Comme tout le reste de l’Ancien Testament, les livres des Macchabées fourmillent de contradictions et de grossières erreurs historiques. Au surplus, les événements y sont relatés avec un tel désordre qu’il est impossible de démêler le vrai du faux, surtout si l’on entreprend de suivre ces récits, chapitre par chapitre. Voltaire a eu la patience de réunir les arguments que les critiques apportent contre l’authenticité et la véracité de ces derniers livres de la Bible; aussi, pour terminer, nous ne pouvons mieux faire que de reproduire le résumé de ses observations:
«1. — On nie d’abord, écrit Voltaire, le supplice des sept frères Macchabées et de leur mère (morts dans les tortures pour avoir refusé de manger de la viande de cochon), parce qu’il n’en est pas fait mention dans le premier livre, qui va bien loin par-delà le règne d’Antiochus Epiphane ou l’Illustre.
Mathathias, père des Macchabées, n’avait que cinq fils qui tous se signalèrent pour la défense de la patrie. L’auteur du second livre, qui raconte le supplice des Macchabées (ch. 7), ne dit point en quelle ville Antiochus ordonna cette exécution barbare; et il l’aurait dit, si elle avait été vraie. D’ailleurs, Antiochus paraît tout-à-fait incapable d’une action si cruelle, si lâche et si inutile. C’était un très grand prince, qui avait été élevé à Rome. Il fut digne de son éducation, valeureux et poli, clément dans la victoire et le plus affable: on ne lui reproche qu’une familiarité outrée, qu’il tenait de la plupart des grands de Rome, dont la coutume était de gagner les suffrages du peuple en s’abaissant jusqu’à lui. Le titre d’Illustre que l’Asie lui donna, et que la postérité lui conserve, est une assez bonne réponse aux injures que les Juifs ont prodiguées à sa mémoire.
Jérusalem était enclavée dans ses vastes états de Syrie.
Les Juifs se révoltèrent contre lui. Ce prince, vainqueur de l’Égypte, revint les punir; et, comme la religion était l’éternel prétexte de toutes les séditions et des cruautés de ce peuple, Antiochus, lassé de sa tolérance, qui les enhardissait, ordonna enfin qu’il n’y aurait plus qu’un seul culte dans ses états, celui des dieux de Syrie. Il priva les rebelles de leur religion et de leur argent, deux choses qui leur étaient également chères. Antiochus n’en avait pas usé ainsi en Egypte, conquise par ses armes; au contraire, il avait rendu ce royaume à son roi avec une générosité qui n’avait d’exemple que dans la grandeur d’âme avec laquelle on dit que Porus fut traité par Alexandre. Si donc il eut plus de sévérité pour les Juifs, c’est qu’ils l’y forcèrent. Les Samaritains lui obéirent; mais Jérusalem le brava, et de là naquit cette guerre sanglante, dans laquelle Juda Macchabée et ses quatre frères firent (au dire de la Bible) de si belles choses avec de très petites armées. Donc, l’histoire du supplice des prétendus sept Macchabées et de leur père n’est qu’un roman.
2. — Le romanesque auteur commence ses mensonges en disant qu’Alexandre partagea ses États à ses généraux de son vivant. Cette erreur, qui n’a pas besoin d’être réfutée, fait juger de la science de l’écrivain.
3. — Presque toutes les particularités rapportées dans le premier livre des Macchabées sont aussi chimériques. Il dit que Juda Macchabéè, lorsqu’il faisait la guerre de caverne en caverne dans un coin de la Judée, voulut être l’allié des Romains (ch. 8):
4. — Il continue, et dit qu’Antiochus-le-Grand, dont Antiochus Épiphane était fils,
5. — L’écrivain des Macchabées ajoute que cet Antiochus-le-Grand
6. — Ensuite, voulant paraître informé du gouvernement de Rome, il dit