Читаем Avé, Christ полностью

Je suis au courant — lui a dit Eustasius malicieusement —, il s'agit de Rufus, ce vieillard têtu que nous connaissons bien.

Tatien fut appelé pour donner son avis.

Le fils de Cintia était accompagné de sa jeune épouse qui tenait dans ses bras Lucile leur nouveau-née qui dormait.

Une conversation animée et féroce s'ensuivit.

Je suppose — a expliqué le dignitaire arrogant — que nous n'avons pas d'autre alternative. Nous exterminerons la canaille ou nous serons exterminés par elle. J'observe que certains de nos compatriotes, et des plus éminents, craignent d'affronter la menace galiléenne dans notre ville, considérant peut-être leur très grand nombre. Néanmoins, il est indispensable de réagir. Lyon est la métropole morale des Gaules, tout comme Rome est le centre du monde. Qu'en serait-il de nous si nous stimulions ici le favoritisme ? Qu'Artémius Cimbrus protège les fourbes, se valant de son prestige auprès des sénateurs et des hauts magistrats de Rome, est une calamité que nous ne pouvons pas éviter, mais devrions-nous en faire de même avec des employés immondes et voleurs, serait-ce digne de notre noblesse ?

Les personnes présentes ont approuvé ces paroles avec des signes expressifs de soutien.

Les esclaves — a continué Quirinus, convaincant — sont des instruments passifs de travail et un instrument, en soi, ne peut raisonner. Nous en sommes responsables. Prendre des mesures est de notre devoir.

Et peut-être parce que la pause se prolongeait, Hélène a exprimé son opinion avec fermeté :

Je suis tout à fait d'accord. Depuis longtemps, j'observe que la peste nazaréenne a par-dessus tout des effets psychiques délétères. Il semblerait qu'elle défigure le caractère et efface le brio des personnes. Dans le temps, les condamnés à mort dans les cirques combattaient, intrépides, avec les fauves ou avec les gladiateurs, réussissant souvent à recouvrer leur droit de vivre et même la liberté. De nos jours, avec les enseignements de l'homme crucifié, ils ont perdu leur gaillardise. Partout, c'est une honte. L'affrontement du combat a toujours été un beau symbole. Actuellement, cependant, plutôt qu'une lance comme point de mire, nous voyons des bras croisés et entendons des cantiques jusqu'au bout.

Eustasius a poussé un rire strident et a ajouté :

Bien rappelé ! Bien rappelé ! Si la mode prend, nous vivrons à genoux pour que ces vagabonds restent debout.

Le minutieux entretien s'est poursuivi longuement.

Ils ont marqué une date pour essayer de ramener Rufus à la raison.

Puis, ils ont fêté l'événement.

Les esclaves ne seraient pas dispensés de la scène finale.

Eustasius ferait venir un acheteur d'Aquitaine et si l'obstiné ne cédait pas, il vendrait sa femme et ses deux petites filles dès l'instant où il serait procédé à son élimination.

La mesure serait un avertissement pour tout le monde et il était probable qu'il arrête d'autres foyers d'indiscipline.

Ils ont examiné entre eux le type de mort le plus adéquat à la situation au cas où Rufus serait inflexible.

Veturius a fait remarquer qu'une hache entre les mains d'Épipode ne serait pas utilisée en vain, mais Quirinus pervers, a rappelé qu'un employé délinquant traîné par la queue d'une pouliche sauvage, serait toujours un tableau de fête digne d'être vu.

C'est dans une ambiance de lourde expectative que le jour de la purge dans l'exploitation agricole d'Opilius est arrivé.

Une angoisse évidente perçait sur le visage des nombreux travailleurs rassemblés dans le grand patio.

Veturius, Tatien et Galba, suivis de Quirinus et de bien d'autres personnalités ainsi que du marchand d'esclaves, ont pénétré dans l'enceinte, impertinents, dominateurs et libres.

Rufus avait à ses côtés des gardes musclés, il fut amené au centre de la place délimitée par quantité d'hommes, de femmes et d'enfants.

Ce fut alors que Veturius a ordonné qu'une femme et deux fillettes fussent approchées.

Dioclèsie, la femme du prisonnier et ses deux petites Rufilie et Dionie l'ont étreint avec joie et empressement.

Papa ! Papa !...

Les voix aimantes ont résonné, émouvantes, arrachant des pleurs alors que l'esclave avait des larmes qui lui coulaient des yeux comme des gouttes de rosée diamantine glissant sur un masque expressif en bronze.

Épipode, répondant au signe du Maître, a séparé le beau groupe familial et la voix d'Opilius s'est écriée donnant à ses mots le maximum d'énergie :

Rufus ! Le moment décisif est là ! Tu jureras fidélité aux dieux et tu seras sauvé, ou tu suivras l'imposteur galiléen en te condamnant à mort et en provoquant le bannissement définitif des tiens. Choisis ! Il n'y a pas de temps à perdre!...

Ah ! Seigneur — pleurait le serviteur en tombant à genoux —, ne me condamnez pas ! Ayez pitié de moi !... Je suis l'esclave de cette maison depuis que je suis né !...

Le malheureux s'est tu dominé par l'angoisse et sa tête en d'autre temps droite et digne s'est abaissée jusqu'à la poussière que Veturius foulait.

Перейти на страницу:

Похожие книги