Читаем La Bible amusante полностью

Voilà des lascars qui serinent sur tous les tons à leurs ouailles que la Bible est une œuvre essentiellement divine, qu’elle a été écrite sous l’inspiration directe de l’Esprit-Saint, que tout ce qui y est écrit est la vérité même, la vérité la plus parfaite et la plus pure, que c’est le livre vénérable par excellence. Si donc nos tonsurés pensaient ce qu’ils disent, ils devraient, pleins de respect pour la Bible, la faire connaître intégralement aux dévots, ne pas en cacher un seul verset. Car, en matière de croyance religieuse, il faut accepter un livre sacré tel qu’il est; ou, si l’on en élimine tel passage, parce qu’il est en contradiction avec certains points de science théologique que l’on a déclarés articles de foi, le livre tout entier est à rejeter, il n’est plus sacré, mais méprisable; le mensonge d’un fait, en cours d’un chapitre, suffit pour détruire le renom d’inspiration divine de toute l’œuvre.

Or, les curés aussitôt qu’ils viennent de nommer Noé, abordent sans transition l’histoire du déluge et disent succinctement que la corruption des hommes mit Dieu en courroux et le décida à cette noyade générale, à la seule exception d’une famille dont le chef était demeuré un juste.

Ce n’est pas la Bible, cela!… Elle parle d’autre chose; elle dit, en quatre versets, quelle fut la cause première de cette corruption des hommes. Messieurs les curés, vous n’avez pas le droit de passer sous silence cet important épisode de votre Ecriture Sainte. S’il vous embarrasse aujourd’hui, tant pis! l’Esprit-Saint n’avait qu’à ne pas le dicter à l’écrivain du Pentateuque!… Certes, la pilule est amère; mais, saint Jérôme et les Pères de l’Eglise l’ayant avalée autrefois, avalez-la, chers tonsurés, à votre tour.

La pilule, que les théologiens catholiques modernes s’efforcent de recracher sans bruit et dont ils voudraient bien qu’il ne restât aucune trace, se compose des quatre premiers versets du sixième chapitre de la Genèse:

«1. Or, il arriva que, lorsque les hommes eurent commencé à se multiplier sur la terre et qu’ils eurent engendré des filles;

2. Les anges de Dieu (littéralement: les fils de Dieu), voyant que les filles des hommes étaient belles, vinrent, coucher avec toutes celles qui leur avaient le mieux plu.

3. Alors, l’Eternel dit: Mon esprit ne demeurera plus avec les hommes; car, maintenant, ils sont devenus trop charnels. Leur vie, donc, ne dépassera plus six fois vingt ans.

4. C’est en ce temps-là qu’il y avait des géants sur la terre, et cela après que les anges de Dieu se furent accouplés aux filles des hommes et quand celles-ci leur eurent donné des enfants; ces enfants, ainsi nés, sont ces hommes puissants, qui de tout temps ont eu une grande renommée.»

Quoique la Genèse ne nous ait pas raconté l’histoire de la création des anges, voici la seconde fois qu’elle nous parle de ces êtres surnaturels; la première mention est celle du Chérub, placé à la porte de l’Eden. Il est donc utile de dire quelques mots de la croyance aux anges chez les Juifs.

Les chrétiens, en greffant leur culte sur la religion israélite, ont imaginé des articles de foi, dont on ne trouve aucune trace dans la Bible: c’est ainsi qu’a été fabriquée de toutes pièces, longtemps après l’époque assignée à la vie de Jésus-Christ, l’histoire de la révolte de Satan et de sa défaite par l’archange saint Michel.

Or, comme nous examinons la Bible principalement au point de vue de la croyance catholique, c’est ici qu’il nous parait utile de nous occuper de celte addition.

En un temps quelconque, donc, messire Jéhovah se dit qu’il ne suffisait pas, à un Tout-Puissant comme lui, d’avoir créé le ciel et la terre. Puisqu’il peuplait la terre, pourquoi ne peuplerait-il pas aussi le ciel? Il s’était embêté dans le chaos; il s’embêtait de plus belle, tout seul, dans son paradis. Comme avec rien il pouvait fabriquer des masses d’objets et d’êtres animés, il avait créé des anges dont le rôle fut de lui former une agréable compagnie. Après quoi, il s’était payé un beau fauteuil à son chiffre, afin de présider convenablement la céleste assemblée. Et, pour le distraire, les anges chantaient tout le temps; en leur qualité d’êtres surnaturels, ils ne se fatiguent pas.

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