Читаем Sept jours pour une éternité… полностью

– Dans la chemise bleue, vous trouverez aussi une fiche d'informations détaillées sur notre candidat à une riche retraite. Il passe tous ses week-ends au lac Tahoe, il est criblé de dettes. Débrouillez-vous pour m'obtenir au plus vite un rendez-vous avec lui. Imposez un lieu très confidentiel, et laissez-moi faire le reste.

Heurt compulsa nerveusement les folios du dossier. Il regarda Lucas, médusé, et fronça les sourcils.

– À New York, vous faisiez de la politique?

La porte se referma.

L'ascenseur était sur le palier, Lucas le laissa repartir à vide. Il sortit son portable, l'alluma et composa fébrilement le numéro de sa messagerie vocale. «Vous n'avez pas de nouveau message», répéta par deux fois la voix aux intonations de robot. Il raccrocha et fit rouler la molette de son téléphone jusqu'à afficher la petite enveloppe texto: elle était vide. Il coupa l'appareil et entra dans la cabine. Quand il ressortit dans le parking, il s'avoua que quelque chose qu'il n'arrivait pas à identifier le troublait: un infime battement au creux de sa poitrine qui résonnait jusque dans ses tempes.


*


Le concile durait depuis plus de deux heures. Les repercussions de la chute de Gomez au fond de la cale du Valparaiso prenaient des proportions inquiétantes. L'homme était toujours en réanimation. Toutes les heures, Manca téléphonait à l'hôpital pour s'enquérir de son état: les médecins réservaient encore leur diagnostic. Si le calier venait à décéder, personne ne pourrait plus contrôler la colère qui grondait sourdement sur les quais. Le chef du syndicat de la côte ouest s'était déplacé pour assister à la réunion. Il se leva pour se resservir une tasse de café. Zofia en profita pour quitter discrètement la salle où se tenaient les débats. Elle sortit du bâtiment et s'éloigna de quelques pas pour se cacher derrière un container. A l'abri des regards indiscrets, elle composa un numéro. L'annonce du répondeur était brève: «Lucas», suivait immédiatement le bip.

– C'est Zofia, je suis libre ce soir, rappelez-moi pour me dire comment nous nous retrouverons. À tout à l'heure.

En raccrochant, elle regarda son téléphone portable et, sans vraiment savoir pourquoi, elle sourit.

À la fin de l'après-midi, les délégués avaient reporté à l'unanimité leur décision. Il leur faudrait du temps pour y voir plus clair. La commission d'enquête ne publierait son expertise sur les causes du drame que tard dans la nuit et le San Francisco Memorial Hospital attendait également le bilan médical du matin à venir pour se prononcer sur les chances de survie du docker. En conséquence, la séance fut levée et reportée au lendemain. Manca convoquerait les membres du bureau dès qu'il aurait reçu les deux rapports, et une assemblée générale se tiendrait aussitôt après.

Zofia avait besoin de prendre le grand air. Elle s'accorda quelques minutes de répit pour marcher le long du quai. À quelques pas, la proue rouillée du Valparaiso se balançait au bout de ses amarres, le navire était enchaîné comme un animal de mauvais augure. L'ombre du grand cargo se reflétait par intermittence sur les nappes huileuses qui ondulaient au gré du clapot. Le long des coursives, des hommes en uniforme allaient et venaient, s'activant à toutes sortes d'inspections. Le commandant du vaisseau les observait, appuyé à la balustrade de sa vigie. À en juger par la façon dont il lança sa cigarette par-dessus bord, il y avait fort à craindre que les heures à venir ne soient encore plus troubles que les eaux dans lesquelles le mégot s'étiola. La voix de Jules rompit la solitude du lieu que les mouettes ébréchaient de leurs cris.

– Ça ne donne pas envie de faire un plongeon, n'est-ce pas? Sauf si c'est le grand!

Zofia se retourna et le détailla tendrement. Ses yeux bleus étaient usés, sa barbe insolente, ses vêtements défraîchis, mais le dénuement n'ôtait rien à son charme. Chez cet homme, l'élégance se portait au fond du cœur. Jules avait enfoui ses mains dans les poches de son vieux pantalon de tweed aux motifs à carreaux.

– C'est du prince-de-galles, mais je crois qu'il y a pas mal de temps que le prince s'est fait la malle.

– Et votre jambe?

– Disons qu'elle tient toujours à côté de l'autre et que ce n'est déjà pas si mal.

– Vous avez fait refaire le pansement?

– Et toi, comment vas-tu?

– Un petit mal de tête, cette réunion n'en finissait plus.

– Un peu mal au cœur aussi?

– Non, pourquoi?

– Parce qu'aux heures auxquelles tu traînes par ici ces derniers temps, je doute que ce soit pour venir prendre le soleil.

– Ça va, Jules, j'avais juste envie d'un peu d'air frais.

– Et le plus frais que tu aies trouvé, c'est autour d'un bassin qui pue le poisson crevé. Mais je suppose que tu dois avoir raison: tu vas très bien!

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