Читаем Quelqu'un marchait sur ma tombe полностью

Gessler se sentit brusquement très fort. Il tenait la situation bien en main.

— C’est une chambre, avec une fenêtre qui donne sur un parc dont les arbres sont minuscules parce que Hambourg a été rasé !

— Vous alliez la voir à quel moment ?

— Il n’y avait pas de moment… Dès que je pouvais.

Il fit un pas pour sortir de l’enclos, mais Frank le refoula du poing.

— Non, restez là-dedans !

— Quelle est encore cette sotte fantaisie ? s’étonna l’avocat.

— Faites ce que je vous dis.

Freddy passa son visage anxieux par l’entrebâillement de la porte.

— Mande pardon, hasarda-t-il, c’est bientôt fini votre conférence au sommet ?

— Décampe ! ordonna Frank.

Freddy regarda l’enclos et au lieu d’obéir s’approcha de quelques pas.

— Qu’est-ce que c’est que ça ?

— Un cachot, expliqua Frank. Une cellule ! Le trou ! Le trou, Freddy, tu connais ?

Freddy songea que son ami avait perdu la raison et il regretta de s’être embarqué dans cette dangereuse aventure.

— Je connais, fit aigrement Freddy.

Frank s’approcha de lui et demanda à voix basse :

— Tu es chargé ?

— Bien sûr !

— Donne !

Après un rien d’hésitation, Freddy tendit son revolver à Frank. Il essaya de le faire discrètement, mais Gessler vit le geste et détourna les yeux, écœuré.

— Il est plein, avertit Freddy.

— Je l’espère bien, laisse-nous !

— Je me permets de t’annoncer que les flics pullulent dans le secteur, vivement que le barlu s’annonce !

Freddy sortit en maugréant. Frank glissa le revolver dans sa ceinture et se tourna vers Gessler.

— Elle vous attendait ?

— Vous dites ? sursauta l’avocat.

— Puisque vous lui rendiez visite à n’importe quel moment, c’est qu’elle vous attendait tout le temps. C.Q.F.D.

— Je trouvais parfois la porte close ; lorsqu’elle rôdait auprès du pénitencier, par exemple.

— Et quand elle était chez elle ? insista Frank en essayant de prendre un air détaché.

Il y eut une sorte de tumulte à la porte. Paulo essayait timidement de retenir Lisa qui voulait entrer. Elle finit par se dégager d’une secousse et dit en s’avançant vers les deux hommes :

— Lorsqu’il était chez moi !

Elle se tourna et appela de toutes ses forces :

— Paulo, Freddy !

« Puisque c’est un procès que tu fais, Frank, il faut un jury, n’est-ce pas ?

Paulo tendit son bras gauche en col de cygne pour dégager sa montre.

— Il est sept heures un quart et il y a des poulets plein la rue !

Freddy déboucha, un peu essoufflé d’avoir escaladé le roide escalier quatre à quatre.

— Qu’est-ce qui se passe encore ? bougonna-t-il.

— Je veux que vous écoutiez ce que je vais dire, Paulo et vous ! dit calmement Lisa.

— Dites, se lamenta Paulo, vous ne pourriez pas laver votre linge sale plus tard ? Vous avez tout l’avenir devant vous !

— Un avenir sans Me Gessler, intervint Frank. Vas-y, Lisa, on t’écoute.

Lisa considéra le puéril enclos et y pénétra malgré le geste instinctif de Frank pour y prendre place.

— Quand il venait chez moi, fit-elle, ça donnait rituellement ceci.

Elle sourit à Gessler.

— Vous êtes prêt pour la reconstitution, maître ?

Et, comme l’avocat restait silencieux.

— Eh bien ! Adolf, insista la jeune femme, ne voulez-vous donc pas revivre cela une dernière fois ?

— Si, Lisa. Si ! se décida Gessler.

Il se leva, fit claquer ses talons à l’allemande et dit en s’inclinant :

— Bonjour, Lisa, comment allez-vous ?

— Bien, je vous remercie.

Elle se tourna vers Frank et expliqua :

— Les formules de politesse françaises amusaient beaucoup Adolf.

Elle se remit à jouer, désigna une chaise :

— Asseyez-vous !

— Merci, fit-il sérieusement en s’asseyant.

— Vous ne voulez pas ôter votre pardessus ?

— Je ne fais que passer, Lisa.

— Comme toujours. Je crois que ce sont ces… ces passages qui donnent un rythme à ma pauvre vie.

Frank se mit à califourchon sur une chaise. Il croisa les bras sur le dossier et mit son menton sur ses poings crispés. Un indéfinissable sourire retroussa sa lèvre supérieure.

— Continuez, fit-il, c’est fascinant.

Gessler reprit :

— Je suis heureux de l’apprendre, Lisa. Vous êtes sortie ce matin ?

— Oui.

— Toujours la même promenade ?

— Toujours, dit Lisa. Je regarde longuement chaque fenêtre de la prison, du moins celle qu’on peut apercevoir de la rue. Il me semble que je vais le découvrir derrière l’une d’elles. Mon manège finit par attirer l’attention. Hier un agent s’est approché de moi et m’a posé des questions que j’ai fait semblant de ne pas comprendre.

— À propos, coupa Gessler, avez-vous travaillé votre vocabulaire ?

— J’ai essayé.

— Nous allons voir…

Il se recueillit et, les yeux fermés demanda :

— Le vent souffle fort ?

— Der Wind weht heftig, traduisit Lisa.

— Je m’excuse de vous déranger ?

— Entschuldigung dass ich Sie store. Freddy fit claquer ses doigts et grommela :

— Je ne pige pas à quoi ça rime !

— Ta gueule, fit Paulo, moi si !

— On continue ? demanda Lisa à Frank.

— S’il vous plaît, implora-t-il.

— Das Schiff ? fit docilement Gessler.

— Le bateau, répondit Lisa.

— Die See.

— La mer.

— Auf Wiedersehen.

— Adieu.

L’avocat prit une profonde inspiration.

— Ich liebe Sie !

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