le «Non» – «Нет» на референдуме ответили 12 008 102 французов (52,41% от принявших участие в голосовании, или 40,85% зарегистрированных избирателей), «Да» – 10 901 753 (соответственно 47,58% и 37,09%).
le président du Sénat, candidat du centre droit – председателя Сената Франции Алена Поэра, формально «независимого» кандидата, поддерживали некоторые центристские группировки, которые ранее призывали французов голосовать «Нет» на референдуме 1969 г.
Maurice Papon – Морис Папон (1910–2007), французский политический деятель, член голлистской партии, ее казначей с 1968 по 1971 гг.
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1972. L’affaire de Bruay-en-Artois
En 1972, l’affaire de Bruay-en-Artois a divisé la France. Un notable
– un notaire – est accusé du meurtre d’une fille « d’un ouvrier mineur ». Dans un contexte économique et social tendu, militants « maoïstes » et journalistes s’emparent de l’affaire. Passions sociales, imbroglio juridique, enquête à rebondissement, le crime de Bruay-en-Artois va devenir l’une des plus grandes affaires criminelles de l’après-guerre. Elle révèle aussi les grandes mutations que subit la société française dans ces années 1970 entre prospérité et signes avant-coureurs de la crise.
« Le jeudi 6 avril 1972, à Bruay-en-Artois, une cité minière du Pas-de-Calais, des enfants retrouvent le corps de Brigitte Dewèvre, une jeune fi
lle de 15 ans, fille de mineur. Elle a été étranglée et frappée à la tête avec un objet tranchant. Très vite, les policiers reconstituent l’emploi du temps de la victime. La veille, peu avant 20 heures, elle a quitté son domicile rue de la Comté, pour se rendre chez sa grand-mère. Depuis, elle a disparu entre la rue de la Comté et la rue de Ranchicourt. Les enquêteurs s’intéressent rapidement à Maître Leroy, notaire à Bruay, dont le véhicule, une Peugeot 504 blanche, était garé ce soirlà, à proximité du lieu de la disparition. L’homme a 37 ans, sa corpulence et une calvitie lui donnent la cinquantaine. Il vit chez sa mère dans une localité voisine. Si les policiers concentrent leur attention sur le notaire, c’est que celui-ci ne peut donner des explications convaincantes sur sa présence, le soir du crime, rue de Ranchicourt, à deux pas du terrain vague. En réalité, l’homme, célibataire, a rendu visite à Monique Mayeur, une femme mariée en instance de séparation. Fille d’un grand marchand de meubles de la ville, elle habite une villa que sépare une maigre haie du terrain vague. Par discrétion, Leroy tente d’éluder les questions des policiers, il se contredit. Interrogée, Monique Mayeur donne de la soirée du 5 avril une version qui diffère dans des détails de celle de Pierre Leroy. Bientôt, de témoin il devient suspect. Le juge d’instruction de Béthune, Henri Pascal, qui était de permanence, place le notaire en garde à vue. L’affaire de Bruayen-Artois vient de commencer.Quatre mois durant, ce qui n’est qu’un fait divers tragique, tient quotidiennement la France en haleine. Avec ses nombreux rebondissements, elle devient une des affaires les plus médiatisées du siècle. Ce qui retient l’attention du public, et celle des journalistes, ce n’est pas seulement l’énigme d’un crime sordide, c’est tout un décor et des personnages dans lesquels la société française de l’époque se reconnaît et s’identifi
e. Un notable meurtrier d’une fille de mineur. Il n’en faut pas plus pour trouver, dans un paysage digne de Germinal, le type même du « crime de classe ». Le juge Pascal (…) alimente volontiers la thèse sociale en laissant entendre que Leroy bénéficie de solidarités locales susceptibles de nuire à l’enquête. Très vite la population se divise. D’un côté, il y a ceux que croient Leroy coupable parce que notaire, de l’autre ceux qui évoquent l’acharnement d’un « petit juge » (l’expression naît pour l’occasion) supposé gauchiste. En réalité, le juge Pascal n’est pas un militant, sa cause est celle d’une justice transparente, une instruction faite sur la place publique. C’est un idéaliste. Avec sa faconde méridionale, ce juge d’origine provençale plaît aux journalistes, heureux de trouver un magistrat si bavard, même si sur le fond, il ne dit rien. Pascal est persuadé de la culpabilité de Leroy, les déclarations embarrassées du notaire n’ont pas convaincu, celle de Monique Mayeur non plus.