Читаем Napoléon. L'empereur des rois полностью

Il va et vient. Il jette un coup d'œil vers ses troupes figées. Il faut donner une leçon à tous ces hommes, profiter de la présence de Legendre pour achever de les reprendre en main.

- Et où a-t-on vu une troupe capituler sur un champ de bataille ? On capitule dans une place de guerre quand on a épuisé toutes les ressources, quand on a honoré son malheur par trois assauts soutenus et repoussés... Mais sur un champ de bataille, on se bat, monsieur, et lorsque, au lieu de se battre, on capitule, on mérite d'être fusillé !

Il revient une nouvelle fois vers Legendre. Il ne voit même plus ce visage secoué de tics.

- En rase campagne, il n'y a que deux manières de succomber : mourir, ou être fait prisonnier, mais l'être à coups de crosse ! La guerre a ses chances, on peut être vaincu... On peut être fait prisonnier. Demain, je puis l'être... François Ier l'a été, il l'a été avec honneur, mais si je le suis jamais, je ne le serai qu'à coups de crosse !

Legendre balbutie quelques mots.

Je les entends. Je ne veux pas comprendre ses raisons.

- Nous n'avons cherché qu'à conserver des hommes à la France, dit Legendre.

- La France a besoin d'honneur ! crie Napoléon. Elle n'a pas besoin d'hommes !

Il fait un pas en arrière.

- Votre capitulation est un crime ; comme général, c'est une ineptie ; comme soldat, c'est une lâcheté ; comme Français, c'est la première atteinte sacrilège portée à la plus noble des gloires... Si vous aviez combattu au lieu de capituler... Madrid n'aurait pas été évacuée, l'insurrection de l'Espagne ne s'exalterait pas d'un succès inouï, l'Angleterre n'aurait pas une armée dans la péninsule, et quelle différence dans tous les événements, et peut-être dans la destinée du monde !

Il tourne le dos à Legendre.

Peut-être en a-t-il trop dit, peut-être a-t-il dévoilé qu'il commence à penser que l'Espagne est le nœud fatal du destin.

D'un coup de tête, il donne le signal de la revue. Les tambours roulent. Il regarde passer le premier peloton, qui s'avance au pas de charge. Puis il rentre dans le palais de Charles Quint.

Il hurle encore. Le corps d'un officier égorgé a été trouvé dans le puits d'un couvent de Valladolid.

- La canaille n'aime et n'estime que ceux qu'elle craint ! crie-t-il. Il faut faire pendre une vingtaine de mauvais sujets. Il faut faire de même à Madrid. Si on ne se débarrasse pas d'une centaine de brigands et de boutefeux, on n'a rien fait !

Il écrit à Joseph.

« En quelque nombre que soient les Espagnols, il faut marcher droit à eux et d'une résolution ferme. Ils sont incapables de tenir. Il ne faut ni les biaiser, ni les manœuvrer, mais courir dessus ! »

Il va quitter l'Espagne. Soult a écrasé les Anglais. John Moore a été tué ; Wellesley1, le général qui a respecté les conditions de la capitulation de Junot, le remplace. Peu importe. Il n'y a plus de tuniques rouges en Espagne.

« Il faut dire partout, répète-t-il à Joseph, que je dois revenir dans vingt ou vingt-cinq jours. »

Il fait préparer les relais tout au long de la route du retour. Il ira à cheval entre Valladolid et Burgos. D'un geste, il fait taire ceux de ses aides de camp qui soulignent le danger d'une attaque des guerilleros, le mauvais état des chemins, la distance de près de trente lieues2 entre les deux villes. Il veut seulement, dit-il, des attelages prêts pour une berline entre Burgos et Bayonne, puis sur la route de Bordeaux à Poitiers, et à Vendôme. Il roulera à en faire crever les chevaux, ainsi, jusqu'à Paris.

Le mardi 17 janvier 1809, il saute en selle à 7 heures du matin.

Il s'élance, précédé par Savary, suivi par Duroc, Roustam et cinq guides de la Garde.

Plus vite.

Il dépasse une calèche. Il reconnaît la voiture du général Tiébault. Il cravache la croupe du cheval de Savary afin qu'il pousse sa monture. Il éperonne la sienne à grands coups.

Plus vite.

Il se baisse sur l'encolure du cheval. Il s'enfonce dans l'espace. Il ne sent pas la pluie. Il aime ce vent de la course, tranchant comme le destin.




1- En juillet 1809, Wellesley sera fait vicomte de Wellington.

2- Cent vingt kilomètres.


Sixième partie

Il y a eu assez de sang versé !

23 janvier 1809 - 13 juillet 1809


22.


Mais ils dorment tous, ici !

Il bouscule les officiers qui se précipitent à sa rencontre. Il écarte les laquais qui sont trop lents à ouvrir les portes devant lui. Il crie qu'il veut recevoir Cambacérès immédiatement. Il traverse les salons, parcourt les galeries, entre dans la chambre de Joséphine alors que les servantes, les dames de compagnie l'avertissent que l'Impératrice repose encore.

Il est de retour ! lance-t-il en se penchant alors qu'elle grimace. Il va bien. Elle aussi, n'est-ce pas ? Dans sa dernière lettre, elle se plaignait de maux de dents ! Elle ne bouge pas, stupéfaite, se cachant le visage dans les mains.

Les vieilles femmes n'aiment pas être surprises tôt le matin.

Il aime la vérité. Il veut la vérité.

Il sort de la chambre.

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