Читаем Quelqu'un marchait sur ma tombe полностью

— Ce pantalon me gratte, dit Frank. C’est du drap dont on fait les couvertures de chevaux, non ?

— Quand on sera au Danemark, tu t’achèteras la tenue fantoche pour sortir en ville, plaisanta Paulo.

Il fut surpris de constater que sa boutade n’amusait personne.

— Vous pouvez vous retourner ! annonça Frank lorsqu’il eut enfilé la veste.

Ils abandonnèrent tous leur position discrète et Frank leur sourit à la ronde. Il paraissait tout à coup d’excellente humeur.

— Vous comprenez, s’excusa-t-il, j’ai perdu l’habitude d’être regardé. En taule, des habitudes, on en perd plus qu’on n’en prend !

Il bomba le torse et coiffa la casquette d’un geste rond.

— Je porte bien l’uniforme ?

— Tu fais marin, mais pas Allemand, remarqua Paulo. Vous ne trouvez pas, cher maître ?

— Mets la radio, Lisa, ordonna Frank en désignant le poste.

De nouveau, elle se mit à tourner le bouton chercheur, en quête d’informations. Mais elle n’en trouva pas et laissa l’appareil branché sur de la musique. Il s’agissait d’une valse viennoise au rythme durement marqué. Frank s’empara du passeport et murmura en le feuilletant :

— Au fait, je m’appelle comment ?…

Il trouva le nom et épela avec un très mauvais accent :

— Karl Lüdrich !

Gessler rectifia la prononciation.

— Si on vous demande votre nom et que vous l’articuliez de cette façon, vous aurez du mal à faire admettre que c’est le vôtre.

À plusieurs reprises, Frank répéta le nom, corrigé chaque fois par Gessler. À la fin il réussit à se le mettre en bouche et l’avocat lui fit signe que ça pouvait aller. Frank empocha le passeport.

— Que faisiez-vous pendant la guerre ? demanda-t-il à son avocat.

Gessler releva la tête.

— J’étais officier, pourquoi ?

— En taule je n’ai jamais osé vous le demander.

— Cela vous intéressait donc ?

— Vous avez fait la Russie ?

— Non, la Libye.

— Et pas la France ?

— La France également.

— Ça vous a plu, Paris ?

— Non.

— Pourquoi ?

— Parce qu’il était occupé. Je le préférais avant la guerre, et je le préfère maintenant. C’est une ville si fragile…

Freddy, qui musardait dans un coin de l’entrepôt où s’amoncelaient des colis, se mit à déchirer l’emballage d’un billard électrique.

— Eh bien, moi, dit Frank, savez-vous ce que je faisais pendant la guerre ?

— Que faisiez-vous ? demanda Gessler.

— J’étais au lycée ! Vous avez déjà eu des bacheliers parmi vos clients ?

— Ça m’est arrivé, affirma l’avocat.

Frank parut dépité.

— Et moi qui croyais être un cas ! soupira-t-il. 

<p>10</p>

L’inspecteur dépêché par le commissariat portait un manteau brun, trop long, et un vieux feutre défraîchi. Il examina les deux motocyclettes noires, nota leurs numéros et, se tournant vers les employés du tunnel, demanda :

— Quelqu’un se souvient-il d’avoir vu entrer les motocyclistes ?

Les interpellés s’entre-regardèrent avec des moues incertaines. Le plus jeune, un frêle garçon au visage criblé de taches de rousseur, déclara :

— Je ne vois que les policiers…

L’inspecteur tiqua.

— Les policiers ?

— Un fourgon cellulaire a pris le tunnel en fin d’après-midi. Deux motards l’escortaient…

L’hypothèse parut insensée à l’inspecteur.

— Des motards n’ont pas l’habitude d’abandonner leurs engins dans les ascenseurs ! déclara-t-il.

Les assistants éclatèrent de rire, à l’exception du jeune employé qui rougit.

— Je crois pourtant que c’est de leurs motos qu’il s’agit, insista-t-il, d’une voix qui s’étranglait.

Ses collègues le chahutèrent.

— Dis voir, Hans, tu n’aurais pas lu cette nuit un Kriminal Roman qui te serait resté sur la conscience ?

Ces sarcasmes donnèrent au jeune homme le courage d’exposer son point de vue.

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