Читаем Avé, Christ полностью

Corvinus a alors fait une courte pause comme pour donner un temps de réflexion à ses auditeurs, puis il a continué :

Jésus ne parlait pas seulement à l'homme qui passe, mais surtout, à l'esprit impérissable. À un certain moment de ses sublimes enseignements, il avertit : « il vaut mieux que tu entres manchot dans la vie, que d'avoir deux mains, et aller dans la géhenne du feu qui ne s'éteint pas »[1]. Le Christ se rapporte au monde comme à une école où nous cherchons notre propre perfectionnement. Chacun de nous vient sur terre avec les problèmes dont il a besoin. L'épreuve est un remède salutaire, la difficulté, une étape vers l'ascension. Nos ancêtres, les druides, enseignaient que nous nous trouvons dans un monde de pérégrinations ou sur le chemin d'expériences réitérées, afin que nous puissions atteindre plus tard, les astres de la lumière divine pour ne faire qu'un avec Dieu, notre Père. Nous créons la souffrance en négligeant les lois universelles et la supportons pour retourner à l'harmonieuse communion avec elles. La justice est parfaite. Nul ne pleure sans raison. La pierre supporte la pression de l'instrument qui la taille afin de briller souveraine. Le fauve est conduit à la prison pour être domestiqué. L'homme combat et souffre pour apprendre à réapprendre, en se perfectionnant de plus en plus. La terre n'est pas le seul théâtre de la vie. Notre Père ne nous a-t-il pas dit lui- même — à celui qui prétend servir — il « existe de nombreuses demeures dans la Maison de Notre Père » ? Le travail est un escalier lumineux qui mène à d'autres sphères où nous nous retrouverons comme des oiseaux qui, après s'être perdus sous les rafales de l'hiver, se regroupent à nouveau au soleil béni du printemps...

En passant sa main dans ses cheveux blancs, le vieil homme a remarqué :

— Ma tête est maculée par la neige du désenchantement... Combien de fois, l'agonie a- t-elle visité mon âme pleine de rêves... Sous mes pieds, la terre glacée demande mon corps épuisé. Mais au fond de mon cœur, l'espoir est un soleil qui m'enflamme révélant dans ses projections resplendissantes le glorieux chemin de l'avenir... Nous sommes éternels, Varrus ! Demain, nous serons réunis, heureux, au foyer de l'éternité sans la douleur de la séparation ou de la mort...

En entendant ces paroles pleines de conviction et de tendresse, le jeune homme patricien apaisa son esprit tourmenté.

Quelques minutes encore passèrent rapidement à évoquer des paroles vivifiantes et se sentant mieux, il s'est décidé à partir.

Un bige léger qu'il avait demandé, attendait à une courte distance.

Quand le galop des chevaux se fut confondu avec le grand silence devant la porte de son foyer, le jeune homme plus tranquille a remarqué que quelques rares étoiles brillaient encore avec pâleur alors que le firmament se teignait de rouge.

Le matin se levait...

Varrus contemplant le beau ciel romain et demandant à Jésus de garder la foi inspirée par les propos du vieux Gaulois chrétien sur la route d'Ostie, pensa avoir trouvé en cette aube d'une surprenante beauté, le symbole du nouveau jour qui marquerait maintenant son destin.

PROMESSE DE CŒUR

Deux jours s'étaient succédés sans changement pour Varrus Quint qui, apathique et mélancolique, écoutait chez lui les plaintes interminables de sa femme, flagellant ses principes du fouet de ses critiques Insidieuses et puissantes.

Malgré les peines qui affligeaient son âme, il ne laissa percevoir aucun signe de désapprobation quant à la conduite de Cintia qui continuait aux côtés de Veturius ses écarts de comportement et ses alliances.

C'est alors qu'il reçut la consigne de partir en direction d'un port d'Achaïe, mais il n'arrivait pas à calmer le désir ardent de rénovation dont il se sentait envahi.

Il s'en fut voir Opilius qui le reçut très cavalièrement en privé. Varrus lui a ainsi exposé ce qu'il désirait. Il ressentait le besoin d'une vie nouvelle. Il prétendait abandonner le trafic maritime et se consacrer à des tâches différentes à Rome.

Néanmoins, il admettait avec dépit les obligations qui le retenaient à son service.

Il devait une si forte somme au chef de l'organisation qu'il ignorait comment il pourrait changer le cours de sa vie.

Veturius, très surpris, voulut masquer les véritables pensées qui lui venaient à l'esprit. Rieur et chaleureux, il s'est approché du visiteur en affirmant, péremptoire, que jamais il ne l'avait considéré comme un employé mais comme un compagnon de travail, et qu'il ne lui devait rien. Il a déclaré comprendre sa lassitude et pensait que son intention de se réintégrer à la vie romaine était justifiée.

C'est rouge de honte que Varrus reçut la rémission de toutes ses dettes. Non seulement Opilius lui faisait cette concession mais il se mettait aussi à sa disposition pour l'aider dans sa nouvelle entreprise.

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