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Ce système si simple était la bête noire des ministres. L’empereur n’aurait plus pu voler les communes et c’est là, en France le grand plaisir des souverains[108]. Lorsque la nation ne sera plus dupe des phrases[109], on y viendra, et même le roi ne choisira les préfets et les maires des grandes villes que parmi un certain nombre de candidats nommés par ces grandes villes[110], et les petites nommeront directement leurs maires et pour un an. Jusque-là, point de véritable liberté, et point de véritable école pour les membres du Parlement. Tout ce qu’il y a eu de bon dans nos assemblées législatives avait été administrateur de département nommé par le peuple. Au lieu de faire digérer les affaires par les commis, on les fera digérer par de riches citoyens, payés en vanité, comme les administrateurs des hôpitaux. Mais tout cela contrarie l’administration phrasière et les fortunes de bureau, en un mot: la fatale influence de l’égoïste Paris[111].

Chapitre XLVIII

Des ministres

Le grand malheur de Napoléon est d’avoir eu sur le trône trois des faiblesses de Louis XIV. Il aima jusqu’à l’enfantillage la pompe de la cour; il prit des sots pour ministres et, s’il ne croyait pas les former, comme Louis XIV disait de Chamillard, il crut du moins que quelle que fût l’ineptie des rapports qu’ils lui faisaient, il saurait démêler le vrai jour de l’affaire. Enfin Louis XIV craignit les talents; Napoléon ne les aimait pas. Il partait de ce principe qu’il n’y aurait jamais en France de faction forte que les Jacobins.

On le voit renvoyer Lucien et Carnot, hommes supérieurs qui avaient précisément les parties qui lui manquaient. On le voit aimer ou souffrir Duroc, le prince de Neuchâtel, le duc de Massa, le duc de Feltre, le duc de Bassano, le duc d’Abrantès, Marmont, le comte de Montesquiou, le comte de Cessac, etc., etc., tous gens parfaitement honnêtes et fort estimables sur tous les vivants, mais qu’un public malin s’est toujours obstiné à trouver un peu ineptes.

Quand l’air empesté de la cour eut tout à fait corrompu Napoléon et exalté son amour-propre jusqu’à un état maladif, il renvoya Talleyrand et Fouché et les remplaça par les plus bornés de ses flatteurs (Savary et Bassano).

L’empereur en arriva au point de pouvoir démêler l’affaire la plus compliquée en vingt minutes. On le voyait faire des efforts d’attention incroyables, et impossibles à tout autre homme, pour tâcher de comprendre un rapport prolixe et sans ordre, en un mot fait par un sot qui lui-même ne savait pas l’affaire.

Il disait du comte de C[essac], l’un de ses ministres: «C’est une vieille femme», et il le gardait. «Je ne suis pas un Louis XV moi, disait-il à ses ministres assemblés en conseil au retour d’un de ses voyages, je ne change pas de ministres tous les six mois.» Il partit de là pour leur dire à tous les défauts que le public leur reprochait. Il croyait tout savoir sur tout et n’avoir plus besoin que de secrétaires rédacteurs de ses pensées. Cela peut être juste dans le chef d’une République, où la chose publique profite de l’intelligence du moindre citoyen, mais dans le chef d’un despotisme qui ne souffre l’existence d’aucun corps, d’aucune règle!

Les plus grands succès du duc de Bassano lui arrivaient pour avoir deviné sur une affaire la pensée de l’empereur que celui-ci ne lui avait pas encore communiquée. Tel n’était pas le rôle de Sully auprès de Henri IV, tel ne serait pas le rôle d’un simple honnête homme auprès d’un souverain et surtout d’un souverain dont l’effrayante activité voulait décider par décret même d’une dépense de cinquante francs.

Chapitre XLIX

Suite Des ministres

Depuis deux siècles, un ministre, en France, est un homme qui signe quatre cents dépêches par jour, et qui donne à dîner; c’est une existence absurde.

Sous Napoléon, ces pauvres gens se tuaient de travail, mais d’un travail sans pensée, mais d’un travail nécessairement absurde. Pour être bien reçu de l’empereur, il fallait toujours répondre au problème qu’il agitait au moment où l’on entrait. Par exemple, à combien monte le mobilier de tous mes hôpitaux militaires? Le ministre qui ne répondait pas franchement et en homme qui ne se serait occupé que de cette idée toute la journée, était vilipendé, eût-il eu d’ailleurs les lumières du duc d’Otrante.

Quand Napoléon apprit que Crétet, le meilleur ministre de l’intérieur qu’il ait eu, allait succomber à une maladie mortelle, il dit: «Rien de plus juste; un homme que je fais ministre, ne doit plus pouvoir pisser au bout de quatre ans. C’est un honneur et une fortune éternelle pour sa famille.»

Ces pauvres ministres étaient réellement hébétés par ce régime. L’estimable comte Dejean fut obligé de lui demander grâce un jour. Il calculait les dépenses de la guerre sous la dictée de l’empereur et était tellement ivre de chiffres et de calculs qu’il fut obligé de s’interrompre et de lui dire qu’il ne comprenait plus.

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