Читаем Sur la dalle полностью

— Certes. Et je ne vois pas, une fois encore, l’intérêt qu’avait Gaël à rappeler cette scène. Quant à la suite, elle n’est pas intelligible. On ne sait pas qui est mort, on ne sait pas à quoi ou à qui se réfère ce « laissons… gar… ». Mais malgré les invraisemblances de cette phrase, on ne peut pas nier qu’il ait prononcé mon nom avant toute autre chose. Si bien, conclut Josselin en se redressant sur sa chaise, que je suis à votre disposition, commissaire.

— Un détail important, tout de même, dit Matthieu sans paraître avoir entendu cette dernière phrase. Nous devons également supposer que le couteau a pu vous être volé.

— Dans quel but ?

— Celui de vous incriminer.

— Je n’ai pas d’ennemi à Louviec.

— Sauf Joumot, qui vous hait plus que jamais. Et qui sait, comme tout le monde, que Gaël est à l’auberge presque chaque soir. Il sait tout hélas, c’est son sale boulot. Il sait à quelle heure Catherine vient.

— De onze heures à quatorze heures. Elle me sert mon déjeuner et prépare le repas du soir. Je ne sais pas cuisiner.

— Et vous, monsieur de Chateaubriand, à quelle heure vous absentez-vous ?

— Presque tous les matins, à la saison des champignons. Je pars assez tôt et la maison est donc vide de neuf à onze heures. Après le repas, je me rends entre quatorze heures trente et seize heures chez le petit Germain et chez Victor, tous deux handicapés et déscolarisés.

— Vous y allez tous les jours à la même heure ?

— Je n’y manque jamais, sauf les week-ends.

— Ce que tout le monde sait à Louviec.

— Évidemment. Puis je donne des cours à domicile de dix-sept à dix-huit heures trente.

— Et tout le monde sait que vous ne fermez jamais votre porte en journée.

— À quoi bon ? Il m’arrive même souvent de l’oublier le soir. Si bien qu’après les cours, quand je pars à vélo faire un tour et prendre au passage du pain ou du lait pour le lendemain, la maison est vacante pendant une bonne heure. Détails dérisoires, commissaire, mais que je vous donne si vous souhaitez vérifier auprès des commerçants.

— Et c’est donc un jeu d’enfant que de venir prendre votre couteau. Par exemple le mardi en début d’après-midi, le jour même du meurtre, quand vous faites cours aux enfants hadicapés.

— Rien de plus simple. Mais je ne vois pas Joumot voler mon couteau et tuer Gaël pour le simple motif de me mettre un meurtre sur le dos.

— Et pourquoi pas ?

— Parce que c’est un lâche, un perfide. Mais pas un homme d’action.

— Je ne vous suis pas. Je vous offre un suspect sur un plateau, et vous le défendez.

— Pas une seconde. Je vous dis ce que je pense de ce type, affaire d’honnêteté. Qu’il ait des envies de meurtre, c’est possible. Quant à les appliquer, c’est bien autre chose, dont je le crois incapable.

— Je vous remercie de votre coopération, monsieur de Chateaubriand, dit Matthieu en se levant. Vous pouvez disposer.

— Vous me laissez aller ? Alors que Gaël m’accuse ?

— C’est cela.

<p>V</p>

Adamsberg retrouva Matthieu à dix-neuf heures à l’auberge. Une sieste l’avait aidé à récupérer tandis que le commissaire de Rennes semblait épuisé.

— Interrogatoire sur interrogatoire, crevé, dit-il en prenant place à sa table habituelle. Qu’as-tu pensé de Josselin ?

— Qu’à première vue, il n’a rien à cacher. Je ne suis certain de rien mais il semblait réellement éberlué, choqué même, d’apprendre le meurtre de Gaël. Cela n’avait rien d’un faux-semblant. Et il était si facile de rafler son couteau. Tu as réinterrogé la Serpentin je suppose ?

— J’ai d’abord fait le tour des jacasseuses qui s’empressent autour d’elle. Quatre d’entre elles, quatre, ont sonné chez elle avant-hier mardi entre deux heures quinze et trois heures et demie – sa boutique est fermée à cette heure.

Matthieu consulta son carnet. La fatigue faisait trembler légèrement ses doigts.

— Tu devrais commander un truc à boire, dit Adamsberg, je t’accompagne. Et manger dès maintenant, je te laisse choisir. On a le temps avant le dernier train.

Matthieu fit un signe à Johan et le colosse blond, d’assez belle allure encore, prit la commande.

— En dépit des circonstances, dit-il en se tournant vers Adamsberg avec un salut, je suis honoré de vous revoir parmi nous, et dans cette auberge.

Adamsberg lui sourit en retour et la raideur professionnelle du géant parut vaciller sous ce sourire.

— Appelez-moi Johan, commissaire, dit le patron avant de s’éloigner.

— Tu lui as plu sur-le-champ, observa Matthieu.

— Et donc tes jacasseuses ?

— Elles ont sonné plusieurs fois, dit Matthieu tout en faisant signe à Johan. Tu penses, l’agression de Josselin contre Joumot, c’était un événement, il y avait beaucoup à commenter. L’une à deux heures et quart, une autre à trois heures moins vingt-cinq, la suivante à trois heures moins dix et la dernière à trois heures. Pas de réponse.

— Combien de temps entre chez la Serpentin et chez Josselin ?

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