Читаем Sans famille полностью

Il y avait à peu près une heure que nous étions seuls, lorsqu’on frappa à la porte ; mon père alla ouvrir et il rentra accompagné d’un monsieur qui ne ressemblait pas aux amis qu’il recevait ordinairement : celui-là était bien réellement ce qu’en Angleterre on appelle un gentleman, c’est-à-dire un vrai monsieur, élégamment habillé et de physionomie hautaine, mais avec quelque chose de fatigué ; il avait environ cinquante ans ; ce qui me frappa le plus en lui, ce fut son sourire qui, par le mouvement des deux lèvres, découvrait toutes ses dents blanches et pointues comme celles d’un jeune chien : cela était tout à fait caractéristique, et, en le regardant, on se demandait si c’était bien un sourire qui contractait ainsi ses lèvres, ou si ce n’était pas plutôt une envie de mordre.

Tout en parlant avec mon père en anglais, il tournait à chaque instant les yeux de mon côté ; mais quand il rencontrait les miens il cessait aussitôt de m’examiner.

Après quelques minutes d’entretien, il abandonna l’anglais pour le français, qu’il parlait avec facilité et presque sans accent.

— C’est là le jeune garçon dont vous m’avez entretenu ? dit-il à mon père en me désignant du doigt ; il paraît bien portant.

— Réponds-donc, me dit mon père.

— Vous vous portez bien ? me demanda le gentleman.

— Oui, monsieur.

— Vous n’avez jamais été malade ?

— J’ai eu une fluxion de poitrine.

— Ah ! ah ! et comment cela ?

— Pour avoir couché une nuit dans la neige par un froid terrible ; mon maître, qui était avec moi, est mort de froid ; moi j’ai gagné cette fluxion de poitrine.

— Il y a longtemps ?

— Trois ans.

— Et depuis, vous ne vous êtes pas ressenti de cette maladie ?

— Non.

— Pas de fatigues, pas de lassitudes, pas de sueurs dans la nuit ?

— Non, jamais ; quand je suis fatigué, c’est que j’ai beaucoup marché, mais cela ne me rend pas malade.

— Et vous supportez la fatigue facilement ?

— Il le faut bien.

Il se leva, et vint à moi ; alors il me tâta le bras, puis il posa la main sur mon cœur, enfin il appuya sa tête dans mon dos et sur ma poitrine en me disant de respirer fort, comme si j’avais couru ; il me dit aussi de tousser.

Cela fait, il me regarda en face attentivement assez longtemps, et ce fut à ce moment que j’eus l’idée qu’il devait aimer à mordre, tant son sourire était effrayant.

Sans rien me dire, il reprit sa conversation en anglais avec mon père, puis après quelques minutes ils sortirent tous les deux, non par la porte de la rue, mais par celle de la remise.

Resté seul je me demandai ce que signifiaient les questions de ce gentleman ; voulait-il me prendre à son service ? mais alors il faudrait me séparer de Mattia et de Capi ! et puis j’étais bien décidé à n’être le domestique de personne, pas plus de ce gentleman qui me déplaisait, que d’un autre qui me plairait.

Au bout d’un certain temps, mon père rentra ; il me dit qu’ayant à sortir, il ne m’emploierait pas comme il en avait eu l’intention, et que j’étais libre d’aller me promener si j’en avais envie.

Je n’en avais aucune envie ; mais que faire dans cette triste maison ? Autant se promener que de rester à s’ennuyer.

Comme il pleuvait, j’entrai dans notre voiture pour y prendre ma peau de mouton : quelle fut ma surprise de trouver là Mattia ; j’allais lui adresser la parole ; il mit sa main sur ma bouche, puis à voix basse :

— Va ouvrir la porte de la remise, je sortirai doucement derrière toi, il ne faut pas qu’on sache que j’étais dans la voiture.

Ce fut seulement quand nous fûmes dans la rue que Mattia se décida à parler :

— Sais-tu quel est le monsieur qui était avec ton père tout à l’heure ? me dit-il. M. James Milligan, l’oncle de ton ami Arthur.

Comme je restais immobile au milieu de la rue, il me prit par le bras, et tout en marchant il continua :

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