Читаем Révolte sur la Lune полностью

Stu a ouvert le débat :

— Monsieur le Premier ministre, je ne crois pas que nous devrions frapper la Grande Chine.

— Laissez tomber les titres, Stu. Je joue peut-être un rôle, mais en tout cas, je n’ai pas de temps à perdre avec des formalités.

— Très bien. Puis-je expliquer mon point de vue ?

— Plus tard. (J’ai exposé d’abord ce que j’avais fait pour nous donner plus de temps ; il a acquiescé en silence.) Ce qui nous gêne le plus, c’est que nous sommes privés de tout moyen de communiquer soit avec Luna City, soit avec la Terre. Greg, des nouvelles de l’équipe de dépannage ?

— Elle n’est pas encore rentrée.

— Si la rupture se trouve à proximité de Luna City, ça peut prendre assez longtemps, à condition qu’ils puissent encore réparer les câbles. Nous devons donc agir comme si nous étions seuls. Greg, disposes-tu de quelque technicien capable de nous bricoler un émetteur radio pour parler avec la Terre ? Du moins par l’intermédiaire de leurs satellites, pour ne pas avoir besoin d’une antenne trop grande. Je peux d’ailleurs donner un coup de main, sans compter que l’informaticien que je t’ai envoyé n’est pas trop mauvais. (Et même bon : c’était le pauvre type que j’avais autrefois faussement accusé d’avoir permis à une mouche de se promener dans les circuits de Mike. Je l’avais affecté à ce poste.)

— Harry Biggs, le directeur de mon usine électrique, peut faire n’importe quoi dans ce domaine, m’a répondu Greg, songeur. S’il a le matériel nécessaire.

— Qu’il se mette au boulot. Nous pouvons nous permettre de détruire n’importe quoi, sauf le radar et l’ordinateur, dès que la catapulte aura éjecté tous les projectiles. Combien nous en reste-t-il ?

— Vingt-trois, et nous n’avons plus d’acier.

— Il faut donc, avec vingt-trois projectiles, gagner ou perdre. Qu’on se prépare immédiatement à les charger ; il se peut que nous les lancions aujourd’hui.

— Ils sont déjà prêts. Nous pouvons les charger en un clin d’œil.

— Parfait. Autre chose : je ne sais pas s’il y a un croiseur des N.F. – il peut même y en avoir plus d’un – dans notre ciel. Et j’ai peur de regarder au radar, car ça pourrait trahir notre position. Il faut donc organiser une surveillance spatiale. Peux-tu trouver des volontaires dans tes rangs pour guetter à vue ?

Leonore a pris la parole :

— Je suis volontaire !

— Merci, chérie, accepté.

— Nous en trouverons, a dit Greg. Inutile de risquer nos femmes.

— Si, Greg ; il faut que tout le monde s’y mette.

J’ai alors expliqué ce que je désirais : la Mare Undarum se trouvait maintenant dans l’obscurité de la semi-lunaison ; le soleil s’était couché. La frontière invisible qui séparait la lumière du soleil et l’ombre de Luna s’étirait au-dessus de nous, en un point précis. Les vaisseaux traversant notre ciel nous apparaîtraient brusquement à l’ouest et disparaîtraient tout aussi vite vers l’est. La portion visible de leur orbite irait de l’horizon à un point donné du ciel. Si l’on pouvait, à l’œil nu, définir ces deux points extrêmes, en repérer un d’après quelque relief du sol et l’autre d’après la position des étoiles, mesurer approximativement la durée du passage en comptant les secondes, alors le jeunot pourrait commencer à faire ses calculs : qu’ils passent deux fois seulement à portée de vue et le jeunot connaîtrait et la période et la courbe précise de l’orbite. Je saurais alors à peu près quand se servir sans risque du radar, de la radio et de la catapulte. Je ne voulais pas, en effet, expédier un projectile tant qu’un vaisseau des N.F. se trouverait au-dessus de l’horizon, afin qu’il ne puisse pas nous repérer avec son radar.

Je me montrais peut-être trop prudent, mais rendez-vous bien compte que cette catapulte, ce radar unique et ces deux douzaines de projectiles représentaient tout ce qui pouvait encore permettre à Luna d’éviter la défaite totale, que notre dernière chance consistait à ne pas leur laisser savoir ce que nous avions ni où nous nous trouvions. Il nous fallait donner l’impression de pouvoir bombarder sans arrêt Terra avec des fusées, qu’ils comprennent que nous le faisions au moyen d’un engin dont ils ne soupçonnaient pas l’existence et qu’ils étaient incapables de localiser.

Seul problème : les Lunatiques, pour la plupart, ne connaissent rien à l’astronomie. Normal, puisque nous habitons des cavernes et que nous n’allons en surface qu’en cas de nécessité absolue. Nous avons quand même eu de la chance : il y avait un astronome amateur dans l’équipe de Greg, un type qui avait travaillé un certain temps à l’observatoire de Richardson. Je lui ai exposé mes plans, je lui ai confié le travail et l’ai laissé se débrouiller pour montrer lui-même à ses hommes comment identifier les étoiles. Je me suis occupé de tout ça avant de revenir à notre conseil de guerre.

— Alors, Stu ? Pourquoi ne frapperions-nous pas la Grande Chine ?

— J’attends toujours des nouvelles du docteur Chan. J’ai reçu un message ; il a téléphoné juste avant l’interruption de nos communications.

— Mais, pourquoi ne pas m’en avoir parlé ?

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