Читаем Charles Perrault. Peau-d'Ane полностью

L’infante, ravie de trouver encore un moyen d’'eluder un mariage qu’elle d'etestait, et qui pensait en m^eme temps que son p`ere ne pourrait jamais se r'esoudre `a sacrifier son ^ane, vint le trouver, et lui exposa son d'esir pour la peau de ce bel animal. Quoique le roi f^ut 'etonn'e de cette fantaisie, il ne balanca pas `a la satisfaire. Le pauvre ^ane fut sacrifi'e, et la peau galamment apport'ee `a l’infante, qui, ne voyant plus aucun moyen d’'eluder son malheur, s’allait d'esesp'erer, lorsque sa marraine accourut. « Que faites-vous, ma fille ? dit-elle, voyant la princesse d'echirant ses cheveux et meurtrissant ses belles joues ; voici le moment le plus heureux de votre vie. Enveloppez-vous de cette peau ; sortez de ce palais, et allez tant que terre pourra vous porter : lorsqu’on sacrifie tout `a la vertu, les dieux savent en r'ecompenser. Allez, j’aurai soin que votre toilette vous suive partout ; en quelque lieu que vous vous arr^etiez, votre cassette, o`u seront vos habits et vos bijoux, suivra vos pas sous terre ; et voici ma baguette que je vous donne : en frappant la terre, quand vous aurez besoin de cette cassette, elle para^itra `a vos yeux ; mais h^atez-vous de partir ; et ne tardez pas. »



7. Intitulez ce passage et faites le devoir !

L’infante embrassa mille fois sa marraine, la pria de ne pas l’abandonner, s’affubla de cette vilaine peau, apr`es s’^etre barbouill'ee de suie de chemin'ee, et sortit de ce riche palais sans ^etre reconnue de personne. L’absence de l’infante causa une grande rumeur. Le roi, au d'esespoir, qui avait fait pr'eparer une f^ete magnifique, 'etait inconsolable. Il fit partir plus de cent gendarmes et plus de mille mousquetaires pour aller `a la qu^ete de sa fille ; mais la f'ee, qui la prot'egeait, la rendait invisible aux plus habiles recherches : ainsi il fallut bien s’en consoler.

Pendant ce temps l’infante cheminait. Elle alla bien loin, bien loin, encore plus loin, et cherchait partout une place ; mais quoique par charit'e on lui donn^at `a manger, on la trouvait si crasseuse que personne n’en voulait. Cependant elle entra dans une belle ville, `a la porte de laquelle 'etait une m'etairie, dont la fermi`ere avait besoin d’une souillon pour laver les torchons, nettoyer les dindons et l’auge des cochons. Cette femme, voyant cette voyageuse si malpropre, lui proposa d’entrer chez elle ; ce que l’infante accepta de grand coeur, tant elle 'etait lasse d’avoir tant march'e. On la mit dans un coin recul'e de la cuisine, o`u elle fut, les premiers jours, en butte aux plaisanteries grossi`eres de la valetaille, tant sa peau d’^ane la rendait sale et d'ego^utante. Enfin on s’y accoutuma ; d’ailleurs elle 'etait si soigneuse de remplir ses devoirs que la fermi`ere la prit sous sa protection. Elle conduisait les moutons, les faisait parquer au temps o`u il le fallait ; elle menait les dindons pa^itre avec une telle intelligence, qu’il semblait qu’elle n’e^ut jamais fait autre chose : aussi tout fructifiait sous ses belles mains.



8. Lisez ce passage et imaginez-vous `a la place de la princesse ! Est-ce qu’il y a la diff'erence entre vous et l’infante ? Faites le devoir !

Un jour qu’assise pr`es d’une claire fontaine, o`u elle d'eplorait souvent sa triste condition, elle s’avisa de s’y mirer, l’effroyable peau d’^ane, qui faisait sa coiffure et son habillement, l’'epouvanta. Honteuse de cet ajustement, elle se d'ecrassa le visage et les mains, qui devinrent plus blanches que l’ivoire, et son beau teint reprit sa fra^icheur naturelle. La joie de se trouver si belle lui donna envie de s’y baigner, ce qu’elle ex'ecuta ; mais il lui fallut remettre son indigne peau pour retourner `a la m'etairie. Heureusement le lendemain 'etait un jour de f^ete ; ainsi elle eut le loisir de tirer sa cassette, d’arranger sa toilette, de poudrer ses beaux cheveux, et de mettre sa belle robe couleur du temps. Sa chambre 'etait si petite, que la queue de cette belle robe ne pouvait pas s’'etendre. La belle princesse se mira et s’admira elle-m^eme avec raison, si bien qu’elle r'esolut, pour se d'esennuyer, de mettre tour `a tour ses belles robes, les f^etes et les dimanches ; ce qu’elle ex'ecuta ponctuellement. Elle m^elait des fleurs et des diamants dans ses beaux cheveux, avec un art admirable ; et souvent elle soupirait de n’avoir pour t'emoins de sa beaut'e que ses moutons et ses dindons, qui l’aimaient autant avec son horrible peau d’^ane, dont on lui avait donn'e le nom dans cette ferme.

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