Читаем Quelqu'un marchait sur ma tombe полностью

— Comment cette femme a-t-elle fait de moi un malhonnête homme ? Avec son corps ou avec son âme ? Et que préférez-vous à la vérité : que je lui aie fait l’amour ou que je lui aie appris l’allemand ? haleta l’avocat. Réfléchissez bien ; car c’est cela le vrai problème ; c’est cela le grand mystère !

Son visage reprit une teinte normale. Il caressa son cou meurtri et reprit en toisant Frank d’un œil haineux :

— Oui, mon cher, j’aime Lisa. Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait pour elle.

« Un après-midi, vous en souvenez-vous, Lisa, nous nous promenions sur les rives de l’Aussen-Alster. C’était l’hiver et Hambourg ressemblait à une ville de marbre. Le lac était gelé. Une barque se trouvait prise dans la glace. Vous m’avez dit : « Je suis pareille à cette embarcation. Je me sens pétrifiée par l’absence de Frank ; s’il ne sort pas bientôt de prison, je crois que je vais devenir inhumaine ». N’est-ce pas, Lisa ? Ce sont vos propres paroles.

Elle cacha ses yeux dans sa main.

— Nous avons marché près d’une heure, poursuivit-elle. Je revois les pelouses blanches de givre, les bancs déserts…

La mélancolie de sa maîtresse accabla Frank.

— Bon Dieu, Lisa, fit-il, je crois que je commence à comprendre. Tu n’étais plus amoureuse de moi, tu étais amoureuse de mon absence. Amoureuse de ton chagrin, de ta solitude. Amoureuse de Hambourg aussi et peut-être, après tout, de Gessler.

— Tu es en train de tout détruire, Frank, répondit-elle.

— Vous vous promeniez ensemble… au bord du lac… l’hiver !

Venant de l’extérieur, une rumeur leur parvint, faite de sirènes de police, de pétarades de moteurs, de coups de sifflet. Freddy courut à la verrière et risqua un coup d’œil au-dehors.

— Si tu voyais ce branle-bas ! s’exclama-t-il, ça pullule, les uniformes. On se croirait en mai 40 !

Paulo réussit l’une de ses plus belles grimaces.

— Avouez que ça serait truffe de se faire piquer à quelques minutes de l’arrivée du bateau.

Furieux, il tendit vers Frank un index accusateur :

— On est assis sur un tonneau de poudre, et t’es là à couper les cheveux de Lisa en quatre ! J’espère que demain, au Danemark, tu pigeras enfin que t’es libre et que la vie est belle !

Lisa fut sensible à l’espoir contenu dans ces paroles. Elle se jeta contre Frank, cherchant à lui transmettre elle ne savait quel apaisement.

— Il a raison, Frank, tu verras…

Frank la berça un moment contre sa poitrine.

— C’est vrai, réalisa-t-il, le Danemark… Tu m’aideras ?

— Je t’aiderai, promit Lisa avec feu.

— Tu crois qu’un jour j’oublierai ces cinq années ?

— Oui, Frank.

— Je ne parle pas des miennes, rectifia l’évadé en lui soulevant le menton, mais des tiennes.

— Je sais.

— Un jour je recommencerai à te croire ?

Elle hocha la tête.

— Au fond, tu me crois déjà, Frank !

— Tu me diras : « Je n’ai jamais couché avec Gessler », et ça me paraîtra évident hein, tu crois ?

— Je n’ai jamais couché avec Gessler, Frank !

— Et tu n’éprouves rien pour lui ?

Elle regarda lentement, craintivement en direction de l’avocat. Le buste droit, les mains croisées sur ses genoux, Gessler paraissait ne pas entendre.

— Rien, Frank, sinon une grande reconnaissance !

— Ça aussi, fit-il, il faudra l’oublier. C’est ce qu’il y a de plus facile à oublier.

— J’oublierai !

— Et l’allemand ? demanda-t-il tout de go.

— Quoi l’allemand ?

— Tu l’oublieras également ?

— Ce sera comme si je ne l’avais jamais su, mon chéri.

— Tu me le jures ?

— Je te le jure !

— Tu ne te souviendras plus de l’Aussen-Alster quand il est gelé ?

— Plus ! promit-elle.

Elle était dans un état second. Tout venait de rentrer dans l’ordre et une paix douceâtre les enveloppait. Malgré le péril extérieur, ils étaient pleins d’une sérénité très rare.

— Tu ne sauras plus comment est le parc, l’hiver, avec le givre et les arbres en marbre ?

— Je ne le saurai plus !

Il la repoussa avec sa froide brutalité. Son visage s’était convulsé.

— Et tu espères que je vais te croire, Lisa !

— Frank !

— Menteuse ! Sale menteuse ! P… de menteuse !

Elle mit ses mains contre ses oreilles et secoua la tête.

— Oh ! non, arrête ! Je deviens folle !

— Jusqu’à présent tu m’as menti ; comment veux-tu que je te croie ?

— Je ne t’ai pas menti, Frank !

— Tu m’as dit que tu rencontrais Gessler une fois par semaine ; et tu as dû convenir que tu le voyais tous les jours. Tu m’as dit que tu le rencontrais à son cabinet alors qu’en réalité il venait dans ta chambre !

Sa voix s’étrangla dans un sanglot brusque.

— Dans ta chambre ! répéta Frank anéanti.

Cette chambre, je ne l’aurai jamais connue, Lisa ! Jamais ! Tu auras beau me raconter le papier de la tapisserie, les meubles, les gravures au mur…

— C’est comme ta cellule, rétorqua Lisa. Je ne l’aurai jamais connue non plus. Et pourtant, c’est facile à imaginer, une cellule ! Trop facile, même : je n’y suis jamais parvenue !

Elle continua avec une véhémence croissante :

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