Mais, tout à coup, quelques lignes dans
Joséphine est morte le 29 mai.
Il ne bouge pas. Il ne sort plus durant deux jours.
Sa vie défile,
Il oublie ce qu'il a lu et qui accompagne l'annonce de sa mort : qu'elle l'a trahi aussi, en recevant chez elle à la Malmaison le tsar Alexandre, l'empereur d'Autriche, le roi de Prusse ; que ces souverains ont dansé avec elle, qu'elle a présidé des dîners en leur honneur, qu'elle a présenté Hortense et Eugène au tsar afin qu'il les recommande à Louis XVIII.
C'est vrai qu'elle a fait cela, mais elle est morte. Elle avait souffert par lui, même s'il avait toujours essayé de la protéger, même si, déjà, elle l'avait trahi avec tant d'autres.
Il laisse entrer Bertrand. Il dit :
- Pauvre Joséphine, elle est bien heureuse maintenant.
Puis, comme pour lui-même, il ajoute :
- En somme, Joséphine m'a donné le bonheur, et elle s'est constamment montrée mon amie la plus tendre. Aussi, je lui conserve les plus tendres souvenirs et la plus vive reconnaissance.
Il soupire, sort sur l'esplanade pour la première fois depuis deux jours. Il regarde l'horizon.
- Elle était soumise, dévouée, complaisante aussi, elle mettait ces dispositions et ces qualités au rang de l'adresse politique dans son sexe.
Il s'en va seul marcher sur ce sentier qui domine la mer.
Il a quarante-cinq ans ce 15 août 1814.
Joséphine et tant sont morts déjà. Pourquoi vit-il ?
Il accueille sa mère et ses invités, les notables de l'île, dans la maison des
Pourquoi est-il seul ?
« Ma bonne Louise,
« Je t'ai écrit souvent. Je suppose que tu as fait de même, cependant je n'ai reçu aucune de tes lettres depuis celle de quelques jours de ton départ de Vienne. Je n'ai reçu aucune nouvelle de mon fils. Cette conduite est bien bête et atroce.
« Madame est ici et se porte bien. Elle est bien établie. Je suis bien portant. Ton logement est prêt et je t'attends dans le mois de septembre pour faire la vendange.
« Personne n'a le droit de s'opposer à ton voyage. Je t'ai écrit là-dessus. »
Il reprend :
« Viens donc. Je t'attends avec impatience. Tu sais tous les sentiments que je te porte. Je ne t'écris pas plus au long, puisqu'il est possible que cette lettre ne te parvienne pas. La princesse Pauline sera ici au mois de septembre.
« Voilà ta fête. Je te la souhaite bonne. Plains-toi de la conduite que l'on tient, empêchant une femme et un enfant de m'écrire. Cette conduite est bien vile.
« Nap. »
23.
Il ressent le besoin de s'isoler, loin de la chaleur et des rumeurs du bord de mer. Il quitte les