Voici venir les temps o`u vibrant sur sa tigeChaque fleur s''evapore ainsi qu'un encensoir;Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir;Valse m'elancolique et langoureux vertige!Chaque fleur s''evapore ainsi qu'un encensoir;Le violon fr'emit comme un coeur qu'on afflige;Valse m'elancolique et langoureux vertige!Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.Le violon fr'emit comme un coeur qu'on afflige,Un coeur tendre, qui hait le n'eant vaste et noir!Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir;Le soleil s'est noy'e dans son sang qui se fige.Un coeur tendre, qui hait le n'eant vaste et noir,Du pass'e lumineux recueille tout vestige!Le soleil s'est noy'e dans son sang qui se fige…Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir!
Il est de forts parfums pour qui toute mati`ereEst poreuse. On dirait qu'ils p'en`etrent le verre.En ouvrant un coffret venu de l'OrientDont la serrure grince et rechigne en criant,Ou dans une maison d'eserte quelque armoirePleine de l'^acre odeur des temps, poudreuse et noire,Parfois on trouve un vieux flacon qui se souvient,D'o`u jaillit toute vive une ^ame qui revient.Mille pensers dormaient, chrysalides fun`ebres,Fr'emissant doucement dans les lourdes t'en`ebres,Qui d'egagent leur aile et prennent leur essor,Teint'es d'azur, glac'es de rose, lam'es d'or.Voil`a le souvenir enivrant qui voltigeDans l'air troubl'e; les yeux se ferment; le VertigeSaisit l'^ame vaincue et la pousse `a deux mainsVers un gouffre obscurci de miasmes humains;Il la terrasse au bord d'un gouffre s'eculaire,O`u, Lazare odorant d'echirant son suaire,Se meut dans son r'eveil le cadavre spectralD'un vieil amour ranci, charmant et s'epulcral.Ainsi, quand je serai perdu dans la m'emoireDes hommes, dans le coin d'une sinistre armoireQuand on m'aura jet'e, vieux flacon d'esol'e,D'ecr'epit, poudreux, sale, abject, visqueux, f^el'e,Je serai ton cercueil, aimable pestilence!Le t'emoin de ta force et de ta virulence,Cher poison pr'epar'e par les anges! LiqueurQui me ronge, ^o la vie et la mort de mon coeur!