Au début des années 1980, Victor Daline m’a conseillé d’envoyer à Jacques Godechot les tirés-à-part de mes premiers articles sur le Directoire, ce que j’ai fait. Et ce grand historien répondait sans tarder, à chacun de mes envois, à chacune de mes lettres, en me remerciant, en m’encourageant, ainsi qu’en approuvant ma collaboration possible avec les
Victor Daline estimait profondément et sincèrement Jacques Godechot, avec qui il se trouvait, à son tour, en correspondance: il l’avait vu seulement deux fois, lors de deux visites de son collngue français en URSS, en 1969 et en 1970, quand le doyen de Toulouse y était venu pour participer aux travaux du IVe
Colloque des historiens de l’URSS et de la France à Erevan, et à ceux du XIIIe Congrus international des historiens de Moscou. La sortie de Victor Daline de l’URSS était interdite, car il avait été l’une des victimes de la «terreur stalinienne», ayant passé les meilleures années de sa vie (presque dix-sept ans) dans ees camps staliniens. D’ailleurs, étant l’un des fondateurs de la science historique soviétique, il n’imaginait point l’interpré tation de l’histoire de la Révolution française hors de la méthodologie marxiste. Cependant, quand je répétais en l’occurrence et sans aucune hésitation, que je considérais Jacques Godechot comme l’un de mes ma’ tres, il approuvait ma prise de position.Victor Daline envoyait constamment ses livres et ses articles, ainsi que les livres de ses collègues soviétiques, à Jacques Godechot. Et l’historien français regrettait toujours dans ses ré ponses de ne pas ma’triser la langue russe. Il m’écrivait bien souvent la mme chose, parfois répétant à ce sujet, presque littéralement, les mots d’Albert Mathiez. Par la lecture des résumés français des livres et des articles de ses collègues soviétiques, il demeurait cependant au courant des recherches historiques en URSS.
Certes, les historiens soviétiques ne partageaient pas entièrement les vues de Jacques Godechot, surtout sa théorie de la «révolution atlantique», mais en dépit de cela, ses livres lui ont assuré un vrai succns en ex-URSS. D’ailleurs, la majorité des historiens soviétiques de la Révolution française, dont Anatoli Ado, reconnaissaient que l’approche de Jacques Godechot à l’égard de l’époque révolutionnaire était, dans son ensemble, assez proche de celle des historiens marxistes. C’é tait notamment l’attitude de Victor Daline, qui a présenté les