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Mais le problème qui nous préoccupait le plus était celui de la main-d’œuvre : l’argent ne manquait pas et nous offrions des salaires toujours plus élevés. Non, la difficulté résidait dans le fait qu’un bon foreur qui aime son travail n’a pas besoin d’en chercher, et qu’il n’est pas très drôle de rester sans bouger dans une pièce, jour après jour, à attendre une alerte qui s’avérait en fait un simple exercice : cette inaction les rendait fous, ils nous quittaient les uns après les autres. Un jour du mois de septembre, en déclenchant une alerte, je n’ai pu trouver d’opérateurs que pour sept foreuses.

Le soir même j’en ai parlé à Wyoh et à Sidris. Le lendemain, Wyoh a voulu savoir si Prof et moi-même accepterions de financer leur projet.

Elles ont alors formé un groupe que Wyoh a appelé le « Corps Lysistrata » ; je n’ai jamais cherché à savoir combien il nous avait coûté, ni en quoi consistaient ses moyens de pression, mais à mon inspection suivante dans la salle des gardes, il ne manquait pas un seul homme. Trois filles leur tenaient compagnie, et tout ce beau monde portait l’uniforme du 2e régiment d’artillerie (jusqu’à ce moment, pourtant, nos hommes ne s’étaient pas beaucoup préoccupés d’avoir des uniformes d’ordonnance). L’une d’elles portait même des sardines de sergent accompagnées, pour faire bon effet, des galons de capitaine d’artillerie.

L’inspection a été très rapide. En général, les femmes n’ont pas assez de force pour manier une foreuse et j’aurais été bien étonné de voir cette fille pointer l’instrument avec assez de précision pour justifier ses galons. Comme le vrai capitaine d’artillerie se tenait à son poste, je ne voyais rien à redire à ce que les filles apprennent à se servir des lasers ; le moral était au plus haut et j’avais d’autres problèmes à régler.


* * *


Prof avait sous-estimé le nouveau Congrès ; je suis certain qu’il avait tout simplement voulu un parlement croupion qui se contenterait d’entériner tout ce que nous faisions et qui ferait de nos actes l’expression de la « volonté du peuple ». Malheureusement, parmi nos nouveaux députés ne figuraient pas seulement des bavards impénitents ; ils en ont fait davantage que n’aurait voulu Prof, surtout la Commission des structures permanentes des résolutions et du gouvernement.

Le Congrès nous a échappé parce que nous avions trop de choses à gérer. Prof, Finn Nielsen et Wyoh étaient les têtes de file habituelles du Congrès ; Prof ne s’y montrait que lorsqu’il voulait prendre la parole, autrement dit fort rarement. Il passait son temps avec Mike à tirer des plans et à analyser la situation (les probabilités n’étaient plus que d’une sur cinq au cours du mois de septembre 2076), s’occupait de la propagande avec Stu et Terence Sheehan, filtrait les nouvelles officielles que nous laissions parvenir à Terra – fort différentes de celles que transmettait l’émetteur « clandestin » –, et établissait de nouvelles versions des informations qui nous venaient de Terra. Outre cela, il touchait absolument à tout ; j’allais tous les jours lui rendre compte, comme tous les ministres, les vrais, ainsi que les prête-noms.

J’ai donné beaucoup de travail à Finn Nielsen que j’avais nommé « commandant en chef des Forces armées ». Il lui fallait inspecter son infanterie armée de lasers : les six hommes munis des pistolets que nous avions pris le jour où nous avions coffré le Gardien étaient maintenant au nombre de huit cents, dispersés sur toute l’étendue de Luna, armés de contrefaçons fabriquées à Hong-Kong. Il ne fallait pas non plus oublier les organisations de Wyoh, le Corps aérien des Stilyagi, les Stilyagi Debs, les Dames de l’Hadès, les Irréguliers (que nous avions conservés et rebaptisés les « Pirates de Peter Pan », pour garder leur moral au beau fixe) et le Corps Lysistrata – toutes ces organisations paramilitaires rendaient compte à Finn par l’intermédiaire de Wyoh. Je lui avais refilé le boulot car j’avais moi-même autre chose à faire : en plus d’être un « homme d’État », je devais également me transformer en informaticien lorsqu’un travail comme celui d’installer l’ordinateur de la nouvelle catapulte s’imposait.

Au demeurant, je ne me considère pas comme un vrai dirigeant ; Finn, par contre, avait le goût du commandement. J’ai donc placé sous ses ordres le 1er et le 2e régiment d’artillerie ; j’avais rebaptisé ces deux régiments squelettiques des « brigades » et le juge Brody « brigadier ». Celui-ci s’y connaissait à peu près autant que moi – c’est-à-dire pas du tout – en matière d’armée, mais il était très connu, fort respecté et doté d’un solide bon sens. Et avant de perdre une jambe, il avait été foreur. Pas Finn, aussi avait-il été impossible de mettre les deux régiments directement sous ses ordres : ses hommes ne l’auraient même pas écouté. J’avais pensé utiliser pour cela mon co-mari Greg, mais on avait besoin de lui à la catapulte de la Mare Undarum – c’était le seul mécanicien à avoir suivi toutes les phases de la construction.

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