maladie appelée croup, qui enlève beaucoup d'enfants dans le nord de l'Europe, écrit-il au ministre de l'Intérieur. Nous désirons que vous proposiez un prix de 12 000 francs qui sera donné au médecin auteur du meilleur mémoire sur cette maladie et la manière de la traiter. »

Que peut-on faire d'autre ? Se lamenter contre la cruauté du destin ? À quoi bon ? Mais ni Hortense, ni Joséphine, ni Louis ne sont raisonnables.

« N'altérez pas votre santé, prenez des distractions », leur dit-il. Ignorent-ils donc ce qu'est la vie ? Ce qu'est le destin ?

Et les vivants ? Qu'en font-ils, ceux qui pleurent les morts sans fin ?

« Hortense n'est pas raisonnable et ne mérite pas qu'on l'aime puisqu'elle n'aimait que ses enfants, écrit-il à Joséphine. Tâche de te calmer ! À tout mal sans remède, il faut trouver des consolations ! »

Il ne modifie pas un seul instant l'ordre de ses journées. Chaque jour, il passe à midi les troupes en revue. Il administre l'Empire. Il dicte. Il ordonne. Il étudie les cartes.

Quand il apprend, le 5 juin, que les troupes de Bennigsen ont attaqué celles du maréchal Ney, il tressaille. Enfin ! Il interroge les aides de camp que Ney lui envoie. « Est-ce une attaque sérieuse ou n'est-ce qu'une escarmouche ? »

Il sent pourtant que l'appât a joué son rôle. Bennigsen s'avance. Et Napoléon donne à Ney l'ordre de se retirer. Que Bennigsen tombe dans le piège. On l'attaquera sur les flancs. Et, cette fois-ci, il n'en réchappera pas.

Le samedi 6 juin 1807 à 20 heures, Napoléon monte dans une calèche. Il quitte Finckenstein pour Saalfeld.

Il passe au milieu de sa Garde. Murat tient les rênes comme un cocher.

9.

À Saalfeld, dans la petite pièce de la maison basse où il doit dormir, Napoléon fait déployer les cartes. On approche les lampes. Il s'agenouille. Autour de lui, les aides de camp, les maréchaux l'observent, silencieux. Il se redresse.

« Je suis encore à deviner ce que l'ennemi a voulu faire, dit-il. Je réunis aujourd'hui à Mohrungen mes réserves d'infanterie et de cavalerie, et je vais tâcher de trouver l'ennemi et de l'engager dans une bataille générale, afin d'en finir. »

Il se retire dans ce qui va lui servir de chambre, une sorte de soupente. Il entend les galops des chevaux des officiers d'ordonnance qui apportent les nouvelles des armées en marche. Il ferme les yeux. Il va vaincre. Il le doit. Pour les morts du cimetière d'Eylau. Parce qu'il achève toujours ce qu'il a entrepris.

Et que la victoire est la seule manière d'obtenir la paix. Il est sûr de lui, la tête et le corps tout entiers tendus vers ce but. Vaincre. Il n'a qu'une inquiétude, une angoisse, même : que Bennigsen se dérobe. S'est-il suffisamment enfoncé dans la nasse pour n'en plus pouvoir sortir à temps ?

Plus rien ne compte que ces questions. Oublié, tout ce qui n'est pas la bataille qui vient.

Il est levé à l'aube. Le jour apparaît, clair. Même le temps annonce la victoire. Les routes vers Guttstadt puis Heilsberg et Eylau traversent des champs de seigle, d'avoine et de blé. Les maisons des paysans sont entourées de jardins où courent des bandes d'oies grasses. Où est passée la boue de l'hiver ? Qu'est devenue la désolation de ces champs mornes ?

Les temps lugubres sont finis. Il fait chaud. L'air est chargé des senteurs de l'herbe. Les roues des caissons d'artillerie cahotent sur des chaussées sèches et ne soulèvent qu'une poussière blanche vite retombée.

Napoléon galope en avant de son escorte. Souvent, il s'éloigne si vite que le grand écuyer et les chasseurs de sa Garde ont du mal à le rejoindre. Il est dressé sur ses éperons au sommet d'un mamelon qui domine la campagne. L'état-major l'entoure maintenant. Il demande les cartes, qu'on pose sur l'herbe. Il descend de cheval, se couche presque pour mieux étudier chaque sinuosité de terrain.

Avec le doigt, il suit le cours de l'Alle, cette rivière dont l'un des méandres, sur sa rive gauche, borde la petite localité de Friedland.

Des ordonnances confirment la nouvelle que les troupes de Bennigsen ont établi trois ponts de bateaux sur l'Aile. Elles franchissent la rivière, passent de la rive droite à la rive gauche, sur ces trois ponts et un pont de bois.

Napoléon, les mains derrière le dos, arpente le mamelon.

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