J ’ai 'ecrit presque toute la matin'ee du lundi, le coeur et la t^ete toujours remplis d’elle. Je suis sorti `a midi et demi pour aller chez Noroff que je n’ai pas trouv'e `a la maison. Ensuite, je suis entr'e chez Slenine, par d'esoeuvrement, et j’y ai trouv'e mon colonel `a la jambe de bois. Il parcourait quelques ouvrages italiens. Nous sommes all'es d'ejeuner chez Talon; puis nous sommes mont'es chez Pluchard o`u nous avons encore parcouru quelques uns de nos chers italiens en attendant le droschki du colonel. Le droschki arriv 'e nous avons 'et'e rentr'es `a terre chez lui pour prendre la pi`ece de vers que je dois lire pour lui dans la soci'et'e. Il me charme de plus en plus cet aimable colonel; pas ombre de la morgue militaire, beaucoup de pr'evenance et d’honn^etet'es; une conversation vari'ee et instructive, il ne para^it pas aussi savant qu’il l’est en effet. Voil`a des gens que j’aime parceque j’aime `a ^etre toujours avec des gens qui valent mieux que moi: c’est une esp`ece d’'ego"isme, j’en conviens, je gagne ici tandis que je perds mon temps et mes paroles avec ceux que sont plus b^etes que moi. Je suis s^ur qu’on est aussi dans les m^emes rapports envers moi, parce que c’est le
A 7 heures je suis venu chez Yakowleff: nous avons encore parl 'e d’elle; c’est elle qui fait les d'elices de ma conversation. Mais je t^ache bien de cacher `a Yakowleff mes v'eritables sentiments, qui tout p'en'etrant qu’il est ne s’en dou-te gu`ere. Je crois que nous trompons l’un l’autre.
A 8. Je suis all 'e `a la Soci'et'e; j’ai insist'e qu’on 'elit Noroff comme membre effectif; lorsqu’on est venu en scrutin, il s’est trouv'e qu’il y avait 15 votes pour et un seul contre sa r'eception; il a donc 'et'e 'elu presque `a l’unani-mit'e. J’ai remis `a Glynka l’'epitre de Noroff `a Panayeff o`u il lui dit que la nature humaine se d'et'eriore de plus en plus; beaux vers `a quelques incorrections du style pr`es. Glynka l’a lu dans la s'eance m^eme, et tout le monde l’a approuv'e.