«Or, il y avait à Suse un juif nommé Mardochée, fils de Jaïr, de la tribu de Benjamin, qui avait été transporté de Jérusalem avec les prisonniers qu’emmena Nabuchodonosor, lorsqu’il captura Jéchonias. Mardochée élevait sa jeune nièce Adassa, orpheline de père et de mère; il la traitait comme sa propre fille, et il l’appela Esther. C’est sous ce nom qu’il la fit entrer au sérail d’Assuérus; car elle était très belle. Esther, suivant la recommandation de son oncle, ne déclara pas qu’elle était juive. Et elle fut de celles qui plurent au roi, dès le premier coup d’œil; c’est pourquoi le roi lui fit faire tout ce qu’il fallait pour la préparer, en attendant que son tour vînt de coucher dans le lit royal. Toute jeune fille destinée à entrer au lit d’Assuérus devait, pendant six mois, se frotter avec de l’huile de myrrhe, et, pendant six autres mois, des plantes aromatiques. Alors, elle était remise entre les mains du roi, après avoir reçu tout ce qu’elle demandait. Elle entrait au palais le soir, et, sur le matin, elle retournait dans le second sérail, sa nouvelle demeure, sous la conduite du prince eunuque Schahagas, gardien des concubines; mais, dès lors, elle ne retournait plus au palais d’Assuérus, à moins que le roi ne désirât encore coucher avec elle et qu’elle fût appelée nommément. Quand le tour d’Esther fut venu, elle ne demanda que ce qu’Hégàï lui conseilla de demander. Ainsi, elle fut définitivement conduite à Assuérus, en son palais royal, dans le dixième mois de la septième année de son règne. Et le roi aima plus Esther que toutes les autres pucelles qu’il avait essayées auparavant; elle gagna ses bonnes grâces et sut être plus agréable que toutes; il mit donc le diadème sur sa tête et la proclama reine à la place de Vasthi.» (2:5-17).
Quelque temps après, Assuérus eut pour premier ministre Aman, fils d’Amadath, de la race d’Agag. Or, Aman, très orgueilleux, voulait que tout le monde s’agenouillât devant lui; seul, Mardochée osa résister à cet ordre. Furieux, le ministre obtint du roi un édit ordonnant le massacre de tous les juifs; malgré tout son esprit subtil, Aman n’avait pas trouvé un autre moyen d’atteindre Mardochée. Mais, tandis qu’on expédiait l’édit de mort à tous les gouvernements des provinces, Mardochée prévint Esther, et celle-ci se rendit auprès du roi, sans attendre d’être appelée; ce qui était très grave. Quiconque s’approchait du roi, sans avoir été demandé, était par ce fait condamné à mort, à moins que le roi ne lui tendît son sceptre d’or en signe de pardon de sa témérité. Esther risqua le coup; Assuérus, étonné, mais aussitôt charmé, tendit son sceptre à l’aimable reine, et lui demanda ce qu’elle désirait, lui offrant même la moitié de son royaume. Esther pria le roi de vouloir bien venir dîner chez elle, en se faisant accompagner d’Aman.