[Quatre lignes illisibles.]
[Trois lignes illisibles.]
Verna Zalar traversa à petits pas la galerie principale de la cité de glace. Âgée maintenant de trois cent dix ans, elle jouissait d’une excellente santé grâce aux nanotecs correctrices et aux contacts quotidiens avec les Qvals. Seules la lenteur de ses mouvements et une coordination parfois difficile entre son cerveau et son corps trahissaient son extrême vieillesse. Elle avait si souvent emprunté ce passage qu’elle ne prêtait plus attention aux rosaces dentelées et translucides de la voûte, teintées de pourpre par les rayons rasants de l’A. Elle s’était aussi habituée au froid qui régnait quinze mois sur quinze au péripôle, au point qu’elle ne portait jamais de vêtements dans sa chambre, qu’elle endurait sans la moindre difficulté des températures qui descendaient certains mois d’hiver à moins soixante-dix degrés.
Verna avait passé pour l’occasion une longue robe et des bottines de peau de sospho, un petit mammifère marin qui avait la particularité de s’échouer sur la banquise pour mourir hors de l’eau, son élément habituel. Cette ultime offrande représentait une véritable manne pour le petit groupe rassemblé autour de Lill Andorn. Les sosphos avaient comme seul inconvénient de répandre une suffocante odeur de graisse qui évoquait le quartier des tanneurs de Vrana. Les Kroptes nourrissaient la communauté avec leur chair, prévenaient les gerçures avec leur huile, taillaient des vêtements et des couvertures dans leur peau, fabriquaient des armes et des outils avec leurs os.
Une fillette avait prévenu Verna quelques minutes plus tôt que Lill Andorn souhaitait la rencontrer de toute urgence. Elle se dirigea vers la chambre de la prima, s’arrêta devant la tenture qui remuait doucement au gré des souffles d’air, puis, traversée par une subite envie d’aller jeter un coup d’œil à