«Et Jéhovah fit pousser tout à coup un kikajon, qui monta au-dessus de Jonas et ombragea sa tête; et Jonas se réjouit d’une grande joie, à cause de ce kikajon. Mais le lendemain, dès l’aube, Jéhovah mit un ver dans le kikajon, ce ver mangea toute la sève, et le kikajon sécha. Alors, en se réveillant, Jonas, n’étant plus protégé contre le vent brûlant du désert, se désespéra et se plaignit amèrement, priant Dieu de le faire mourir et disant: La mort m’est meilleure que la vie.
Et Jéhovah parut et dit à Jonas: Comment peux-tu bien t’affliger ainsi pour ce kikajon? Jonas répondit: Oui, Seigneur, j’ai raison de m’affliger ainsi, même jusqu’à la mort. Et Jéhovah lui dit encore: Tu voudrais que le ver eût épargné le kikajon, et pourtant ce n’est pas toi qui l’as planté ni qui l’as fait croître; car il est venu en une nuit, et en une nuit il a péri. Et moi, pourquoi n’épargnerais-je pas Ninive, cette grande ville, dans laquelle il y a plus de cent vingt mille créatures humaines, qui ne savent pas discerner leur main droite de leur main gauche, et outre cela plusieurs bêtes?»
C’est sur ce spirituel mot divin que se termine le livre de Jonas (en quatre chapitres). C’est une pauvre fin, le miracle du kikajon étant bien peu de chose auprès du miracle de la baleine.
Nous voici arrivés aux derniers temps de l’histoire du peuple hébreu, avant Jésus-Christ. L’Ancien Testament a, comme conclusion, les quatre livres des Macchabées.
Les huit premiers versets sont consacrés à noter la victoire d’Alexandre-le-Grand sur Darius III Codoman et à dire que le monarque macédonien, ayant régné sur plusieurs pays, mourut de maladie et partagea son immense royaume entre ses généraux. D’autre part, on sait que, d’après une légende juive (11 Josèphe, ch. 8), le grand-prètre des Juifs, nommé Jaddus, vint au-devant du conquérant, quand il s’approcha de Jérusalem, et lui montra de prétendues prédictions, d’après lesquelles le monde entier devait appartenir à Alexandre. Sensible à cette flatterie, Alexandre aurait épargné Jérusalem.
La Judée fut alors soumise au gouvernement théocratique: la nation vivait dans une sorte d’indépendance, n’étant pas inquiétée par les royaumes voisins et n’ayant pas de roi elle-même. Les prêtres gouvernaient le peuple et l’administraient; l’autel était en même temps le trône. Au fond, c’était absolument comme si les Juifs avaient eu un roi, puisqu’ils payaient au grand-prêtre à la fois la dîme et l’impôt.
On ne sait guère combien de temps dura cet état d’indépendance relative; mais, des livres des Macchabées, dont l’auteur est ignoré, il résulte que les Juifs n’eurent pas à se féliciter de leurs rapports avec les successeurs d’Alexandre. Voici en quels termes amers la Bible mentionne ce changement de situation:
«Alexandre étant mort, ses généraux gardèrent leur royaume, chacun en sa contrée; et ils se couronnèrent après sa mort, et leurs fils après eux, pendant plusieurs années, et les maux furent multipliés sur la terre. D’eux sortit une race très méchante, celle d’Antiochus l’Illustre.» (1 Macchabées 1:9-11)
Avec les Séleucides, dynastie grecque qui régna en Syrie, il est certain, en effet, que les Israélites virent reluire les jours néfastes, quoique l’écrivain sacré s’efforce de relever, par le récit de quelques miracles, le prestige du peuple de Dieu, de nouveau traité en vassal et durement traité.