Читаем Révolte sur la Lune полностью

Le premier projectile aurait dû être destiné à la Grande Chine mais nous avons préféré frapper la perle du Directoire d’Amérique du Nord – Hawaï. Le jeunot a placé son projectile dans le triangle formé par Maui, Molokai et Lanai. Je n’ai pas eu à faire la programmation, Mike avait tout prévu.

Nous nous sommes ensuite dépêchés de jeter une dizaine de rochers, à une cadence accélérée (j’ai même dû sauter un programme car il y avait un vaisseau dans notre ciel) et nous avons dit à la Grande Chine quand et où regarder, c’est-à-dire toutes les villes côtières que nous avions épargnées la veille.

Nous n’avions plus qu’une douzaine de projectiles mais j’ai décidé qu’il valait mieux épuiser réellement nos munitions plutôt que de donner seulement l’idée qu’elles tiraient à leur fin. J’ai donc averti sept villes côtières de l’Inde, choisissant de nouveaux objectifs… tandis que Stu demandait poliment si Agra avait été évacuée. Dans le cas contraire, que les Terriens aient l’obligeance de nous le dire immédiatement (nous n’y avons finalement pas lancé de rocher).

Nous avons demandé à l’Égypte de dégager la zone du canal de Suez. Pur bluff : il ne nous restait que cinq projectiles.

Puis nous avons attendu.

Bombardement de Lahaina Roads, dans les îles Hawaï. Ça a fait un effet bœuf, Mike pouvait être fier de son élève.

Et nous avons encore patienté.

Il restait encore trente-sept minutes avant le premier impact sur la côte chinoise… quand la Grande Chine a soudain dénoncé les actions des N.F. et nous a reconnus et offert sa médiation. Je me suis même foulé un doigt en appuyant, in extremis, sur le bouton d’annulation.

J’ai continué à appuyer sur des touches, malgré mon doigt qui me faisait souffrir, pour annuler les programmes ; l’Inde nous a reconnus presque immédiatement après.

L’Égypte a suivi. Et les autres pays ont commencé à se presser à notre porte.

Stu a fait savoir à Terra que nous avions suspendu – mais pas annulé – les bombardements. Qu’ils retirent de notre ciel tous leurs vaisseaux, immédiatement, SANS DÉLAI ! et nous pourrons parler. Si leurs vaisseaux ne pouvaient pas revenir à leur base sans refaire le plein de carburant, ils seraient autorisés à se poser, mais à plus de 50 kilomètres des terriers indiqués sur la carte, puis ils devraient attendre que nous acceptions leur reddition. Mais que notre ciel soit évacué IMMÉDIATEMENT !

Après cet ultimatum, nous avons accordé un délai de grâce de quelques minutes pour permettre à un vaisseau de dépasser la ligne d’horizon. Nous ne voulions pas prendre de risques : une seule fusée et Luna serait restée sans défense.

Et nous avons encore attendu.

L’équipe de dépannage envoyée pour réparer le câble est alors revenue. Elle était allée presque jusqu’à Luna City, elle avait trouvé le point de rupture. Malheureusement un éboulis de plusieurs milliers de tonnes de roc empêchait toute réparation ; ils avaient fait ce qu’ils avaient pu, avaient regagné la surface, construit un relais provisoire dans la direction probable de Luna City et envoyé une douzaine de fusées de signalisation à des intervalles de dix minutes, espérant que quelqu’un les verrait, en comprendrait le sens et viserait ce relais. Y avait-il eu un message ?

Non.

Nous avons attendu.

L’équipe de veille à vue est arrivée pour faire son rapport : le vaisseau qui avait traversé notre ciel à dix-neuf reprises avec la régularité d’une horloge ne s’était pas montré à l’heure voulue. Dix minutes plus tard, on nous a signalé qu’un autre vaisseau, lui aussi, avait manqué au rendez-vous.

Nous avons attendu, et écouté.

La Grande Chine, se faisant le porte-parole de toutes les puissances ayant le droit de veto, acceptait un armistice et nous annonçait que notre ciel se trouvait maintenant entièrement dégagé. Leonore pleurait à chaudes larmes ; elle embrassait tous les gens qui passaient à sa portée.

Il nous a fallu un certain temps pour nous calmer (un homme est incapable de penser correctement quand des femmes s’agrippent à son cou et surtout quand cinq de ces femmes ne sont pas ses épouses…). Cinq minutes plus tard, après avoir repris mes esprits, j’ai déclaré :

— Stu, je veux que vous alliez immédiatement à Luna City. Rassemblez votre équipe. Pas de femmes : vous allez être obligés de voyager en surface pour les derniers kilomètres. Voyez ce qui s’y passe, mais commencez surtout à établir un relais avec celui que nous avons posé et téléphonez-moi.

— Compris, monsieur !

Nous lui avons fourni tout l’équipement nécessaire à un voyage pénible – des bouteilles d’air supplémentaires, un abri de secours et tout le reste, quand tout à coup, la Terre m’a appelé, moi… sur la fréquence que nous écoutions parce que – ce que j’appris plus tard – ce message était retransmis sur toutes les ondes disponibles :

« Message personnel, de Prof à Mannie. Mots de passe : Prise de la Bastille et Le gamin de Sherlock. Venez immédiatement. Votre voiture vous attend au nouveau relais. Message personnel, de Prof à…»

Et le message repassait sans arrêt.

— Harry !

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