Sous Démétrius Soter, oncle et successeur d’Antiochus Eupator, Juda Macchabée triomphe encore de l’armée syrienne, commandée par Bacchide, et, à deux reprises, de celle que commandait Nicanor, lequel périt, dans la déroute. Mais une nouvelle expédition dirigée par Bacchide ayant mis les 3,000 hommes de Juda en présence de 22,000 hommes, et Jéhovah n’ayant pas pensé cette fois à envoyer un ange exterminateur au secours de son peuple, les Macchabéens épouvantés se débandent et laissent leur général se faire écraser par l’ennemi. Ainsi finit le célèbre Juda Macchabée. Ses deux frères, Jonathas et Simon, lui succédèrent l’un après l’autre dans ses doubles fonctions de grand-prêtre et de général.
Il convient de remarquer, avec Voltaire, que ces Macchabées étaient de la race de Lévi, et que, simples sacrificateurs dans un petit village nommé Modin, vers la mer Morte, ils obtinrent, par une révolution, la puissance sacerdotale, puis la royale. On ne saurait donc s’empêcher de constater que cet événement confondait toutes ces vaines prophéties que la tribu de Juda avait toujours faites en sa faveur par la bouche de ses prophètes, et démentait cette éternelle suprématie de la maison de David tant prédite et si fausse. Il n’y avait plus personne de la race de David; du moins, aucun livre juif ne signale aucun descendant de ce prince depuis la captivité.
Si les enfants du lévite Mathathias nommés d’abord Macchabées et ensuite Asmonéens, eurent l’encensoir et le sceptre, ce fut pour leur malheur. Leurs petits-fils souillèrent de crimes l’autel et le trône, et n’eurent qu’une politique barbare qui causa la ruine complète de leur patrie. S’ils eurent dans le commencement l’autorité pontificale, ils n’en furent pas moins tributaires des rois de Syrie. Antiochus Eupator composa avec eux, mais ils furent toujours regardés comme sujets. En outre, ces saints héros se massacrèrent entre eux. Simon, le dernier frère de Juda Macchabée, fut assassiné, avec deux de ses fils, par son gendre Ptolémée, gouverneur de Jéricho, qui voulait s’emparer du pouvoir.
Hyrcan, fils de ce grand-prêtre Simon, et grand-prêtre lui-même, tenta de se révolter contre Antiochus Sidétès. Le roi de Syrie l’assiégea dans Jérusalem, et Jéhovah ne le secourut point, puisqu’on dit qu’Hyrcan apaisa le roi avec de l’argent. Mais où le grand-prêtre Hyrcan prit-il cet argent? C’est une difficulté qui arrête à chaque pas tout lecteur raisonnable. D’où pouvaient venir tous ces prétendus trésors qu’on retrouve sans cesse dans ce temple de Jérusalem pillé tant de fois? Josèphe à l’aplomb de dire qu’Hyrcan fit ouvrir le tombeau de David, et qu’il y trouva trois mille talents.
C’est ainsi qu’on a imaginé des trésors dans les sépulcres de Cyrus, de Rustan; d’Alexandre, de Charlemagne; il n’y a pas longtemps, un naïf ministre de la République française, confiant en la baguette divinatoire d’une sorcière fumiste ou folle, espérait en découvrir dans les tombeaux de nos rois, à Saint-Denis. Quoi qu’il en soit, Hyrcan se soumit et obtint sa grâce.
Ce fut cet Hyrcan qui, profitant des troubles de la Syrie, prit enfin Samarie, l’éternelle ennemie de Jérusalem, rebâtie ensuite par Hérode et appelée Sébaste. Les Samaritains se retirèrent à Sichem, qui est la Naplouse de nos jours; ils furent encore plus près de Jérusalem, et la haine des deux fractions du peuple de Dieu en fut plus implacable. Jérusalem, Sichem, Jéricho, Samarie, qui ont fait tant de bruit parmi nous, et qui en ont fait si peu dans l’Orient, furent toujours de petites villes voisines, assez pauvres, dont les habitants allaient chercher fortune au loin, comme les Arméniens, les Parsis, les Banians.
Flavius Josèphe, ivre de chauvinisme, ne manque pas de dire que cet Hyrcan Macchabée fut un conquérant et un prophète, et que Dieu lui parlait souvent face à face. Si l’on en croit Josèphe, une preuve incontestable que cet Hyrcan était prophète, c’est qu’ayant deux fils qu’il aimait, et qui étaient des monstres de perfidie, d’avarice et de cruauté, il leur prédit que, s’ils s’endurcissaient dans leur scélératesse, ils pourraient faire une mauvaise fin. De ces deux sacripants, l’un était Aristobule, l’autre Antigone. Les Juifs avaient déjà la vanité de prendre des noms grecs. Dieu vint voir Hyrcan une nuit et lui montra le portrait d’un autre de ses enfants, qui d’abord ne s’appelait que Jannée, diminutif de Jean (ce qui équivaut à Jeannot), et qui ensuite eut la présomption de s’ajouter le nom d’Alexandre.