— Adieu donc, adieu — je ne me porte pas bien: un songe heureux, un songe divin m'a g^at'e la journ'ee… je ne puis ni parler, ni lire, ni 'ecrire — chose 'etrange que les songes! une doublure de la vie, qui souvent est plus agr'eable que la r'ealit'e… car je ne partage pas du tout l'avis de ceux qui disent que la vie n'est qu'un songe; je sens bien fortement sa r'ealit'e, son vide engageant! — je ne pourrai jamais m'en d'etacher assez pour la m'epriser de bon coeur; car ma vie — c'est moi, moi, qui vous parle, — et qui dans un moment peut devenir rien, un nom, c'est `a dire encore rien. — Dieu sait, si apr`es la vie, le moi existera! C'est terrible, quand on pense qu'il peut arriver un jour, o`u je ne pourrai pas dire: moi! — `a cette id'ee l'univers n'est qu'un morceau de boue. —
Adieu; n'oubliez pas de me rappeler au souvenir de votre fr`ere et de vos soeurs — car je ne suppose pas ma cousine
*de retour. —— Dites moi, ch`ere miss Mary, si monsieur mon cousin Evre"inoff
*vous a rendu mes lettres; et comment vous le trouvez, car dans ce cas je vous choisis pour mon thermom`etre.— Adieu —
C'est le genre de question dont peut-^etre vous ne vous doutez pas! —
<См. перевод в примечаниях
*>Лопухиной М. А., около 15 октября 1832
*Je suis extr^emement f^ach'e que ma lettre pour ma cousine soit perdue ainsi que la v^otre pour grand'maman; — ma cousine pense peut-^etre que j'ai fait le paresseux, ou que je mens en disant que j'ai 'ecrit; mais ni l'un ni l'autre ne serait juste de sa part; puisque je l'aime beaucoup, trop pour m'esquiver par un mensonge, et que, `a ce que vous pouvez lui attester, je ne suis pas paresseux `a 'ecrire; je me justifierai peut-^etre avec ce m^eme courrier, et si non, je vous prie de le faire pour moi; apr`es-demain je tiens examen, et suis enterr'e dans les math'ematiques. — Dites lui de m''ecrire quelquefois; ses lettres sont si aimables.
Je ne puis pas m'imaginer encore, quel effet produira sur vous ma grande nouvelle; moi, qui jusqu'`a pr'esent avais v'ecu pour la carri`ere litt'eraire, apr`es avoir tant sacrifi'e pour mon ingrat idole, voil`a que je me fais guerrier; — peut-^etre est-ce le vouloir particulier de la providence! — peut-^etre ce chemin est-il le plus court; et s'il ne me m`ene pas `a mon premier but, peut-^etre me m'enerat-il au dernier de tout le monde. Mourir une balle de plomb dans le coeur, vaut bien une lente agonie de vieillard; — aussi, s'il y a la guerre, je vous jure par dieu d'^etre le premier partout. — Dites je vous en prie, `a Alexis
*que je lui enverrai un cadeau dont il ne se doute pas; il avait il y a longtemps d'esir'e quelque chose de semblable; et je lui envoie la m^eme chose, seulement dix fois mieux; — maintenant je ne lui 'ecris pas, car je n'ai pas le temps; dans quelques jours l'examen; une fois entr'e je vous assomme de lettres, et je vous conjure tous, et toutes, de me riposter; — mademoiselle Sophie *m'a promis de m''ecrire aussit^ot apr`es son arriv'ee; le