Читаем Sans famille полностью

Cent vingt-huit francs que nous avions en caisse et dix-huit francs gagnés par Mattia, cela faisait un total de cent quarante-six francs ; il ne manquait donc plus que quatre francs pour acheter la vache du prince.

Bien que je ne voulusse pas travailler aux mines, ce ne fut pas sans chagrin que je quittai Varses, car il fallut me séparer d’Alexis, de l’oncle Gaspard et du magister ; mais c’était ma destinée de me séparer de ceux que j’aimais et qui me témoignaient de l’affection.

En avant !

La harpe sur l’épaule et le sac au dos, nous voilà de nouveau sur les grands chemins avec Capi joyeux qui se roule dans la poussière.

J’avoue que ce ne fut pas sans un sentiment de satisfaction, lorsque nous fûmes sortis de Varses, que je frappai du pied la route sonore, qui retentissait autrement que le sol boueux de la mine : le bon soleil, les beaux arbres !

Avant notre départ, nous avions, Mattia et moi, longuement discuté notre itinéraire, car je lui avais appris à lire sur les cartes et il ne s’imaginait plus que les distances n’étaient pas plus longues pour les jambes qui font une route, que pour le doigt qui sur une carte va d’une ville à une autre. Après avoir bien pesé le pour et le contre, nous avions décidé qu’au lieu de nous diriger directement sur Ussel et de là sur Chavanon, nous passerions par Clermont, ce qui n’allongerait pas beaucoup notre route et ce qui nous donnerait l’avantage d’exploiter les villes d’eaux, à ce moment pleines de malades, Saint-Nectaire, le Mont-Dore, Royat, la Bourboule. Pendant que je faisais le métier de rouleur, Mattia dans son excursion avait rencontré un montreur d’ours qui se rendait à ces villes d’eaux, où, avait-il dit, on pouvait gagner de l’argent. Or Mattia voulait gagner de l’argent, trouvant que cent cinquante francs pour acheter une vache, ce n’était pas assez. Plus nous aurions d’argent, plus la vache serait belle, plus la vache serait belle, plus mère Barberin serait contente, et plus mère Barberin serait contente, plus nous serions heureux de notre côté.

Il fallait donc nous diriger vers Clermont.

En venant de Paris à Varses, j’avais commencé l’instruction de Mattia, lui apprenant à lire et lui enseignant aussi les premiers éléments de la musique, de Varses à Clermont, je continuai mes leçons.

Soit que je ne fusse pas un très-bon professeur, — ce qui est bien possible, — soit que Mattia ne fût pas un bon élève, — ce qui est possible aussi, — toujours est-il qu’en lecture les progrès furent lents et difficiles, ainsi que je l’ai déjà dit.

Mattia avait beau s’appliquer et coller ses yeux sur le livre, il lisait toutes sortes de choses fantaisistes qui faisaient plus d’honneur à son imagination qu’à son attention.

Alors quelquefois l’impatience me prenait et, frappant sur le livre, je m’écriais avec colère que décidément il avait la tête trop dure.

Sans se fâcher, il me regardait avec ses grands yeux doux, et souriant :

— C’est vrai, disait-il, je ne l’ai tendre que quand on cogne dessus : Garofoli, qui n’était pas bête, avait tout de suite trouvé cela.

Comment rester on colère devant une pareille réponse ? Je riais et nous reprenions la leçon.

Mais en musique les mêmes difficultés ne s’étaient pas présentées, et dès le début Mattia avait fait des progrès étonnants, et si remarquables, que bien vite il en était arrivé à m’étonner par ses questions ; puis après m’avoir étonné, il m’avait embarrassé, et enfin il m’avait plus d’une fois interloqué au point que j’étais resté court.

Et j’avoue que cela m’avait vexé et mortifié ; je prenais au sérieux mon rôle de professeur, et je trouvais humiliant que mon élève m’adressât des questions auxquelles je ne savais que répondre ; il me semblait que c’était jusqu’à un certain point tricher.

Et il ne me les épargnait pas les questions, mon élève :

— Pourquoi n’écrit-on pas la musique sur la même clef ?

— Pourquoi emploie-t-on les dièzes en montant et les bémols en descendant ?

— Pourquoi la première et la dernière mesure d’un morceau ne contiennent-elles pas toujours le nombre de temps régulier ?

— Pourquoi accorde-t-on un violon sur certaines notes plutôt que sur d’autres ?

À cette dernière question j’avais dignement répondu que le violon n’étant pas mon instrument, je ne m’étais jamais occupé de savoir comment on devait ou l’on ne devait pas l’accorder, et Mattia n’avait eu rien à répliquer.

Mais cette manière de me tirer d’affaire n’avait pas été de mise avec des questions comme celles qui se rapportaient aux clefs ou aux bémols : cela s’appliquait tout simplement à la musique, à la théorie de la musique ; j’étais professeur de musique, professeur de solfège, je devais répondre ou je perdais, je le sentais bien, mon autorité et mon prestige ; or, j’y tenais beaucoup à mon autorité et à mon prestige.

Alors, quand je ne savais pas ce qu’il y avait à répondre, je me tirais d’embarras comme l’oncle Gaspard, quand lui demandant ce que c’était que le charbon de terre, il me disait avec assurance : c’est du charbon qu’on trouve dans la terre.

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