Sire! Si le vrai sentiment a réellement le pouvoir magique de se faire reconnaître sous quelques dehors qu’il se présente, malgré la distance énorme de Votre Majesté à nous, Votre grand cœur Vous dira que l’Université de Dorpat n’a qu’un sentiment pour Vous, qui n’a dans aucune langue aucune expression assez pure: la flatterie a corrompu toutes les langues. Soyez Vous-même, ô le plus chéri des Monarques! l’interprète de nos cœurs. Mettez Vous à notre place. Imaginez qu’un grand homme ait sacrifié ses soins, ses veilles, son repos pour Vous arracher à l’oppression, pour Vous ouvrir une carrière sublime, celle d’éclairer les peuples. – Ce que Vous sentiriez pour cet Être supérieur, nous le sentons pour Vous; le dévouement sans bornes que Vous auriez pour lui, nous l’avons pour Vous sans réserve.
Sire! Régnez sur nos cœurs.
Au nom des membres de l’Université impériale de Dorpat
Parrot
13. G. F. Parrot à Alexandre IER
[
Sire,
Parmi tant d’heureux que la générosité de V. M. I. a faits en comblant de bienfaits notre Université, il est quelqu’un qui a souffert, notre ci-devant vice-curateur le Mr. d’Ungern-Sternberg, qui avait fait plusieurs sacrifices pour remplir une place qui depuis est devenue inutile par l’acte de fondation1
. L’Université désire unanimement effacer tout sujet de mécontentement ou de chagrin de sa part en lui accordant 1000 Rbl. de pension viagère. Elle peut le faire sans causer un tort notable aux établissements qu’elle doit soutenir. Veuillez, Sire, lui en accorder la permission; outre les raisons que Votre cœur magnanime Vous suggèrera, il en est une qui tient de trop près aux circonstances pour oser la taire à V. M. I.Ayant joui du bonheur ineffable de traiter de l’affaire de notre nouvelle fondation avec Votre personne chérie, Sire, le vulgaire suppose que j’ai abusé de ce bonheur pour agir contre nos curateurs. J’ai fait le contraire; il est dans mes principes de faire mon possible pour dédommager le vice-curateur, n’ayant pu conserver cette place, et je crois y être d’autant plus obligé que nous avons paru depuis longtemps mécontents l’un de l’autre, sûr que V. M. m’honore de trop de confiance, pour supposer quelque connivence entre le Baron d’Ungern et moi. Ayant augmenté le nombre de mes ennemis par les succès que l’Université doit aux grâces particulières de V. M. I., daignez m’accorder la satisfaction qu’il n’en existe aucun qui ait un prétexte fondé, ne fut-ce qu’en apparence, de l’être.
J’avais écrit à cet égard au Ministre de l’instruction publique. Mais comme je ne pouvais lui communiquer ces raisons, pardonnez moi la liberté que j’ai prise de Vous les offrir. Sire! Est-il un genre de confiance que Votre cœur, que Votre esprit, que toute Votre personne n’inspire? O Vous m’avez élevé à une grande hauteur.
Je lui écris une seconde fois, parce ce que le Général Klinger que je croyais déjà nommé au département de notre Université, m’a renvoyé ma lettre, ne pouvant la remettre officiellement, parce qu’il n’est pas encore nommé. Daignez, Sire, le faire nommer, conformément à Votre promesse. Nous aurons doublement besoin de lui, si la personne, à qui nous sommes redevables de notre première constitution et de tant d’esclavage, entre dans la commission des écoles2
.Que le ciel veille sur Vos jours! Qu’il Vous accorde un bonheur égal à celui dont Vous m’avez comblé!
Parrot
14. G. F. Parrot à Alexandre IER
[
Sire!
Je me suis acquitté de la commission, que Vous m’avez donnée2
. Puisse-je m’en être acquitté de manière à prouver à V. M. que j’ai senti tout ce qu’elle contient d’honorable pour moi! Croyez, Sire, que j’en suis touché, que jamais je n’oublierai combien Votre confiance m’élève, et que le souvenir que mon cœur en conserve me donnera la force de remplir tous mes autres devoirs. Recevez, Sire, mes actions de grâces pour ce nouveau bienfait.