Читаем Révolte sur la Lune полностью

À l’heure du dîner, Luna avait un gouvernement pour remplacer le conseil fantoche que nous avions nous-mêmes créé et qui nous avait envoyés, Prof et moi, sur Terra. Le Congrès a entériné tous les actes du gouvernement provisoire, approuvant ainsi tout ce que nous avions fait ; il l’a remercié de son activité et demandé que le Comité de Wolfgang continue son travail dans le cadre du gouvernement actuel.

Prof a été élu président du Congrès et Premier ministre de droit du gouvernement intérimaire en attendant que nous ayons une Constitution. Il a protesté, mettant en avant son âge et sa santé, puis dit qu’il serait heureux de se dévouer si on pouvait l’aider pour certaines tâches : il était vieux et son voyage sur Terra l’avait trop épuisé pour assumer la responsabilité d’une présidence – sauf pour des affaires d’État –, aussi désirait-il que le Congrès élise un président et un vice-président. En outre, il pensait que le Congrès devait augmenter le nombre de ses membres, à hauteur de 10 %, avec des députés « libres » ; cela permettrait au Premier ministre, quel qu’il soit, de choisir des ministres ou des secrétaires d’État qui ne seraient pas députés au Congrès… il pensait surtout à des ministres sans portefeuille qui pourraient le décharger de certaines tâches.

Ils ont refusé. La plupart d’entre eux étaient fiers de leur rôle de « parlementaires » et se montraient déjà jaloux de leur statut. Prof s’est contenté de s’asseoir, l’air fort fatigué, et d’attendre… Quelqu’un a fait remarquer que cela ne touchait en rien aux prérogatives du Congrès ; ils se sont donc décidés à lui accorder ce qu’il avait demandé.

Un député a alors pris la parole pour interroger la présidence : tout le monde savait (a-t-il dit) qu’Adam Selene s’était abstenu de se présenter aux élections parce qu’il ne voulait pas user de sa position de président du Comité provisoire pour se ménager une entrée dans le nouveau gouvernement. L’honorable présidente ne pouvait-elle pourtant pas dire aux députés s’il existait une quelconque raison pour ne pas élire Adam Selene « député libre » en remerciement pour les immenses services qu’il avait rendus ? Pour faire connaître à Luna entière – oui, à Luna, à tous les vers de Terre, et surtout à l’ex-Autorité Lunaire – que nous n’avions pas l’intention de renier Adam Selene, qu’il restait notre homme d’État bien-aimé et que s’il n’était pas notre président, c’était seulement parce qu’il avait choisi de ne pas l’être !

Il y a eu un tonnerre d’applaudissements, à n’en plus finir. Vous pourrez retrouver dans le Journal Officiel le nom de celui qui a fait ce discours et, si vous avez l’esprit critique, vous comprendrez rapidement que Prof en était l’auteur et que Wyoh l’avait d’une manière ou d’une autre implanté dans l’esprit de l’orateur.

Voici donc le gouvernement, tel qu’il a été complété au cours des jours suivants :

Premier ministre et secrétaire d’État aux Affaires étrangères : professeur Bernardo de La Paz.

Président : Finn Nielsen ; vice-président : Wyoming Davis.

Sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères et ministre de la Défense : le général O’Kelly Davis ; ministre de l’Information : Terence Sheehan (Sheenie avait abandonné à son sous-directeur son poste à la Pravda pour pouvoir travailler avec Adam et Stu) ; ministre sans portefeuille détaché au ministère de l’Information : Stuart René La Joie, « député libre » ; secrétaire d’État à l’Économie et aux Finances (et gardien des propriétés ennemies) : Wolfgang Korsakov ; ministre de l’Intérieur et de la Sécurité : le camarade « Clayton » Watenabe ; ministre sans portefeuille et secrétaire particulier du Premier ministre : Adam Selene ; sans parler d’une douzaine de ministres sans portefeuille venant d’autres termitières.

Comprenez-vous ce qu’il en était ? Si l’on fait abstraction des titres fantaisistes, la cellule B continuait de diriger les affaires publiques, avec l’aide de Mike, et elle était soutenue par un Congrès qui nous faisait gagner les votes que nous lui soumettions mais qui pouvait refuser les motions que nous ne voulions pas voir adopter ou qui ne nous intéressaient pas.

Pourtant, à cette époque, je ne comprenais pas l’utilité de tous ces bavardages.

Au cours de la séance de nuit. Prof a rendu compte de notre voyage puis m’a donné la parole – avec l’autorisation du président Korsakov – pour me permettre d’expliquer la signification du « plan quinquennal » et pour raconter comment l’Autorité avait essayé de me corrompre. Je suis un piètre orateur, mais pendant le dîner, j’avais eu le temps de bûcher le discours que Mike m’avait concocté. Il l’avait rédigé d’une plume tellement acerbe que je me suis senti de fort mauvaise humeur. Je l’ai récité sous l’effet de la colère et j’ai mis toute mon âme pour le rendre convaincant. L’assemblée était véritablement houleuse, chauffée à blanc, quand je me suis rassis.

Prof s’est alors avancé, pâle et émacié :

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