Читаем Révolte sur la Lune полностью

L’émetteur « clandestin » parvenait néanmoins à diffuser la « vérité » en direction de Terra : Prof avait été condamné pour déviationnisme et emprisonné ; j’avais, moi, été exécuté pour haute trahison ; Hong-Kong Lunaire avait fait sécession et constituait maintenant un État indépendant. Il se pouvait fort bien que ses habitants entendent raison. Des émeutes faisaient rage dans Novylen ; on avait nationalisé toutes les exploitations agricoles et à Luna City, on vendait les œufs jusqu’à trois dollars pièce au marché noir. Des bataillons féminins avaient été levés, et chaque femme avait juré de tuer au moins un Terrien ; elles s’entraînaient dans les corridors de Luna City avec des fusils factices.

Ce dernier point avait davantage qu’un fond de vérité : les nombreuses femmes qui voulaient faire quelque chose de militant avaient formé des groupes de défense, prenant le nom de « Dames de l’Hadès ». Leurs exercices étaient d’une nature très pratique, il faut bien l’avouer. Hazel avait fait la tête parce que Mamie ne lui avait pas permis de se joindre à elles ; elle avait surmonté sa mauvaise humeur au bout d’un certain temps et avait lancé les « Stilyagi Debs », qui rassemblaient de très jeunes enfants dans un corps de défense. Ils s’exerçaient après les heures de classe, ne se servaient pas d’armes et avaient surtout pour fonction de porter assistance au régiment stilyagi du service de l’Air et de la Pressurisation. Ils avaient aussi la responsabilité des premiers secours et se préparaient au combat à mains nues – il est possible que Mamie n’ait pas été au courant de celle dernière activité.


* * *


Je ne sais pas trop ce que je peux vous dire de plus. Je ne puis tout énumérer, mais ce que l’on raconte dans les livres d’histoire est si loin de la vérité !

Je n’ai pas été meilleur ministre de la Défense que député. Normal, je n’avais aucune formation pour l’une ou l’autre de ces fonctions. Pour la plupart d’entre nous, la révolution était une affaire d’amateurs ; seul Prof semblait savoir ce qu’il faisait, à sa grande surprise d’ailleurs : il n’avait jamais pris part à une révolution couronnée de succès et encore moins fait partie d’un gouvernement, à sa tête, pour faire bonne mesure.

En tant que ministre de la Défense, je ne voyais guère de moyens de nous défendre une fois épuisées les mesures déjà prises, qui consistaient à faire patrouiller des escadrilles de stilyagi dans les termitières et à installer des batteries de foreuses-laser autour des radars balistiques. Si les N.F. décidaient de nous bombarder, je ne voyais pas comment les en empêcher : il n’y avait pas la moindre fusée d’interception sur toute l’étendue de Luna et ce n’est pas le genre de gadget que l’on peut bricoler vite fait, bien fait. Ma parole, nous n’étions même pas capables de fabriquer les ogives nucléaires dont ces fusées sont équipées.

J’ai cependant pris une décision supplémentaire. J’ai demandé aux ingénieurs chinois qui avaient construit nos canons laser de se pencher sur le problème de l’interception des bombes ou des missiles… Après tout, c’était le même problème, à ceci près qu’un missile vous tombe dessus plus vite.

Après quoi, je me suis occupé d’autres choses, me contentant d’espérer que les N.F. ne bombarderaient jamais nos terriers. Certaines termitières, et en particulier Luna City, s’enfonçaient à une telle profondeur qu’elles pourraient sans doute supporter un bombardement en surface. Un volume d’habitation situé au niveau le plus bas du Complexe, dans la partie centrale où se trouvait Mike, avait même été construit de manière à résister à une attaque éventuelle. Inversement, Tycho-Inférieur s’étendait dans une immense caverne naturelle, comme le Vieux Dôme, et la voûte supérieure n’avait que quelques mètres d’épaisseur ; les joints d’étanchéité étaient encadrés sur leur surface inférieure par les tuyauteries d’eau chaude pour permettre de reboucher immédiatement de nouvelles fissures. Une seule bombe serait déjà bien suffisante pour fissurer Tycho-Inférieur.

Malheureusement, il n’y a aucune limite à la taille d’une bombe nucléaire ; les N.F. pouvaient fort bien en construire une assez puissante pour dévaster L City. Ils pouvaient même, en théorie, provoquer une explosion digne du Jugement dernier, qui ferait éclater Luna comme un melon trop mûr et terminer le travail qu’un astéroïde avait déjà commencé sur Tycho. Ne voyant aucun moyen de les en empêcher s’ils décidaient une chose pareille, j’ai décidé de ne pas m’en préoccuper.

Перейти на страницу:

Похожие книги