Читаем Том 6. Письма 1860-1873 полностью

Sais-tu, ma fille, que tu l’as 'echapp'e belle, en fait d’impressions lugubres — en t’en allant juste la veille du jour o`u devait enfin s’accomplir ta persistante proph'etie*. Que serais-tu devenue, si on t’avait appliqu'e une loi de Pierre le G, qui condamne `a la prison un proph`ete de malheur, jusqu’`a l’accomplissement de sa pr'ediction?

Ma fille ch'erie. Ne soyez pas triste. Voici le printemps qui vient et vous pouvez encore avoir de beaux jours…* Essaye seulement de le vouloir.

Embrasse tendrement Kitty et prie-la de m’'ecrire quelques mots.

Le petit p`ere assommant

Перевод

Моя милая дочь. Я более или менее представлял себе, сколько времени ты в состоянии терпеть того или иного посетителя*: от 8 до 10 минут — крошку братца, от 10 до 15 — крошку отца. — Но сколько ты можешь вынести строк в визите эпистолярном? — вот что хотел бы я знать в данный момент, чтобы не поставить себя в слишком неловкое положение. — Что касается твоих писем, то я люблю их независимо от размера и формы. Я люблю их потому, что они походят на тебя: сколько бы ни заключали они, как ты говоришь, смертельной грусти в душе, на устах у них все-таки смех.

Знаешь ли, дочь моя, что ты счастливо избежала мрачных впечатлений, уехав как раз накануне того дня, когда должно было наконец исполниться твое застарелое пророчество*. Что бы с тобой сталось, если бы еще действовал закон Петра Великого, предписывавший держать предсказателя несчастья в тюрьме до тех пор, пока его предсказание не сбудется?

Милая моя дочь, не грусти. Вот уж и весна наступает, и тебе еще выпадут счастливые дни…* Постарайся только этого захотеть.

Нежно поцелуй Китти и попроси ее написать мне несколько слов.

Несносный крошка отец

<p>Тютчевой Е. Ф., 3 июня 1864<a l:href="#t_tu6417_123"><sup>*</sup></a></p>32. Е. Ф. ТЮТЧЕВОЙ 3 июня 1864 г. Петербург

St-P'etersbourg. Mercredi. 3 juin

J’arrive, ma fille ch'erie, j’arrive — je ne puis encore fixer le jour, mais certainement ce sera dans le courant de la semaine prochaine. D’ici dans 8 jours au plus tard je compte bien ^etre rendu pr`es de vous*. Dis cela `a mon fr`ere qui, assur'ement, ne saurait ^etre plus impatient de me voir `a Moscou que je ne le suis moi-m^eme.

Hier j’ai embarqu'e Monsr Jean pour son tour d’Europe. Il a tr`es heureusement subi ses examens, et vient de passer dans la 3i`eme classe qui correspond aux cours de l’universit'e*. Ce succ`es m’a fait plaisir, surtout en vue de la joie que cela aura fait `a sa m`ere. — J’ai eu hier des nouvelles de Kissingen, et par ricochet aussi de Gen`eve*. Ce qui m’a fait grand plaisir quant `a ces derni`eres, c’est de voir que Daria s’est fix'ee `a quelque chose de d'etermin'e et de tr`es raisonnable. C’est, d’ailleurs, ce que pour mon compte je lui avais toujours conseill'e…

Voil`a donc que l’'echeveau se d'evide peu `a peu. Je jouis par anticipation de la jouissance que vous aurez, ma fille ch'erie, `a vous trouver en Suisse, Interlaken et Lac de Gen`eve*, et j’esp`ere bien qu’il me sera donn'e d’en ^etre le t'emoin. Je tiens infiniment `a revoir et `a recontempler toutes ces belles choses `a travers vos impressions. — Il vient un ^age o`u l’on ne jouit que par ricochet et depuis longtemps j’en suis l`a…

J’attendrai le retour du Prince Gortch pour organiser mon d'epart de telle mani`ere que je puisse au besoin prolonger `a discr'etion mon absence de P'etersb, car apr`es tout il n’est pas impossible que ma femme et Marie se trouvent, m^eme malgr'e elles, dans la n'ecessit'e de passer l’hiver hors du pays. Ce serait, assur'ement, non seulement ce qu’il y aurait de plus agr'eable, mais aussi de plus raisonnable `a faire. — Et alors, si cette chance venait `a se r'ealiser, je ferai tout au monde pour d'ecider mon fr`ere `a se laisser emmener.

Vous aurez appris, je suppose, le malheur qui a frapp'e les pauvres D'elianoff*. — On est toujours 'etonn'e de ces contresens — comme si on 'etait dans le secret du sens v'eritable des choses et des 'ev'enements.

Au revoir donc, `a bient^ot, ma fille ch'erie. Mille tendresses `a grand-maman, qui, j’esp`ere, a cess'e de me chercher en Sib'erie*. Bien des amiti'es aussi `a la tante et au cher Ник<олай> Васильич.

Tout `a toi.

Перевод

С.-Петербург. Среда. 3 июня

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