Читаем Sans famille полностью

Après être revenu d’une douzaine de brasses en arrière, je plongeai et retrouvai le rail. C’était donc là qu’était la bifurcation. Je cherchai la plaque, je ne la trouvai pas ; je cherchai les ouvertures qui devaient être dans la galerie ; à droite comme à gauche je rencontrai la paroi. Où était le rail ?

Je le suivis jusqu’au bout ; il s’interrompait brusquement.

Alors je compris que le chemin de fer avait été arraché, bouleversé par le tourbillon des eaux et que je n’avais plus de guide.

Dans ces conditions, mon projet devenait impossible, et je n’avais plus qu’à revenir sur mes pas.

J’avais déjà parcouru la route, je savais qu’elle était sans danger, je nageai rapidement pour regagner la remontée : les voix me guidaient.

À mesure que je me rapprochais il me semblait que ces voix étaient plus assurées, comme si mes camarades avaient pris de nouvelles forces.

Je fus bientôt à l’entrée de la remontée et je criai à mon tour.

— Arrive, arrive, me dit le magister.

— Je n’ai pas trouvé le passage.

— Cela ne fait rien ; la descente avance, ils entendent nos cris, nous entendons les leurs ; nous allons nous parler bientôt.

Rapidement j’escaladai la remontée et j’écoutai. En effet les coups de pic étaient beaucoup plus forts ; et les cris de ceux qui travaillaient à notre délivrance nous arrivaient faibles encore, mais cependant déjà bien distincts.

Après le premier mouvement de joie, je m’aperçus que j’étais glacé, mais, comme il n’y avait pas de vêtements chauds à me donner pour me sécher on m’enterra jusqu’au cou dans le charbon menu, qui conserve toujours une certaine chaleur, et l’oncle Gaspard avec le magister se serrèrent contre moi. Alors je leur racontai mon exploration et comment j’avais perdu les rails.

— Tu as osé plonger ?

— Pourquoi pas ? malheureusement, je n’ai rien trouvé.

Mais, ainsi que l’avait dit le magister cela importait peu maintenant ; car, si nous n’étions pas sauvés par la galerie nous allions l’être par la descente.

Les cris devinrent assez distincts pour espérer qu’on allait entendre les paroles.

En effet, nous entendîmes bientôt ces trois mots prononcés lentement :

— Combien êtes-vous ?

De nous tous c’était l’oncle Gaspard qui avait la parole la plus forte et la plus claire. On le chargea de répondre.

— Six !

Il y eut un moment de silence. Sans doute au dehors ils avaient espéré un plus grand nombre.

— Dépêchez-vous, cria l’oncle Gaspard, nous sommes à bout.

— Vos noms ? Il dit nos noms :

— Bergounhoux, Pagès, le magister, Carrory, Rémi, Gaspard.

Dans notre sauvetage, ce fut là, pour ceux qui étaient au dehors, le moment le plus poignant. Quand ils avaient su qu’on allait bientôt communiquer avec nous, tous les parents, tous les amis des mineurs engloutis étaient accourus, et les soldats avaient grand’peine à les contenir au bout de la galerie.

Quand l’ingénieur annonça que nous n’étions que six, il y eut un douloureux désappointement, mais avec une espérance encore pour chacun, car parmi ces six pouvait, devait se trouver celui qu’on attendait.

Il répéta nos noms.

Hélas ! sur cent vingt mères ou femmes, il y en eut quatre seulement qui virent leurs espérances réalisées. Que de douleurs, que de larmes !

Nous de notre côté nous pensions aussi à ceux qui avaient du être sauves.

— Combien ont été sauvés ? demanda l’oncle Gaspard. On ne répondit pas.

— Demande où est Marius, dit Pagès.

La demande fut faite ; comme la première, elle resta sans réponse.

— Ils n’ont pas entendu.

— Dis plutôt qu’ils ne veulent pas répondre. Il y avait une question qui me tourmentait.

— Demandez donc depuis combien de temps nous sommes là.

— Depuis quatorze jours.

Quatorze jours ! Celui de nous qui dans ses évaluations avait été le plus haut avait parlé de cinq ou six jours.

— Vous ne resterez pas longtemps maintenant. Prenez courage. Ne parlons plus, cela retarde le travail. Encore quelques heures.

Ce furent, je crois, les plus longues de notre captivité, en tous cas de beaucoup les plus douloureuses. Chaque coup de pic nous semblait devoir être le dernier ; puis, après ce coup, il en venait un autre, et après cet autre un autre encore.

De temps en temps les questions reprenaient.

— Avez-vous faim ?

— Oui, très-faim.

— Pouvez-vous attendre ? si vous êtes trop faibles, on va faire un trou de sonde et vous envoyer du bouillon, mais cela va retarder votre délivrance ; si vous pouvez attendre vous serez plus promptement en liberté.

— Nous attendrons, dépêchez-vous.

Le fonctionnement des bennes ne s’était pas arrêté une minute, et l’eau baissait, toujours régulièrement.

— Annonce que l’eau baisse, dit le magister.

— Nous le savons ; soit par la descente, soit par la galerie ; on va venir à vous… bientôt.

Les coups de pic devinrent moins forts. Évidemment on s’attendait d’un moment à l’autre à faire une percée, et comme nous avions expliqué notre position, on craignait de causer un éboulement qui, nous tombant sur la tête, pourrait nous blesser, nous tuer, ou nous précipiter dans l’eau, pêle-mêle avec les déblais.

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