En attendant, il faut voir ce qui arriva aux deux frères bien-aimés, Aristobule et Antigone, fils d’Hyrcan, après la mort d’Hyrcan leur père. Le prêtre Aristobule fait assassiner le prêtre Antigone, son frère, dans le temple, et fait étrangler sa propre mère dans un cachot. C’est de ce même Aristobule, — le premier Macchabée qui prit le titre de roi des Juifs, — que Josèphe dit qu’il était un prince très doux.
A cette époque, la Judée était troublée par les rivalités de Pharisiens ajoutaient à la loi de Moïse la tradition orale, sur laquelle ils admettaient la métempsychose, et sur cette doctrine de la métempsychose ils greffaient encore toutes sortes de croyances; c’est ainsi qu’ils établirent que les esprits malins pouvaient entrer dans les corps des hommes; ils voyaient des possessions de démons dans toutes les maladies inconnues. Ce sont les Pharisiens qui inventèrent les diables et les exorcismes; c’est l’un d’eux qui fabriqua le livre intitulé La Clavicule de Salomon, livre sacré de l’occultisme. On les révérait comme les savants interprètes de la loi; on s’empressait de s’initier à leurs mystères; ils enseignaient ta résurrection et le royaume des cieux. Il y avait une troisième secte, celle des Esséniens, qui vivaient en commun, s’appliquaient au dehors du monde aux vertus pratiques, la tempérance et le travail, et qui s’accommodaient assez bien de diverses croyances perses. Les Macchabées favorisèrent d’abord les Saducéens contre les Pharisiens; mais cela tenait surtout à ce que ces derniers formaient l’école la plus puissante dans l’Etat et cherchaient à entrer dans toutes les affaires.
Aristobule 1er étant mort, son frère Jeannot-Alexandre ressuscite et lui succède; on l’avait sans doute gardé en prison, au lieu de le tuer. Jannée épouse Salomé, c’est-à-dire la veuve d’Aristobule, et lui change son nom en celui d’Alexandra.
C’est dans ce temps surtout que les Ptolémées, rois d’Egypte, et les Séleucides, rois de Syrie, se disputaient la Palestine. Cette querelle, tantôt violente, tantôt ménagée, durait depuis la mort d’Alexandre-le-Grand. Le peuple juif se fortifiait un peu par les désastres de ses maîtres; les prêtres, qui gouvernaient cette petite nation, changeaient de parti chaque année et se vendaient au plus fort. Ce Jannée-Alexandre commença son sacerdoce par l’assassinat de celui de ses frères qui restait encore, et qui ne ressuscita point comme lui. Josèphe ne nous dit point le nom de ce frère, et peu importe ce nom dans le catalogue de tant de crimes. Jannée se soutint dans son gouvernement à la faveur des troubles de l’Asie. Ce gouvernement était la fois sacerdotal, démocratique, aristocratique: une anarchie complète.
Josèphe rapporte qu’un jour le peuple dans le temple jeta des pommes et des citrons à la tête de son grand-prêtre Jannée, deux sectes religieuses, qui devaient bientôt devenir des factions politiques: les Pharisiens, ainsi appelés d’un mot hébreu qui veut dire
Après ce Jannée, si indigne du grand nom d’Alexandre, sa veuve Salomé, dite Alexandra, garda, pendant neuf ans, l’autorité au nom de ses jeunes fils, tout en abandonnant le gouvernement aux Pharisiens et tolérant les violences qu’ils commettaient contre leurs adversaires, les Saducéens. Puis, la mort d’Alexandra laissant une libre carrière aux rivalités politiques et religieuses de ces deux sectes, ce royaume, qui n’avait pas dix lieues d’étendue en tous sens, fut déchiré par la guerre civile, Hyrcan II, l’aîné des fils du grand prêtre Jannée, s’étant mis à la tête des Pharisiens, et Aristobule II, le cadet, étant le chef des Saducéens; et la Judée eut ainsi deux rois, au lieu d’un. Ces deux frères ennemis se livrèrent bataille vers le bourg de Jéricho, non pas avec des armées de trois, de quatre, de cinq et de six cent mille hommes; on n’osait plus alors écrire de telles blagues, et même l’exagérateur Josèphe en aurait eu honte; les armées juives alors étaient de trois à quatre mille soldats. Hyrcan fut battu, et Aristobule II resta le maître.