Avec Esdras et Néhémie, nous arrivons à la libération du peuple de Dieu. Selon la chronologie fantaisiste de la Bible, les Juifs eurent donc un grand adoucissement à leur malheur sous le règne d’Assuérus, père de Darius, — et n’oublions pas que Darius fut fils d’Hystape, seigneur persan, qui ne régna jamais nulle part, — et sous le règne de Darius, qui prit pour premier ministre le juif Daniel, comme Assuérus avait pris le juif Mardochée. Or, la Bible, nous l’avons vu, place le règne de Cyrus après celui de Darius, lorsqu’on consulte le livre du prophète Daniel; mais, dès qu’on ouvre le livre du prophète Esdras, Cyrus est suivi d’Assuérus, puis d’Artaxercès, puis de Darius (Esdras 7:5-7). Ce nouvel ordre de succession n’est pas, plus que l’autre, conforme à l’histoire; quel galimatias! quel gâchis! Par-dessus le marché, Esdras et Néhémie, qui sont les deux prophètes sur lesquels les prêtres s’appuient pour fixer les circonstances du retour à Jérusalem, ne s’accordent même pas entre eux. D’après Esdras, c’est Cyrus qui, dès la première année de son règne, autorisa les enfants d’Israël à rentrer librement en Judée, et déclara dans un édit que Jéhovah lui avait ordonné de faire reconstruire son temple à Jérusalem; les Juits reviennent donc dans leur patrie, sous la conduite de Zorobabel; malheureusement, la construction est interrompue pendant les règnes d’Assuérus et d’Artaxercès, à cause de difficultés soulevées par les divers peuples qui s’étaient établis en leur absence dans leur pays; enfin ces hostilités cessèrent peu après l’avènement de Darius et le temple fut achevé en la sixième année de son règne. D’après Néhémie, ce n’est pas sous Cyrus, mais sous Artaxercès, en la vingtième année de son règne, que les Jujfs furent autorisés à retourner à Jérusalem et à relever la ville de ses ruines, Zorobabel étant à la tête du peuple enfin libéré; les difficultés soulevées par les peuples occupant leur territoire sont surmontées victorieusement par les Juifs qui travaillent avec la truelle d’une main et l’épée de l’autre; enfin, cet auteur sacré parle d’un voyage qu’il fit à Babylone, au moment où s’achevait la reconstruction du temple, en la trente-deuxième année du règne d’Artaxercès (Néhémie 13:6). Or, Esdras atteste dans son livre que Néhémie accompagnait Zorobabel lors du retour en Judée, sous le règne de Cyrus, et prétend qu’il y eut un second rapatriement des Juifs sous Artaxercès, mais en la septième année de son règne, et non en la vingtième, et il affirme que c’est lui, Esdras, qui conduisait cette fois ses compatriotes. Débrouillez donc la vérité au milieu de ces contradictions flagrantes!…
Après les livres d’Esdras, de Néhémie et d’Esther, les prêtres placent dans la Bible un livre de Job, racontant une histoire dont la date n’est indiquée nulle part. Cette histoire peut se résumer ainsi: — Au pays de Huts (?), vivait un homme immensément riche, fidèle serviteur de Dieu. Or, il arriva un jour, dans le royaume éternel où sont les anges, que Dieu dit à Satan, qui était parmi eux: D’où viens-tu, toi? Et Satan répondit à Jéhovah: Je viens de me promener sur la terre, j’y ai couru çà et là. Alors Dieu reprit: S’il en est ainsi, tu as rencontré sans doute mon serviteur Job, qui n’a pas d’égal au monde pour la piété.
Et Satan répliqua: S’il est pieux, c’est parce que tu l’as comblé de biens; mais retire-lui ses richesses, et tu verras quelles malédictions il proférera! Jéhovah ne voulut causer personnellement aucune affliction à son fidèle serviteur; d’autre part, il autorisa Satan à le persécuter autant qu’il lui plairait. Tu peux lui faire tout souffrir, à l’exception de la mort, dit-il à l’ange malicieux.
Messire Satan ne manqua pas d’user de la permission, D’abord, une tribu d’Arabes vole à Job ses 500 paires de bœufs et ses 500 ânesses; la foudre tombe sur ses troupeaux (7,000 brebis) et les anéantit, ainsi que leurs bergers; des cavaliers chaldéens lui prennent ses 3,000 chameaux et passent leurs gardiens au fil de l’épée; enfin, un vent furieux, soufflant du désert, renverse la maison où ses sept fils et ses trois filles étaient en train de boire, et les ensevelit sous les ruines. Job apprend tous ces malheurs coup sur coup; mais, comme il a le caractère bien fait, il se met à genoux et s’écrie: