Mai 68 a ébranlé le général de Gaulle. Malgré la victoire éclatante de son parti aux élections législatives de juin, le président de la République choisit une fois de plus le referendum pour consulter les électeurs sur son projet de réforme des institutions. Une partie de la droite rejoint la gauche dans le « Non » qui l’emporte. Fidèle à l’esprit qu’il voulait donner à la pratique référendaire, De Gaulle démissionne provoquant ainsi de nouvelles élections présidentielles. Son ancien Premier ministre, Georges Pompidou, est élu contre le président du Sénat, candidat du centre droit. Une lettre dactylographiée est adressée par Maurice Papon, député du Cher, aux militants gaullistes de sa circonscription, éprouvés par la victoire du « non » et inquiets de l’effet produit par la démission du général.
« Assemblée nationale
Paris, le 2 mai 1969
Madame,
Le retrait du général de Gaulle est pour nous tous un chagrin. Mais parce qu’il n’a cessé d’être notre conscience, le général de Gaulle ne cessera d’inspirer notre conduite et nos actions. Cette fi
délité nous dicte le courage dans l’instant même où il nous quitte. A peine avezvous livré le combat d’hier que s’ouvre aujourd’hui un combat nouveau. Le mouvement a décidé unanimement de soutenir la candidature de Georges POMPIDOU. L’unité et la cohésion que nous manifestons en cette grave occasion est un acte d’une profonde signification, face aux jeux politiques qui recommencent et qui étaient prévisibles. Cette comparaison se suffit à elle-même et nous dispense de toute amertume et de tout sentiment de revanche. Bien au contraire et comme au mois de juin dernier, nous devons, en dehors de tout esprit de parti, nous ouvrir à tous ceux quels qu’ils soient, qui répudient le communisme. C’est d’ailleurs dans cette perspective que le candidat que nous soutenons oriente son action et dicte la nôtre pour assurer son élection à la magistrature suprême. L’audience de Georges POMPIDOU est grande dans le pays et sa popularité certaine. Nous nous concertons dès que possible pour arrêter ensemble les modalités de la campagne qui, selon le vœu du candidat lui-même, sera emprunte de sobriété. Au demeurant, si elle doit être conduite sans morgue, elle doit l’être aussi sans complexe: En effet les chiffres du Referendum du 27 avril 1969, pour bien être appréciés, doivent être rapportés notamment aux chiffres du premier tour des élections législatives de 1968. Cette comparaison souligne la stabilité du corps électoral de notre circonscription, en dépit de la vive campagne de « non » qui a été menée de toutes parts. Je dirai même que le département du Cher dans son ensemble a bien résisté au courant qui s’est manifesté à l’occasion de cette consultation référendaire et témoigne que nos efforts n’ont pas été vains. Je vous remercie encore une fois de votre dévouement et particulièrement nos afficheurs qui ont donné beaucoup de leur personne. Je compte sur vous pour demain. A bientôt. En toute confiance.Maurice PAPON »
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les élections législatives de juin – по итогам парламентских выборов, состоявшихся 23 и 30 июня 1968 г., голлистская партия «Union pour la défense de la République» («Союз в защиту республики») получила 294 из 485 мест в парламенте, то есть почти 61%. А с учетом партнеров по большинству этот показатель был еще выше – 367 мест (почти 76%).
le referendum sur le projet de réforme des institutions – референдум состоялся 27 апреля 1969 г. С его помощью предполагалось узнать мнение населения о законопроекте, который насчитывал 68 статей и касался преобразований в сфере административно-территориального деления страны (вместо 95 департаментов предполагалось создать 22 «региона»), а также реформы второй палаты парламента – Сената, который предлагалось лишить законодательных функций и превратить в некий совещательный орган. В бюллетень для голосования был внесен всего один вопрос: «Одобряете ли Вы законопроект, представленный французскому народу Президентом Республики относительно создания регионов и обновления Сената?»