Читаем Abzalon полностью

Lorsqu’il reprit conscience, il marchait d’un pas hésitant dans une galerie. Il avait définitivement perdu son caleçon. Il songea instantanément qu’il devait d’urgence se ceindre les reins d’un pan de tissu : un homme incapable de conserver ses vêtements n’avait aucun avenir à Dœq. Il entrevoyait, dans le lointain, une lueur qui soulignait l’arrondi de la voûte. Elle lui permit également de discerner la bouche d’une cavité qui occupait presque toute la largeur du boyau. Il la contourna, collé à la paroi. Une vapeur brûlante l’enveloppa. Il n’eut pas besoin de regarder sous lui pour se rendre compte qu’il passait à proximité d’un puits bouillant.

Le continent Nord était criblé d’excavations de ce type. On en trouvait même dans les rues et sur les places de Vrana. Les uns affirmaient que leur eau venait directement de l’océan bouillant grâce à un système naturel de vases communicants, les autres rétorquaient qu’elle aurait en ce cas été salée. Leurs ébullitions aussi soudaines que spectaculaires rendant toute exploration impossible, les puits garderaient probablement leur mystère pendant des siècles.

Au sortir de la galerie, Abzalon aperçut une silhouette qu’il n’eut aucun mal à identifier : Lœllo. Le Xartien paraissait en excellente santé puisqu’il courait dans sa direction. Les deux hommes refrénèrent chacun leur désir d’étreindre l’autre. La joie de retrouver son compagnon supplanta chez Abzalon toute envie de le tuer, toute gêne également de se présenter nu devant lui. Une lumière vive jaillissait du trou béant découpé par l’effondrement du sol et révélait les entrées de huit galeries, disposées selon une rigueur géométrique qui excluait d’emblée l’hypothèse d’un processus naturel ou d’une activité animale.

Le jour éblouit et surprit Abzalon. Il aurait juré que son séjour dans le labyrinthe souterrain n’avait pas excédé deux ou trois heures.

« J’suis content de te revoir ! » s’exclama Lœllo.

Si la tension de ses traits et la pâleur inhabituelle de son teint soulignaient l’anxiété et le manque de sommeil, l’éclat de ses yeux trahissait un immense soulagement. Ses vêtements, ses bottes, ses cheveux étaient maculés de terre et de sang.

« Ces merdes de rondat de Fonch t’ont pas eu, grand ! reprit Lœllo après avoir jeté un regard appuyé sur le flanc ensanglanté d’Abzalon.

— Si le sol s’était pas ouvert, ces salopards m’auraient pas raté. J’ai réussi à les semer là-dedans. J’ai eu de la chance de pas finir dans un puits bouillant. »

Lœllo esquissa un sourire.

« T’en as tué deux, deux ont eu la tête écrabouillée par les pierres, j’en ai planté deux. Quand il a vu que les choses tournaient mal, Fonch a filé comme un rondat. J’t’ai attendu ici toute la nuit. J’me voyais mal rentrer seul à la cellule. Et puis… j’étais inquiet : j’sentais une présence bizarre sur laquelle j’pouvais pas mettre de nom, quelque chose d’immense et froid comme la mort.

— C’était donc pas un rêve, marmonna Abzalon.

— Qu’est-ce que tu veux dire ?

— Plus tard. Faut retourner tout de suite à la cellule si on veut pas se faire piquer la bouffe.

— Tu vas pas y aller dans cette tenue ? »

Abzalon craignit pendant une seconde que Lœllo ne devine à l’odeur qu’il s’était pissé dessus.

« J’trouverai bien un bout de tissu sur les cadavres des hommes de Fonch. »

Abzalon récupéra sur un cadavre un pantalon un peu trop petit pour lui qu’il agrandit en déchirant les coutures. Ils regagnèrent le quartier des cellules par l’entrelacs de passerelles et de ruelles sans être tout à fait certains de prendre le même chemin qu’à l’aller. Les deks ne s’aventuraient que rarement dans ces recoins du pénitencier, un enchevêtrement métallique et rouillé propice aux traquenards.

« On n’aurait jamais dû mettre les pieds dans ce merdier ! » maugréa Lœllo en gravissant les marches d’un escalier étroit et tournant.

Il avait mal aux yeux à force de surveiller la structure foisonnante des grilles et des tubulures. Fonch avait eu largement le temps de disséminer de nouveaux hommes dans les zones d’ombre. Le Xartien ne détectait aucune présence, mais la fatigue d’une nuit de veille avait peut-être altéré ses perceptions extrasensorielles, « débranché son antenne » comme il le disait lui-même.

« Un mal est parfois pour un bien, lança Abzalon.

— Bizarre, fit Lœllo après quelques secondes de silence.

— Quoi donc ?

— C’que tu viens de dire… »

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