Читаем Sur la dalle полностью

— La plus ancienne carte sera la bonne, dit Adamsberg en les passant en revue. Voilà, il y a cinquante-quatre ans, on a un Hervé Pouliquen, né à Combourg. La photo est celle d’un enfant de deux à trois ans. Nouvelle carte à dix-neuf ans, au même nom, domicilié à Rennes. C’est bien ce que nous a dit Josselin. C’est donc au collège de Combourg et au lycée de Rennes qu’il s’est lié avec Pierre Robic et Pierre Le Guillou. Quoi d’autre, Matthieu ?

— Des lettres d’amour de sa jeunesse et des photos de famille apparemment.

— On laisse les lettres d’amour et les souvenirs de famille, et on embarque le reste à Rennes, avec notre gars, pour interrogatoire. On emmène Retancourt, elle est témoin de l’attaque. Il faut qu’on ait compté le fric avant de l’interroger.

Les deux commissaires rejoignirent Berrond et Retancourt qui bavardaient paisiblement comme si de rien n’était tandis qu’Hervé Pouliquen continuait à brailler au sol sous son bâillon en se démenant en tous sens. La prouesse sportive de Retancourt, telle qu’Adamsberg la conta à Berrond, accrut l’admiration qu’il vouait au lieutenant. Il était désolé d’avoir manqué cela.

— Mais, insista Berrond en interrogeant Retancourt, comment peut-on mettre un type à terre alors qu’il pointe son canon ?

— Mais je vous ai dit, lieutenant, je jouais sur du velours. Sa main était contre mon épaule, je n’avais qu’à lui tordre le poignet. Je crois que je lui en ai foutu un sacré coup d’ailleurs. Ensuite il n’y a plus qu’à faire basculer le type en avant en s’accrochant à son bras comme à une poignée de bagage. Franchement ça n’a pas été sorcier.

— Quand même, murmura Berrond, quand même.

— Toi, dit Retancourt en secouant Hervé Pouliquen par le bras, arrête de gueuler, tu nous casses la tête. Si je ne me retenais pas, tu prendrais un bon coup de crosse sur le crâne, ça te ferait dormir un moment.

L’équipe se répartit entre les trois voitures, une seule allant au commissariat de Rennes avec le prisonnier et les deux commissaires qui se préparaient pour l’interrogatoire.

— Je crains, dit Adamsberg, qu’un homme de Robic ne lâche rien d’intéressant. Le patron est capable de le faire tuer, même en cellule. Et tous le savent.

Avant de faire entrer Hervé Pouliquen, Adamsberg avait pris soin de ranger dans l’armoire toutes les pièces à conviction, hors de vue. L’homme s’assit donc devant une table nette, face aux deux commissaires. Il espéra un moment que les flics n’avaient pas mis la main sur le coffre.

— Hervé Pouliquen, ou Gilles Lambert selon votre dernière carte d’identité, commença Matthieu, vous faites l’objet d’un interrogatoire à titre de suspect dans l’assassinat du docteur Loig Jaffré, perpétré dans la soirée du vendredi 5 mai, de coupable de nombreux cambriolages, recel d’argent, bijoux volés, détention de faux papiers et divers délits que l’on examinera plus tard.

— Connais pas ce Jaffré, dit Lambert de sa voix rocailleuse, en haussant les épaules.

— C’est exact, vous ne le connaissiez pas. Mais vous avez agi sur ordre et muni de toutes les instructions.

Adamsberg écoutait pour la première fois Matthieu s’exprimer en langage officiel, ce qui n’était pas son fort, et le laissait donc commencer l’interrogatoire en bonne et due forme.

— Ouais ? Et depuis quand on tue un inconnu sur demande ?

— Depuis que cela rapporte de l’argent.

— J’en ai pas, d’argent. Vous pouvez vérifier sur mon compte en banque.

— C’est déjà fait. Vous avez agi sur les ordres de votre patron, Pierre Robic, domicilié à Combourg.

— Connais pas.

— Vous le connaissez si bien que vous étiez ensemble au collège de Combourg et au lycée de Rennes. Les témoignages des chefs d’établissement en font foi, sur la base de leurs registres et des photos de classe.

— Vous passez sept ans dans les mêmes classes que Pierre Robic et son nom ne vous dit rien ? intervint Adamsberg. Alors que vous ne le quittiez pas, lui et sa bande de fripouilles ? Ça ne s’appelle même plus un trou de mémoire, mais un cratère.

— S’ils ont un Gilles Lambert sur leurs registres, je veux bien être pendu.

— Je vous l’accorde, puisque Gilles Lambert n’est pas votre nom véritable. N’est-ce pas ? Mais on reviendra là-dessus plus tard. Pour le moment, il s’agit de l’assassinat du docteur Jaffré.

Gilles s’agitait sur sa chaise, frottant son poignet douloureux que le médecin avait bandé. Il n’aimait pas qu’Adamsberg l’interroge, quelque chose chez ce flic perturbait ses défenses naturelles.

— Vous avez garé votre véhicule au fond d’une chaussée pavée bordant la propriété du docteur, dit Matthieu. On suit les traces de sang depuis le lieu du meurtre jusqu’à la chaussée, et on en retrouve à l’emplacement où vous aviez parqué le véhicule. Sang qui – nous venons de recevoir les analyses du laboratoire – correspond bien à celui du docteur.

— Ma voiture n’a pas bougé de son garage, cria Lambert.

— Bien sûr que si.

Adamsberg se leva, ouvrit l’armoire et déposa délicatement un sac en plastique sur la table.

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