Mai 1968 fut un mouvement de contestation principalement étudiant et parisien dont le point de départ est situé dans la nouvelle université de Nanterre, le 22 mars 1968. Il s’inscrit dans une période forte de prospérité et de transformation de la société occidentale. Il existe cependant un contexte international de la contestation, marqué par la guerre du Viêt-Nam, la lutte contre la ségrégation aux Etats-Unis et les mouvements sur les campus universitaires de Californie. Le mouvement américain touche l’Europe au milieu des années 60, et concerne la génération dite du baby-boom, née après la guerre mondiale. Révolution culturelle davantage que révolution sociale, Mai 68 est un marqueur des transformations de la société française. Malgré des slogans révolutionnaires marxistes, le mouvement français peine à rencontrer le monde ouvrier dans un pays où le Parti communiste pèse encore près de 22% des voix.
Tract du « mouvement du 22 mars » appelant à
la convergence des luttes ouvrières et étudiantes« VOTRE LUTTE EST LA NOTRE !
Nous occupons les facultés, vous occupez les usines. Les uns et les autres, nous battons-nous pour la même chose ?
Il y 10 % de fi
ls d’ouvriers dans l’enseignement supérieur. Est-ce que nous luttons pour qu’il y en ait davantage, pour une réforme démocratique de l’université ? Ce serait mieux, mais ce n’est pas le plus important. Ces fils d’ouvriers deviendront des étudiants comme les autres.Qu’un fi
ls d’ouvrier puisse devenir directeur, ça n’est pas notre programme. Nous voulons supprimer la séparation entre travailleurs et ouvriers dirigeants. Il y a des étudiants qui, à la sortie de l’université, ne trouvent pas d’emploi. Est-ce que nous combattons pour qu’ils en trouvent ? Pour une bonne politique de l’emploi des diplômés ? Ce serait mieux, mais ce n’est pas l’essentiel. Ces diplômés de psychologie ou sociologie deviendront les sélectionneurs, les psychotechniciens, les orientateurs qui essaieront d’aménager vos conditions de travail; les diplômés de mathématiques deviendront les ingénieurs qui mettront au point des machines plus productives et plus insupportables pour vous. Pourquoi nous, étudiants issus de la bourgeoisie, critiquons-nous la société capitaliste ? Pour un fils d’ouvrier, devenir étudiant c’est partir de sa classe. Pour un fils de bourgeois, ça peut être l’occasion de connaître la vraie nature de sa classe, de s’interroger sur la fonction sociale à laquelle on le destine, sur l’organisation de la société, sur la place que vous y occupez. Nous refusons d’être des érudits coupés de la réalité sociale. Nous refusons d’être utilisés au profit de la classe dirigeante. Nous voulons supprimer la séparation entre travail d’exécution et travail de réflexion et d’organisation. Nous voulons construire une société sans classes, le sens de votre lutte est le même.Vous revendiquez le salaire minimum de 1 000 F dans la région parisienne, la retraite à 60 ans, la semaine de 40 heures payée 43.
Ce sont des revendications justes et anciennes. Elles paraissent pourtant sans rapport avec nos objectifs. Mais en fait vous occupez les usines, vous prenez les patrons comme otages, vous faites la grève sans préavis. Ces formes de luttes ont été rendues possibles par de longues actions menées avec persévérance dans les entreprises et aussi grâce au récent combat des étudiants.